Le peuple iranien ne cédera pas face aux pressions américaines, aux "sanctions cruelles" et aux "insultes", a assuré mercredi le guide suprême de la Révolution islamique, l'ayatollah Ali Khamenei. Khamenei est la principale cible des nouvelles sanctions américaines dévoilées lundi par Donald Trump, notamment un gel des avoirs à l'étranger, mesures dont le président iranien Hassan Rohani a estimé mardi qu'elles seraient sans effet. "Les responsables les plus vicieux du gouvernement (américain) accusent et insultent l'Iran. Le peuple iranien ne cédera pas et ne capitulera pas devant de telles insultes", a réagi mercredi le guide suprême, cité sur son site internet. Khamenei incarne la plus haute autorité religieuse en Iran. En tant que guide suprême, il occupe la fonction de commandant en chef des armées, nomme les chefs du système judiciaire, approuve la nomination des ministres clés du gouvernement et a le dernier mot sur la politique étrangère et nucléaire de l'Iran. Cité par l'agence de presse Irib, le président Hassan Rohani a jugé mercredi que les Etats-Unis, par leurs sanctions à l'encontre de l'ayatollah, fournissaient la preuve "qu'ils ne comprennent pas les questions religieuses". "Aujourd'hui, je dis aux Américains que la voie qu'ils ont choisie est la mauvaise voie", a-t-il ajouté. Hassan Rohani a également dénoncé l'offre de Donald Trump de dialoguer sans condition préalable avec Téhéran, jugeant qu'elle constitue un "mensonge" puisqu'elle a été suivie de nouvelles sanctions. Ces sanctions, a renchéri le commandant des Gardiens de la Révolution, Hossein Salami, sont "illogiques et insensées" et ne servent à Donald Trump qu'à sauver la face. Le président américain, qui a dénoncé l'an dernier l'accord de 2015 durement négocié par les Occidentaux, la Russie et la Chine pour limiter les activités nucléaires de Téhéran, exige une renégociation totale avec l'Iran, sur son programme nucléaire mais aussi son programme de missiles balistiques et son expansionnisme régional. Il serait dans l'intérêt des Etats-Unis et des pays européens de respecter l'accord sur le nucléaire qu'ils ont signé en 2015, a estimé le président iranien. Le gouverneur de la banque centrale iranienne Abdolnaser Hemmati a affirmé pour sa part que les exportations de pétrole par l'Iran augmentaient "en dépit de la volonté américaine de les réduire à zéro". L'Iran a également annoncé mercredi qu'il allait dépasser à partir de jeudi son plafond d'uranium faiblement enrichi, en réponse au retrait des Etats-Unis de l'Accord de Vienne et à l'incapacité des Européens à contrebalancer le rétablissement des sanctions américaines.
Bolton temporise, Trump menace Les Etats-Unis riposteront avec une "force considérable et destructrice" à toute attaque iranienne, a menacé mardi Donald Trump, peu de temps après les propos apaisants de son conseiller à la Sécurité nationale, John Bolton. Ce dernier assurait que les Etats-Unis étaient toujours disposés à négocier avec l'Iran malgré l'alourdissement des sanctions américaines annoncé la veille, mais un communiqué véhément adressé à la présidence américaine par le président Hassan Rohani s'est attiré une réponse virulente de Donald Trump. "Le communiqué insultant et idiot publié aujourd'hui montre tout simplement qu'ils ne comprennent rien à la réalité. Toute attaque de l'Iran contre n'importe quoi d'américain fera face à une force considérable et destructrice. Dans certains cas, destructrice signifiera anéantissement", a ajouté le président américain sur Twitter. Donald Trump a annoncé lundi un nouveau train de sanctions visant le régime iranien, notamment l'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la Révolution islamique. Téhéran a répondu mardi par la voix du président Hassan Rohani qui a estimé que la Maison blanche avait un comportement "d'attardé mental". John Bolton affirmait plus tôt que la porte de la Maison blanche restait ouverte pour "de véritables négociations en vue d'une élimination complète et vérifiable du programme d'armement nucléaire de l'Iran, de ses systèmes balistiques, de son soutien au terrorisme international et d'autres comportements malveillants à travers le monde. Tout ce que l'Iran a à faire, c'est franchir cette porte ouverte", a déclaré John Bolton au cours d'une visite à Jérusalem. "Soit ils comprendront (...), soit nous renforcerons simplement davantage la campagne de pression. C'est, je pense, la combinaison des sanctions et d'autres pressions qui amènera l'Iran à la table" des négociations, a-t-il ajouté par la suite, s'adressant à la presse après un entretien avec ses homologues russe et israélien. Le nouveau train de sanctions annoncé lundi par Donald Trump vise notamment l'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la Révolution islamique. Pour le ministère iranien des Affaires étrangères, cette décision "ferme définitivement le canal diplomatique".
Rohani dit ne pas vouloir faire la guerre L'Iran présentera le 7 juillet les nouvelles mesures qu'il entend prendre pour s'affranchir de l'accord sur le nucléaire de 2015 dénoncé par les Etats-Unis, a annoncé mardi le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale. Selon Ali Shamkhani, dont les propos sont rapportés par l'agence Fars, les pays européens signataires (France, Allemagne et Royaume-Uni) n'ont pas fait suffisamment d'efforts pour sauver l'accord, qui prévoyait que l'Iran réduises ses capacités nucléaires en échange d'une levée des sanctions économiques. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a prévenu Téhéran qu'il s'agirait là d'une "très grave erreur". "La diplomatie française, allemande et britannique est entièrement mobilisée pour faire comprendre à l'Iran que ce ne serait pas son intérêt", a-t-il dit. Le président iranien Hassan Rohani a déclaré au président français Emmanuel Macron que son pays n'avait pas l'intention de s'engager dans une guerre avec les Etats-Unis, rapporte l'agence de presse Isna. Mais, a-t-il dit, "si les Américains entendent violer à nouveau les eaux et l'espace aérien de l'Iran, les forces armées iraniennes ont le devoir de leur faire face et il y aura un affrontement décisif", a-t-il dit. Le dirigeant iranien a également dit au président français qu'il ne renégocierait pas l'accord de juillet 2015 sur le programme nucléaire de son pays. De son côté, le ministre iranien des Affaires étrangères a accusé John Bolton de comploter en faveur d'une guerre. "J'aimerais savoir pourquoi ceux qui ont démontré qu'ils détestaient la diplomatie sont soudain intéressés par des négociations ?", écrit Mohammad Javad Zarif sur Twitter. Le chef de la diplomatie iranienne a rappelé que John Bolton avait rédigé en 2017 dans le National Review un article prônant une remise en cause du Plan d'action conjoint (JCPOA).
Dissuasion active Outre l'alourdissement des sanctions, Washington a annoncé lundi son intention de former une coalition avec ses alliés pour assurer la sécurité de la navigation dans le golfe arabo-persique. Les pays membres apporteront une contribution matérielle et financière à ce programme baptisé "Sentinelle", a précisé un membre du département d'Etat, moins de deux semaines après l'attaque de deux pétroliers imputée à l'Iran près du détroit d'Ormuz. "Il s'agit de dissuasion active, parce que les Iraniens veulent juste faire ce qui leur chante sans le reconnaître. Nous savons ce qu'ils ont fait", a-t-il ajouté, s'adressant à la presse dans l'avion qui le conduisait aux Emirats arabes unis, où le secrétaire d'Etat Mike Pompeo a rencontré les dirigeants émiratis, après s'être entretenu avec leurs homologues saoudiens. A Djeddah, où il a été reçu par le roi Salman et le prince héritier saoudien Mohamed ben Salman, Mike Pompeo a insisté sur le fait que la liberté de navigation était "primordiale" aux yeux des Etats-Unis.