L'Opep n'est pas très optimiste pour le marché pétrolier pour ce qui reste de l'année en cours, en raison d'un ralentissement de la croissance mondiale, et met en avant, dans son rapport mensuel publié vendredi, les défis qui l'attendent en 2020, semblant ainsi plaider pour le maintien de l'accord d'encadrement de la production. Ce dernier a été reconduit en juillet jusqu'en mars 2020 pour éviter une accumulation des stocks préjudiciable aux prix. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) réduit en outre sa prévision de croissance de la demande pétrolière de 40.000 barils par jour (bpj) pour cette année et laisse entendre que le marché pourrait être légèrement excédentaire en 2020. "Tandis que les perspectives des fondamentaux du marché semblent quelque peu baissières pour le restant de l'année, compte tenu d'une croissance économique qui fléchit, des problèmes commerciaux du moment et du ralentissement de la croissance de la demande pétrolière, il demeure primordial de surveiller de près l'équilibre de l'offre et de la demande et d'assurer la stabilité du marché dans les mois qui viennent", écrit l'Opep. La politique de l'Opep qui consiste à soutenir les cours en réduisant la production stimule par contrecoup la production de schistes par les Etats-Unis et la production de pays concurrents et son rapport laisse penser que le monde aura moins besoin des bruts de l'organisation l'an prochain. La demande de ses bruts sera de 29,41 millions de bpj en moyenne en 2020, soit 1,3 million de bpj de moins qu'en 2019, note l'Opep. Cela étant, la prévision de 2020 a été relevée de 140.000 bpj par rapport à celle donnée le mois dernier. L'Opep ajoute que sa production a diminué de 246.000 bpj en juillet, à 29,61 millions de bpj, l'Arabie saoudite ayant réduit ses propres extractions au-delà de son quota. L'année 2020 dégagerait un excédent de l'offre de 200.000 bpj si l'Opep continuait de produire au rythme de juillet, toutes choses égales par ailleurs.
Le prix toujours miné par l'inquiétude économique La croissance mondiale connaît sa plus faible progression en 2018, et pèse sur la demande globale de pétrole. Les prix du pétrole baissent ce jeudi en cours d'échanges européens, toujours sous l'effet des craintes sur l'économie mondiale, renforcées par les données économiques chinoises et les stocks américains. Vers 09H00 GMT (11H00 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre valait 58,73 dollars à Londres, en baisse de 1,26% par rapport à la clôture de mardi.À New York, le baril américain de WTI pour livraison en septembre s'échangeait à 54,75 dollars, 0,87% de moins que la veille.
En cause, les craintes d'une récession "En ce qui concerne le pétrole, les craintes concernant la croissance mondiale ont été exacerbée par le recul de la production industrielle chinoise", a expliqué Neil Wilson, analyste chez Markets.com. La croissance mondiale a fortement ralenti le mois dernier, connaissant sa plus faible progression en 17 ans, selon des chiffres publiés mercredi par le Bureau national des statistiques (BNS). Le ralentissement de l'industrie chinoise pèse sur la demande mondiale de pétrole. "Avec cela en toile de fond, le pétrole s'est pris un autre coup mercredi après l'annonce par l'Agence américaine d'information sur l'Énergie (EIA) d'une hausse des stocks de brut américains", ont relevé les analystes de JBC Energy. Selon les chiffres publiés par l'agence, les stocks de brut aux États-Unis ont augmenté de 1,6 million de barils lors de la semaine achevée le 9 août. Une hausse des stocks implique une offre plus abondante d'or noir, de nature à faire baisser les cours. De plus, le taux d'intérêt sur la dette américaine à dix ans est passé temporairement mercredi sous celui des bons à deux ans, pour la première fois depuis 2007. Ce phénomène, connu sous le nom d'"inversion de la courbe des taux", reflète la différence de rendement accordé par l'État américain aux investisseurs misant sur sa dette à court ou à long terme. Particulièrement redouté des marchés financiers, il est généralement l'indicateur avancé d'une récession, ce qui a pénalisé mercredi l'ensemble des marchés financiers.