La tenue de l'élection présidentielle à la date retenue du 4 juillet 2019 suscite la polémique. D'une part, le peuple qui la rejette, de l'autre, le pouvoir qui insiste à maintenir sa feuille de route, en dépit des revendications du populaire. La crise politique n'a que trop duré, sans pour autant donner lieu à des perspectives sérieuses et consensuelles permettant une issue favorable dans les plus brefs délais. Le peuple refuse que cette échéance électorale soit chapeautée par les symboles du système (Abdelkader Bensalah et Nourredine Bédoui). Raison pour laquelle, il conteste que les élections se fassent avec les gens qui sont toujours en place. Le pouvoir réel de sa part, refuse la transition. Le chef d'Etat par intérim et le vice-ministre de la Défense, Ahmed Gaid Salah insistent sur le maintien de l'organisation de l'élection du 4 juillet 2019, afin d'éviter «le vide constitutionnel» dans le pays. Nombreux sont ceux qui estiment que le salut de l'Algérie réside dans l'instauration d'une période de transition, tandis que d'autres, avertissent contre les retombées d'une telle démarche sur notamment l'économie du pays. Ameur Rekhila, ancien membre du Conseil constitutionnel, a estimé que toute la classe politique sans exception opte pour la transition, sans pour autant donner un contenu clair de leur approche. «Sortir du cadre constitutionnel et choisir la transition est une aventure. Déjà que les politiciens n'arrivent même pas à s'entendre sur la forme de cette transition. Certains, appellent à l'installation d'une instance présidentielle gérée par cinq personnalités, d'autres militent pour un haut conseil de transition…», a-t-il souligné. Notre interlocuteur a prévenu en outre, contre une transition qui dure dans le temps et qui sort du cadre constitutionnel. «Au meilleur des cas, elle mènera le pays vers le scénario égyptien, c'est-à-dire, vers un régime militaire», a-t-il soutenu, affirmant que «par le rejet de la voie constitutionnelle, certaines parties veulent pousser l'institution militaire à actionner l'article 107 de la constitution, (l'état d'urgence). Pour ensuite, dénoncer un coup d'état militaire». Pour Rekhila, les solutions constitutionnelles existent bel et bien, et ce dans le cadre de l'application des articles 102, 7 et 8 de la Constitution. Pour sa part, Fatiha Benabbou, enseignante du droit constitutionnel à l'Université d'Alger a indiqué que la période de transition ne devrait pas dépasser les trois mois. «Une majeure partie du peuple revendique une période de transition avec des garanties, et non pas des élections. C'est un fait», a-t-elle souligné, avant d'alerter contre les risques probables d'une longue période de transition. «On ne peut pas savoir quand elle prendra fin. Elle peut durer dans le temps, ce qui mènera le pays vers l'illégalité institutionnelle». Selon elle, «il y a des risques d'aller au-delà de trois mois. C'est la boîte de Pandore qu'on ouvre !». selon Benabbou, «Il faut faire preuve de sagesse et que le pouvoir réel puisse avoir la confiance du peuple». Risques sur l'économie du pays De son côté, le député Lamine Osmani relève l'existence d'un paradoxe entre la réalité politique et celle revendicative. «Les dispositions de la Constitution peuvent être une issue, sans pour autant échapper à la souveraineté populaire». Il a souligné qu'une longue période de transition, dépassant les six mois, aura certainement des retombées néfastes sur le pays, notamment sur son économie. «Cette crise politique doit être résolue dans les proches délais. Notre économie est fortement secouée», a-t-il fait savoir. Notre interlocuteur a appelé «les sages» à adhérer à un dialogue serein et consensuel pour sortir de cette crise. «Les sages, des différents partis politiques et de la société civiles doivent s'impliquer. La transition ne doit pas durer», a-t-il renchéri. Le président du Conseil national d'El Adala, Lakhdar Benkhellaf, a estimé qu' «il est impossible d'organiser la présidentielle». C'est la raison pour laquelle selon lui «Al Adala veut une période de transition». «Il est nécessaire d'avoir des mécanismes et des conditions pour garantir la transparence de l'élection présidentielle. Or, à ce jour, il n'y a rien de tout cela», a-t-il soutenu. «Il faudrait donc, passer par une transition de six mois, pour les mettre en place», a estimé Benkhellaf. «Une période nécessaire pour amender, en premier lieu, l'article 194 portant sur la haute instance de surveillance des élections, et l'instauration d'une instance indépendante de gestion des élections». Et d'ajouter : «il faut également amender la loi électorale pour ensuite pouvoir organiser des élections présidentielles.» Néanmoins, on entend dire qu'un consensus est élémentaire pour trouver une issue rapide, bien que ce soit quelque peu complexe.