Avec ce retrait, l'armée malienne concède son échec face aux multiples groupes terroristes qui écument des zones frontalières et qui agissent aussi chez les voisins nigérien et burkinabè. L'armée malienne a annoncé dans la nuit de samedi à hier sa décision de retirer ses troupes de certaines zones isolées, lit-on dans un communiqué diffusé sur son site internet. Evoquant un réajustement de "sa posture opérationnelle sur le terrain", l'armée malienne a décidé de supprimer carrément des postes avancés, ayant fait l'objet de multiples attaques terroristes ces dernières semaines, peut-on lire dans son communiqué. "Le chef d'état-major général des Armées, le général de division Abdoulaye Coulibaly, porte à la connaissance de l'opinion nationale que dans un souci de reconsidérer notre posture opérationnelle sur le terrain", a affirmé le communiqué des Forces armées maliennes (FAMas), précisant que "les unités isolées vont être regroupées en point d'appui et centres de résistance". Et d'expliquer encore que "c'est ainsi que les postes d'Anderaboukane et d'Indelimane ont replié sur Ménaka, aujourd'hui (samedi) 9 novembre 2019. Le poste de Labbezanga a replié sur Ansongo", dans le centre du pays, où l'on a enregistré une meurtrière recrudescence des violences terroristes mais aussi communautaires, faisant plus de 300 morts aussi bien parmi les troupes maliennes que chez les civils. Pour les FAMas, "il n'est nullement question d'abandonner les populations isolées dans ces zones frontalières", transformées en un véritable champ de bataille depuis des mois, provoquant même un climat d'instabilité avec des centaines de personnes déplacées après chaque attaque. "Dans ce choix opérationnel, d'autres unités seront également concernées", avertit l'armée malienne, se justifiant encore par le fait que "cette décision s'inscrit dans l'exécution d'un nouveau concept d'opération qui vise à mieux adapter la stratégie à la menace des terroristes et autres narcotrafiquants". Mais à lire la liste des positions concernées par cette décision, l'on remarquera immédiatement qu'il s'agit bel et bien des camps attaqués récemment par des terroristes se réclamant de la branche sahélienne de l'autoproclamé Etat islamique. Indelimane, dans l'est du pays, a essuyé le 1er novembre une attaque qui a coûté la vie à 49 soldats selon les autorités. Un mois plus tôt, une quarantaine d'hommes au moins ont été tués dans un double assaut contre les positions militaires à Boulkessy et Mondoro, près de la frontière du Burkina. Manquant terriblement de moyens humains, financiers et matériels, l'armée malienne est en fait incapable de répondre efficacement face à des groupes terroristes qui disposent d'une parfaite connaissance du terrain et qui profitent de la porosité des frontières avec les voisins nigérien et burkinabè pour se retirer facilement après chaque attaque spectaculaire. Dans ce vaste pays désertique, le mode opératoire utilisé par les terroristes (ils arrivent à bord de motos et véhicules bien équipés) ne laisse, également, aucune chance aux soldats maliens de répondre, alors que les autorités sont encore loin de pouvoir prévoir des attaques de plus en plus meurtrières pour leurs troupes.