L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a revu en légère hausse sa prévision de demande pétrolière mondiale en 2010 tout en soulignant que les fondamentaux du marché pourraient rester faibles pendant six mois encore. Le cartel anticipe désormais une augmentation de 800.000 barils par jour (bpj) de la demande l'an prochain, soit 70.000 de plus que dans son estimation précédente. La demande mondiale atteindrait ainsi 85,1 millions de bpj en 2010 selon l'Opep, un chiffre nettement inférieur à celui retenu par l'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui a tablé vendredi dernier sur une demande de 86,3 millions de bpj en 2010. "Un examen plus approfondi de l'équilibre entre l'offre et la demande indique que les fondamentaux vont rester faibles au premier semestre de l'année avant de s'améliorer au second semestre, ce que reflètera la demande pour le brut de l'Opep", explique le rapport mensuel du cartel. L'Opep anticipe une hausse de 30.000 bpj seulement de la demande pour son pétrole en 2010, à 28,6 millions de bpj, du fait d'une augmentation de la production des pays extérieurs au cartel. L'offre de ces pays hors Opep devrait augmenter de 310.000 bpj en 2010, après une croissance de 500.000 bpj cette année, la majeure partie de la croissance étant à inscrire au crédit de la Russie et d'autres pays de l'ex-Union soviétique. Néanmoins et d'après des calculs de Reuters, le taux de conformité de l'Opep aux objectifs de production du groupe a diminué à 58% en novembre, contre 60% en octobre et la production du cartel, hors Irak, dépasse actuellement de 1,77 millions de bpj l'objectif de production de 24,84 millions de bpj. L'Opep a indiqué que la demande de pétrole avait commencé à remonter au quatrième trimestre à mesure que les plus importantes économies de la planète sortaient de la récession. "La demande mondiale de pétrole devrait passer du négatif au positif pour la première fois depuis le milieu de l'année dernière. En conséquence, la demande mondiale de pétrole devrait avoir diminué de 1,4 million de bpj en 2009, à 84,3 millions de bpj en moyenne, ce qui est globalement inchangé par rapport à l'estimation du mois dernier", ajoute le rapport. Pour ce qui est de la situation du marché, il faut noter que le cours du pétrole ne parvenait pas à dégager de tendance claire hier. Vers 12 heures 30, le baril WTI américain livrable en janvier prochain restait parfaitement étale (- 0,01%) à 69,52 dollars, quand le Brent de Mer du Nord cédait 0,15% à 71,80 dollars. La fourchette des 75-80 dollars dans laquelle les deux pétroles se traitaient il y a encore dix jours s'éloigne un peu plus. Après neuf séances consécutives de baisse, et une incursion lundi jusqu'à 68,59 dollars, le marché pétrolier marquait une pause, malgré à un indicateur un peu négatif en zone euro. Le baromètre Zew, qui mesure les attentes des milieux financiers à l'égard de l'économie, a encore reculé en décembre (à 50,4 points contre 51,1 points en novembre), mais moins qu'anticipé. Les cours restaient néanmoins sous la barre des 70 dollars à New York, en raison des inquiétudes persistantes sur la demande mais aussi d'un regain de craintes sur l'état de l'économie mondiale. Les marchés s'inquiètent notamment de la pérennité de la reprise, lorsque les vastes plans de relance gouvernementaux auront cessé d'agir, et de l'état des finances de certains pays, comme la Grèce. "Quand (les) craintes macroéconomiques se marient à une situation déprimée d'offre et de demande, on comprend que les prix du baril new-yorkais aient perdu en gros 10% au cours des derniers jours", résument les analystes du cabinet londonien Central for Global Energy Studies (CGES). La faiblesse persistante de la demande de produits pétroliers aux Etats-Unis, en dépit des signaux et des anticipations de reprise économique, pèse également sur les cours. A ce propos, les stocks pétroliers que l'Energy Information Agency (EIA) publiera demain sont attendus par le consensus en baisse de 2 millions de barils. Ils avaient reculé de près de 4 millions d'unités la semaine précédente, mais ceux de distillats (essence, fuel domestique et diesel), qui reflètent la demande finale des consommateurs et industriels, étaient de nouveau en hausse. "Il est peu probable qu'on voit les prix chuter plus fortement d'ici le jour de l'An, mais les perspectives de demande pour l'année prochaine sont de plus en plus troublantes", jugent-ils. L'état de la consommation reste particulièrement préoccupant aux Etats-Unis, où elle s'affiche toujours en baisse sur un an malgré une base de comparaison faible. L'état de l'offre et de la demande pétrolière devrait être évalué hier à 11H50 GMT par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), dans son rapport mensuel. L'anticipation d'un maintien des niveaux de production de l'organisation, couplée à une hausse de facto de son offre, est aussi l'un des facteurs de faiblesse du marché. Le marché pétrolier américain souffre, en plus, du niveau élevé des réserves en Amérique du nord, cette crainte ayant fortement creusé l'écart avec les prix de Londres. Dans ce contexte, le rapport hebdomadaire du département américain de l'Energie (DoE) pourrait fortement influencer l'évolution du marché. Selon les analystes interrogés par Dow Jones Newswires, les stocks de brut auraient reculé de 2,1 millions de barils la semaine dernière. Ils s'attendent également à une baisse des stocks de distillats (diesel et fioul de chauffage), de 900'000 barils. En revanche, une progression des stocks d'essence, de 1,1 million de barils, est attendue. Les opérateurs suivront également avec attention le communiqué de la Réserve fédérale américaine attendu aujourd'hui, à l'issue de sa dernière réunion de politique monétaire de l'année. Si le communiqué donnait des premiers indices pouvant alimenter le scénario d'un relèvement des taux américains, le dollar pourrait en être renforcé, ce qui risquerait de faire pression sur les cours pétroliers. S.G.