Avec des disparités de plus en plus énormes et des déséquilibres criards dans les équilibres régionaux, à travers les quatre coins de la planète, la mondialisation, décidément, déchante plus qu'elle ne suscite de l'enthousiasme, que ce soit au sein des groupements économiques, au sein des Etats ou dans les rangs des masses populaires. Ce tableau, loin de jouer en faveur du nouvel ordre économique mondial, basé sur les libéralisations tous azimuts, a été longuement décortiqué, hier, lors d'une conférence-débat organisée à l'initiative de l'Insim de Tizi Ouzou (Institut international supérieur de management) et animée par les professeurs Rachid Boudjemaâ et Nacer Bouyahiaoui. D'emblée c'est le net déphasage entre le concept de la mondialisation elle-même et la réalité du terrain, que ce soit en Algérie ou dans d'autres pays, que le professeur Rachid Boudjemaâ a mis en exergue. De ce fait, à travers des illustrations non moins pertinentes, le conférencier a abouti à la conclusion que, finalement, le monde se dirige vers un nouvel ordre, soit vers l'américanisation des rapports à l'échelle mondiale. C'est-à-dire que "les Etats-Unis d'Amérique lorsqu'ils ont la volonté de faire passer un concept ils le feront tandis que rien ne se fera sans l'aval des USA ", ou, en d'autres termes, " tout projet auquel s'opposeront les Etats-Unis ne connaîtra aucun aboutissement, et ce, dans tous les domaines, économique, politique, militaire et autres". Ceci a été vérifié maintes fois, bien évidemment, lorsque l'on sait que l'invasion de l'Irak a bel et bien eu lieu, en dépit de la farouche opposition de la communauté internationale, le traité de Kyoto sur la préservation de l'environnement et de l'écologie qui a du mal à connaître le stade de l'application eu égard au refus persistant des Etats-Unis d'Amérique de le ratifier. Ce constat est en passe de se confirmer sur le plan économique et financier, à l'heure actuelle, avec le forcing que les USA opèrent en s'appuyant sur " les trois gendarmes du monde, qui sont, le FMI, la Banque mondiale et l'Organisation mondiale du commerce", dira le professeur Boudjemaâ La crise financière provoquée ces derniers mois par la forte dépréciation du dollar américain, n'est pas en reste. "La faiblesse du dollar affecte beaucoup plus l'économie mondiale que l'économie américaine", dira-t-il, avant de citer l'exemple des réserves de change de l'Algérie qui "malgré leur nette croissance avec plus de 110 milliards de dollars actuellement, il n'en demeure pas moins que la valeur ajoutée que ces réserves sont censées créer est affectée par l'impact de la dépréciation qui touche le dollar américain". Au registre des conséquences négatives de la mondialisation et dans le sillage des disparités que cet ordre mondial crée, le conférencier a cité l'exemple du fait que 20% de la population mondiale disposent de richesses équivalentes à 74 fois les revenus des 80% autres de la population du monde 840 millions d'habitants dans le monde vivent avec un revenu de moins d'un dollar, les trois personnes les plus riches de la planète disposent de richesses qui dépassent le revenu d'une trentaine ou une quarantaine de pays dans le monde. Abondant dans le même sens, le professeur Nacer Bouyahiaoui a suggéré la nécessité et l'urgence d'accélérer le processus des réformes dans les différents secteurs afin de renforcer la mobilisation contre les effets négatifs de la mondialisation.