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Assassinat de Mohamed Boudiaf : Qui cherchera la vérité ?
Publié dans Le Maghreb le 30 - 06 - 2019

On aurait tort de s'imaginer que les Algériens y compris ceux qui n'ont pas connu Mohamed Boudiaf resteront passifs, résignés devant le silence sur la vérité de l'assassinat de cet historique ? C'est que pour tout le monde, après vingt-sept ans de sa disparition, se révèle au grand jour une complicité entre clans du pouvoir de l'époque plus coordonnée, plus agissante, mieux organisée pour se débarrasser d'un homme puissant qui gênait beaucoup de monde y compris les intérêts étrangers en Algérie.

Cette complicité s'avère être effective, puisque les tenants du pouvoir de l'époque ont bâclé l'enquête sur cet assassinat et mis en protection le meurtrier Boumaarafi par ses commanditaires. L'affaire est entendue depuis des années : la fuite en avant est le chemin dont sont capables ceux qui ont commandité cet assassinat. Pour sauver leurs intérêts et privilèges. Apres deux mois de sa présidence du HCE, à travers ses discours ce dernier a affiché sa détermination qu'il est venu pour " assainir " allant jusqu'à déclarer qu'il a trouvé un pays balloté et où les voleurs et les trafiquants constituent une source permanente des plus graves dangers pour l'Algérie. Il s'est particulièrement adressé à la jeunesse pour qu'elle prenne la relève qui d'après lui a été marginalisée. " Il y a un changement qui se fait en Algérie, et je m'adresse en particulier à la jeunesse qui a été marginalisée. Mon but est de faire de cette jeunesse une force qui puisse s'organiser autour des difficultés que traverse le pays, un élément de dialogue ". Il n'a donc pas cessé de faire les procès de la gouvernance de l'Algérie qui se retrouve dans une situation de crise sur le plan politique, économique et social et d'annoncer le changement radical à travers un programme précis.
C'est ma priorité a-t-il dit. " L'Algérie se trouve dans une situation très difficile. C'est ce qui m'a poussé à revenir. Il était de mon devoir d'apporter ma contribution et à ce que le pays s'en sorte le plus rapidement possible ". " Je n'aime pas le pouvoir mais je l'ai accepté dans le but d'accomplir une mission avec le peuple, les éléments conscients pour redémarrer l'Algérie ".
Hélas, cette mission a été stoppée un 29 juin 1992 à Annaba. Lui-même savait que la situation n'est pas au beau fixe, qu'il se trame des choses graves. L'étendue de la catastrophe. Les Algériens dans leurs têtes insouciantes, sont convaincus qu'on a délibérément voulu la mort de ce chef historique, un homme du refus qui a passé plus de 28 ans en exil au Maroc. Le Président du HCE fait un discours dans une grande salle, à Annaba. A un moment, un bruit étrange lui fait tourner les yeux. Quelques secondes plus tard, le corps de Mohamed Boudiaf s'affaisse sur le bureau, tous ceux qui sont dans l'assistance se jettent à terre, se cachent entre les sièges. Les images de ce drame, de ce crime resteront à jamais inscrites dans les mémoires.
Un jeune ayant participé à cette rencontre de la société civile présidée par Mohamed Boudiaf à Annaba déclare : " 27 ans après ce jour tragique, alors que nous sommes devenus des adultes, nous avons eu largement le temps de saisir la portée de cette assassinat. Nous avons aussi eu le temps de comprendre à quel point cet homme tué était l'homme providentiel qui nous a été arraché ". ; Boudiaf parlait juste. Boudiaf croyait en ce peuple et dans sa jeunesse. Boudiaf comptait changer les choses dans cette Algérie du débat des années 9O qui était au bord du gouffre. On l'a tué. L'Algérie a sombré. " Nous étions jeunes, mais ces images de son assassinat nous ont forcé à grandir trop vite. 27 ans ont passé. Mais ces images restent gravées dans nos têtes. Elles sont nettes et ont toujours ce même effet, comme une main qui saisit nos entrailles ; toutes ces larmes et tous ces cris de douleurs le jour de son enterrement.
Cette masse immense qui a surgi de partout pour suivre le cortège funéraire. C'était l'homme de la providence. " On nous l'a arraché. Car dans nos cœurs, dans nos têtes aujourd'hui, il reste vivant, triomphant. Il reste celui qui a cru en ce peuple, en nous qui étions l'avenir. Reste à savoir si nous avons été fidèles à sa pensée ? Si aujourd'hui, nous sommes à la hauteur de ses attentes ? C'est peut-être à cela qu'il faut penser en cette journée, 27 ans après cet assassinat de ce chef historique. Qu'avons-nous fait de cette Algérie qu'il souhaitait grande et résolue ? ".


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