L'Agence internationale de l'énergie (AIE) met en exergue le respect de l'accord de réduction de la production appliqué depuis début janvier par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Dans son rapport mensuel publié hier, l'AIE, bras économique de l'OCDE, estime que «l'Opep a pris un bon départ dans sa stratégie, réduisant la production de 930 000 barils par jour, au plus bas niveau depuis presque quatre ans». Pour l'AIE, l'Opep menée par l'Arabie saoudite «est en bonne voie pour maintenir l'équilibre des marchés cette année, même si la demande de son pétrole brut sera plus faible que prévu», indique le rapport. L'OPEP a pompé environ 30,8 millions de barils par jour en janvier, juste au-dessus des 30,7 millions requis en moyenne en 2019. En outre, selon l'AIE, les estimations concernant la quantité de pétrole brut nécessaire provenant de l'OPEP ont été réduites de 300 000 barils par jour par rapport à l'évaluation du mois dernier, en raison de l'augmentation des approvisionnements de ses rivaux, tirée par le boom américain du schiste. Pour sa part, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) souligne dans son rapport mensuel publié mardi, que sa production de brut a reculé de près de 800 000 barils par jour (bpj) en janvier à 30,81 millions de bpj. Cela reste un peu plus élevé que sa prévision de demande pour son pétrole en 2019, qu'elle a revue à la baisse. La baisse de production la plus forte, de 350 000 bpj, a été le fait de l'Arabie Saoudite. Dans son rapport, l'OPEP réduit de 0,2 point sa prévision de croissance mondiale pour cette année, à 3,3%, et énumère plusieurs vents contraires pour le marché pétrolier, y compris un ralentissement du commerce mondial. «Certaines évolutions positives récentes pourraient soutenir l'économie mondiale à son niveau actuel, y compris le redressement des cours du pétrole, des progrès possibles dans les négociations commerciales Etats-Unis – Chine et un resserrement monétaire moins ambitieux de la part de la Réserve fédérale américaine (…) Néanmoins, cela ne porterait pas la croissance mondiale au-delà de la prévision (de 3,3%)», ajoute l'OPEP. Signe d'une offre toujours excédentaire, le rapport de l'OPEP note que les stocks de brut dans les économies avancées se situaient, en décembre, au-dessus de leur moyenne sur cinq ans. Avec la baisse de ses pompages en janvier, l'OPEP respecte à 86% ses nouveaux quotas selon les calculs de Reuters, soit un taux de conformité élevé au regard des précédentes estimations. Ce taux pourrait encore augmenter dans les prochains mois, dans la mesure où l'Arabie Saoudite, principal exportateur de l'OPEP, réduira sa production plus que nécessaire. Riyad compte produire autour de 9,8 millions de bpj en mars, soit plus de 500 000 barils de moins que son quota convenu dans l'accord OPEP, a déclaré au Financial Times le ministre de l'Energie, Khalid Al Falih. L'OPEP estime que la demande de ses bruts sera de 30,59 millions de bpj en moyenne cette année, soit 240 000 de moins qu'anticipé le mois dernier. L'Organisation réduit en outre sa prévision de croissance de la demande mondiale à 1,24 million de bpj contre 1,29 million dans sa précédente projection et 1,47 million en 2018, à l'appui du ralentissement des grandes puissances économiques. Elle relève en revanche la prévision de croissance de l'offre hors OPEP de 80 000 bpj à 2,18 millions de bpj. Pour sa part, l'AIE estime dans son rapport mensuel que la crise politique au Venezuela risque de perturber les marchés mondiaux du brut, le type de pétrole pompé par le membre de l'OPEP devenant de plus en plus rare. La production vénézuélienne est au plus bas depuis des décennies, alors que la crise économique monte en flèche et pèse sur les infrastructures pétrolières. Pour l'AIE, qui conseille les grandes économies en matière de politique énergétique, «la qualité du pétrole brut est un autre problème et, dans le contexte plus large de l'offre du début de 2019, elle est encore plus importante». Les marchés fonctionnent grâce à une offre abondante accumulée l'année dernière, a déclaré l'AIE, «mais une pénurie de brut fortement corrosif peut entraîner des complications pour de nombreux raffineurs». L'AIE a maintenu les prévisions de la demande mondiale de pétrole inchangées, malgré les signes de ralentissement de la croissance économique, la consommation restant soutenue par la baisse des prix du brut et le démarrage de projets pétrochimiques en Chine et aux Etats-Unis.