Cherchant à entraver le développement de l'industrie nucléaire chinoise, Washington a ajouté China General Nuclear (CGN) et les trois filiales de ce groupe à sa "liste noire". Deux analystes -un Chinois et un Russe- ont commenté pour Sputnik la portée de cette nouvelle démarche protectionniste des États-Unis. Mercredi 14 août, le Bureau de l'industrie et de la sécurité affilié au Département du commerce des États-Unis a ajouté le groupe China General Nuclear (CGN) et ses filiales China General Nuclear Power, China Nuclear Power Technology Research Institute et Suzhou Nuclear Power Research Institute à sa "liste noire" des entités qui ne pourront plus bénéficier des exportations américaines. En recourant à ces sanctions, les États-Unis s'ingèrent politiquement dans la concurrence et s'appliquent à empêcher la Chine de faire des affaires sur le marché mondial des matériaux et des technologies nucléaires, a déclaré à Sputnik Gong Hongliang, spécialiste des relations internationales à l'Université de Nankin. "Il se peut que les États-Unis se proposent d'empêcher les groupes chinois de traiter avec d'autres pays dans le secteur nucléaire et recourent pour cela à des sanctions politiques", a avancé l'universitaire. Et d'ajouter qu'un tel comportement s'inscrivait bien dans leur "juridiction au bras long". "Dans les années qui viennent, on peut bien s'attendre à ce que la Chine devienne l'un des acteurs les plus actifs et les plus compétitifs dans la construction de centrales nucléaires sur le marché mondial", a relevé pour sa part un autre interlocuteur de Sputnik, le directeur du Centre russe d'énergétique et de sécurité, Anton Khlopkov. D'après ce dernier, cette démarche américaine relève d'une concurrence déloyale et est préjudiciable à tous. Les entreprises qui figurent sur cette "liste noire" doivent obtenir une licence spéciale du gouvernement américain pour pouvoir importer des matériaux et des technologies depuis les États-Unis. En pratique, ces approbations ne sont accordées que très rarement. Argumentant sur l'ajout de CGN -l'un des principaux constructeurs de réacteurs appartenant à la Chine- à la "liste noire" des entités auxquelles il est interdit de traiter avec des entreprises américaines, Washington a affirmé que ce groupe chinois avait pris part à des activités contraires aux intérêts des États-Unis en matière de sécurité nationale et de politique étrangère. D'après plusieurs spécialistes, cette mesure n'entravera pas les efforts de la Chine pour devenir un poids-lourd dans l'énergie de pointe et n'affectera pas sa transformation actuelle en une puissance nucléaire. Alors que les États-Unis tentent de freiner le secteur en rapide croissance du nucléaire chinois, de nombreux autres pays sont ravis de faire des affaires avec la Chine, étant donné l'importance de ses investissements dans ce secteur et son marché colossal.