Les voyants de l'économie algérienne sont depuis quelques années déjà au rouge, le dinar continue de reculer face à la monnaie étrangère, tandis que les cours de pétrole ainsi que les exportations du gaz ne sont pas sur la bonne posture, l'industrie locale hors hydrocarbures n'a toujours pas atteint son rythme de croisière, sans évoquer les investissements qui demeurent au point mort ! De nombreux défis attendent l'Algérie à court et à moyen termes, alors que l'année 2020 pourrait-elle être l'occasion pour effacer les échecs du passé ? Le dernier rapport de la Banque mondiale sur les évolutions récentes de la situation économique en Algérie, publié en octobre dernier affirme que le secteur des hydrocarbures continue de se contrecarrer face à la volatilité des prix du pétrole, et qui freine en partie les effets de la légère croissance hors hydrocarbures. La croissance du PIB, a atteint 1.5% en 2018, contre 1.4% l'année précédente et s'est maintenue à 1.5% au premier trimestre de 2019. La croissance du secteur des hydrocarbures a été lente, l'activité économique s'étant contractée de 6.5% à 7.7% en 2018 et au 1er trimestre de 2019 , respectivement, contrecarrant en partie la légère augmentation de la croissance hors hydrocarbures de 3,4 % et 3,9 % en 2018 et au premier trimestre de 2019, respectivement", a noté la BM. Et de préciser que sur le plan sectoriel, les secteurs des services commerciaux de l'industrie, de la construction, et des travaux publics continuent de stimuler la croissance hors hydrocarbures, qui a atteint 5.6%,4.6%,3% et de 2.7% au premier trimestre 2019 , respectivement. Du côté de la demande, la croissance de la consommation privée réelle s'est établie à 2.5% contre 3% à la même période de l'année précédente. Cette déclaration s'explique par l'affaiblissement de la croissance de la consommation alimentaire, probablement affectée par les perturbations économiques. Les investissements ont toutefois augmenté de 4.9% au 1er trimestre 2019, une progression remarquable par rapport aux 0.2 % du1er trimestre de 2018, tirés par les investissements publics dans les secteurs de la construction, des travaux publics, de l'hydraulique du fait de l'expression des programmes de logements sociaux. Sur le plan extérieur, les exportations de biens et de services se sont contactées en valeur réelle de 6.4% au 1er trimestre 2019, sous l'effet d'une baisse sensible des exportations d'hydrocarbures (-8.1% ) due à la hausse de la demande intérieure et la stagnation de la production. Dans le même temps, les importations de biens et de services ont augmenté de 4.1% malgré la morosité économique, marquant une forte augmentation par rapport au recul de 10.6% enregistré le trimestre précédent. Cette augmentation s'est traduite par un creusement du déficit commercial et du compte courant de 6.5% et 12.8% du PIB, contre 5.1% et 10.4%, respectivement. Les réserves de change se sont contractées à 68 milliards de dollars en fin juillet, en baisse par rapport aux 79.9 milliards de dollars enregistrés en fin décembre 2018. L'épuisement rapide des réserves officielles a poussé les autorités à prendre des mesures supplémentaires pour resserrer les importations grâce à de nouveaux mécanismes opérationnels destinés à réglementer les importations de blé et de lait et même à contrôler les subventions. Les déficits budgétaires primaires se sont réduits en 2018, atteignant respectivement 7.6% et 4.9% du PIB, contre 8.8% et 6.9% du PIB, l'année précédente. Cette amélioration s'explique par une légère augmentation des recettes associées à une réduction des dépenses en biens, en services et en salaires, ainsi qu'en dépenses en capital.
L'inflation à 4.1% au 1er trimestre 2019 malgré la planche à billets : L'inflation est restée stable à 4.3% en 2018 et a baissé à 4.1 % en fin mars 2019 malgré la politique monétaire expansionniste poursuivie dans le cadre des mesures de " financement non conventionnel " de la Banque Centrale, représentant 32% du PIB, dont la moitié a déjà été injectée dans l'économie.
Perspectives économiques en Algérie : Selon le même rapport de la Banque mondiale : " L'incertitude politique devrait entraîner un ralentissement du secteur hors hydrocarbures en 2019. Des dirigeants d'entreprises de divers secteurs ont été arrêtés dans le cadre d'enquêtes sur des affaires de corruption, ce qui a eu pour effet de perturber l'économie en raison de changements soudains dans la direction et la supervision de ces entreprises, ainsi que de l'incertitude planant sur les investissements. Dans le secteur des hydrocarbures, l'incertitude politique atténuera l'espoir d'une augmentation de la production, la révision de la loi sur la fiscalité des hydrocarbures étant retardée. En conséquence, la croissance du PIB devrait ralentir à 1,3 % en 2019. La période préélectorale risque également de retarder davantage le processus d'assainissement budgétaire programmé pour 2019, aggravant le déficit budgétaire à 12,1 % du PIB et augmentant le risque d'un ajustement plus brutal à l'avenir. Sur le plan extérieur, le déficit du compte courant devrait se creuser pour atteindre 8,1 % du PIB, principalement en raison d'un déficit commercial nettement plus important. La découverte récente d'un nouveau champ gazier laisse entrevoir un rebond de la production et des exportations de gaz, mais uniquement à moyen terme, mais seulement si le cadre d'investissement dans les hydrocarbures s'y prête. En raison de l'absence de données récentes, il n'est pas possible d'effectuer des projections de l'évolution de la pauvreté. Toutefois, la capacité de l'économie à réduire la pauvreté (ou la vulnérabilité) peut se trouver limitée du fait des faibles taux de croissance économique, du taux de chômage toujours élevé et de l'incertitude des politiques publiques. Malgré les efforts déployés pour diversifier l'économie, augmenter la contribution du secteur privé et attirer les investisseurs étrangers, peu d'améliorations sont probables à court terme et la création d'emplois devrait être limitée. Les revenus réels et le pouvoir d'achat des consommateurs seront probablement protégés étant donné que l'inflation devrait rester maîtrisée en 2019.
Risques et défis de l'économie algérienne : Par ailleurs, cette institution financière internationale estime que l'économie algérienne demeure largement tributaire des hydrocarbures et des prix mondiaux du pétrole et du gaz. Comme le cours des événements politiques devrait avoir une incidence sur l'activité économique, on s'attend également à ce que davantage de ressources soient affectées aux mesures sociales, au détriment des dépenses d'investissement public. L'activité et les investissements du secteur privé subiront les effets des perturbations politiques et d'un climat des affaires défavorable, ainsi que des perturbations causées par les retards de paiement des travailleurs dans plusieurs branches d'activité industrielles. La conjugaison du niveau élevé du prix d'équilibre budgétaire du pétrole (estimé à plus de 100 dollars) et du retard du processus d'assainissement budgétaire rend le pays vulnérable à la nouvelle volatilité des prix du pétrole et à un affaiblissement de l'économie mondiale. Dans ce contexte, la politique budgétaire doit être ancrée, sur le plan opérationnel, dans un cadre à moyen terme afin de protéger l'économie de la volatilité des prix du pétrole. Le retardement de la sortie de l'impasse politique et l'incertitude politique pourraient nuire davantage à l'économie du pays, ce qui entraînerait une augmentation des importations et un amenuisement accru des réserves de change.
La stabilité politique, seul garant d'une relance économique : A la lumière de cette analyse effectuée par les experts économiques de la BM, en macroéconomie essentiellement, il est flagrant que toute relance économique est tributaire d'une stabilité politique permettant la concrétisation de programmes d'investissement à même de générer de la richesse. D'où, il est indispensable que tous les Algériens s'unissent pour avoir le même mot d'ordre, qui ne sera autre que la réussite du prochain scrutin, seule issue pour sortir de cette crise. Voter, c'est sauver l'avenir des générations montantes et sauvegarder des acquis difficilement arrachés par ce peuple à travers l'histoire. " Le soleil ne se lèvera peut-être pas ; mais dans la nuit une voix crie que la lumière n'est pas un mensonge et qu'on doit lutter contre l'obscurité du cœur. "a écrit Emilien Crassus dans la préface du Bachelier de JulesVallez. C'est à travers la prochaine élection présidentielle que le peuple aura à renouveler ses institutions, base d'une relance économique. En contemplant le rapport ci-dessus, l'Algérie peut augmenter le taux de croissance économique via la diminution des importations des produits agricoles d'ici trois ans car, selon le ministre de l'Agriculture : l'Algérie est en mesure d'arrêter l'importation des produits agricoles. "Les chiffres réalisés cette année et les indicateurs de production sont à même de permettre au secteur d'arrêter graduellement l'importation d'ici trois ans", a précisé Bouazgui, affirmant cependant que les résultats enregistrés dans la filière céréalière restent "insuffisants" pour cesser actuellement les importations au vu de la grande demande en consommation et en transformation, il a estimé que le maintien du même rythme de production dans les deux prochaines années, permettra au pays de réaliser l'autosuffisance en matière de blé dur. Si l'Algérie parviendra, avec une bonne nouvelle gouvernance, à assurer une autosuffisance en matière de produits agricoles et aboutir à matérialiser des programmes d'investissements publics et privés susceptibles d'augmenter l'exportation hors hydrocarbures, ce pays-continent sera sauvé de la crise économique et connaîtra un développement économique inégalé parce que réellement et économiquement parlant l'Algérie est un pays riche et loin d'une véritable crise économique. Il ne manque qu'un projet de société pour s'élancer aux rangs des pays développés.