Le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais ont conclu un accord pour la coordination des fronts anti-israéliens. La presse israélienne, informée par des sources, a été la première à annoncer cette entente, confirmée ensuite par l'armée iranienne. L'armée israélienne (Tsahal) craint que si les acteurs de la nouvelle alliance entre le Hamas et le Hezbollah lançaient simultanément des opérations au Nord et au Sud du pays, elle n'aurait pas suffisamment de ressources pour contre-attaquer, écrit le quotidien Nezavissimaïa gazeta. L'entente entre le Hamas et le Hezbollah implique qu'en cas d'aggravation d'un conflit armé sur l'un des fronts d'Israël, les activités militaires commenceraient de manière synchronisée sur l'autre front. Le groupe palestinien, implanté au Sud de l'État hébreu, ne cherche manifestement plus à trouver un accord de paix. Le pacte entre les deux organisations a été confirmé par des militaires iraniens. Ainsi, le général de brigade Mehdi Rabbani, chef adjoint de l'état-major des forces iraniennes, a déclaré que "l'axe chiite" avait atteint les frontières d'Israël. "Aujourd'hui, le Hezbollah et le Hamas ont acquis un immense pouvoir et n'ont plus besoin d'aide: tout se trouve à [notre] portée", a ajouté le général qui s'exprimait à Shahriar, près de Téhéran. Selon lui, le potentiel militaire de la république islamique grandit de jour en jour, et "personne ne peut gagner une guerre terrestre contre l'Iran". Le commandement de Tsahal, qui considère actuellement la situation dans la bande de Gaza parmi les menaces prioritaires, s'inquiète qu'en cas de guerre au Nord et au Sud la défense antimissile de l'État hébreu soit incapable de parer toutes les attaques. Le journal israélien Haaretz cite un haut représentant militaire israélien, qui affirme qu'actuellement les groupes palestiniens veulent forcer l'État hébreu à déployer ses forces et systèmes ABM au Sud pour détourner l'attention de la frontière Nord où opèrent des cellules syriennes du Hezbollah. Les Israéliens soupçonnent que l'Iran a pu s'adresser directement au Hamas avec une telle requête. Les craintes israéliennes découlent de la visite d'une délégation du bureau politique du Hamas à Téhéran pendant la seconde moitié du mois de juillet. Les délégués, sous la direction du chef adjoint du bureau politique du Hamas Saleh al-Arouri, ont rencontré le dirigeant iranien Ali Khamenei et le commandant de l'unité al-Qods du Corps des gardiens de la révolution islamique Qassem Soleimani. "Nous nous trouvons sur la même voie que la république islamique: celle du combat contre l'entité sioniste", a déclaré Saleh al-Arouri dont les propos ont été relayés par l'agence iranienne Fars. Ce dernier s'est rendu en Iran au moins cinq fois depuis deux ans. La presse israélienne a rapporté que le gouvernement iranien avait officiellement accepté d'augmenter le financement des fractions palestiniennes en échange de renseignements sur les missiles israéliens. Cela signifie une hausse significative du soutien iranien aux Palestiniens. Un article du site Ynet publié en août 2018, se référant à des sources palestiniennes, indique que le financement de l'administration du Hamas par l'Iran s'élevait à l'époque à 70 millions de dollars par an (moins de 6 millions de dollars par mois). A présent, à en croire les Israéliens, les groupes palestiniens recevront jusqu'à 30 millions de dollars par mois. "Les relations entre le Hamas et le Hezbollah à l'heure actuelle, tout comme avant le Printemps arabe, se développent sur une base mutuellement bénéfique. Le premier rôle dans ces relations est joué par le Hezbollah grâce à sa branche militaire plus développée. Étant donné qu'aujourd'hui le conflit syrien jour un rôle particulier dans la stratégie régionale aussi bien de l'Iran que de l'organisation libanaise, qu'il est de plus en plus difficile de qualifier de "satellite" de Téhéran, il devient également un élément important dans la normalisation des relations du Hamas avec Damas et le rapprochement avec le Hezbollah. Sachant que le rétablissement des relations du Hamas avec le gouvernement syrien est une démarche parfaitement logique", a déclaré Anton Mardassov, expert du Conseil russe des affaires internationales. D'après l'analyste, l'Iran souhaite renforcer son "axe de résistance" anti-israélien, et le Hamas convient tout à fait pour cela. Il ne faut donc pas s'étonner de la normalisation des relations entre les groupes palestinien et libanais, conclut Anton Mardassov.