L'armée malienne a annoncé se replier de ses positions isolées exposées aux attaques jihadistes près de la frontière du Niger et du Burkina Faso pour se regrouper sur des places plus fortes après deux assauts très meurtriers. Cette décision a déjà été appliquée à trois postes (Anderaboukane et Indelimane, repliés sur Ménaka, et Labbezanga, sur Ansongo) et d'autres vont suivre, a indiqué l'armée dans la nuit de samedi à dimanche sur son site internet. Indelimane, dans l'est du pays, a essuyé le 1er novembre une attaque qui a coûté la vie à 49 soldats selon les autorités. Un mois plus tôt, une quarantaine d'hommes au moins ont été tués dans un double assaut contre les positions militaires à Boulkessy et Mondoro, près de la frontière du Burkina. Ce sont les pertes les plus lourdes essuyées par l'armée malienne depuis plusieurs années. Question stratégique La dégradation de la situation sécuritaire dans le pays et la dureté des revers subis ont renforcé les interrogations sur la faculté de l'armée malienne à faire face aux agissements jihadistes et aux autres violences auxquelles le Mali est en proie depuis 2012 et qui ont fait des milliers de morts, civils et combattants. Les circonstances des attaques d'Indelimane et de Boulkessy n'ont jamais été rendues publiques. Mais les informations non confirmées officiellement et suggérant l'impréparation de l'armée à ces offensives ainsi que l'incapacité de dépêcher rapidement des renforts sur place avaient soulevé des questions sur la tactique. A la suite d'Indelimane, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta avait indiqué avoir ordonné l'armée l'élaboration d'un "nouveau concept opérationnel". "Dans un souci de reconsidérer notre posture opérationnelle sur le terrain, les unités isolées vont être regroupées en points d'appui et centres de résistance", a dit l'armée sur internet. "Cette décision s'inscrit dans l'exécution d'un nouveau concept d'opération qui vise à mieux adapter la stratégie à la menace des terroristes et autres narcotrafiquants", a-t-elle dit. Les premières informations sur ce repli ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux ces derniers jours, suscitant des expressions d'inquiétude pour la protection des populations civiles et des frontières. "Il n'est nullement question d'abandonner les populations", a assuré l'armée.