Les grands argentiers de la planète se retrouvent au début de la semaine prochaine, à Washington pour examiner une série de mesures radicales, voire iconoclastes, destinées à empêcher l'actuel ralentissement économique qui peut déboucher sur la plus grave crise depuis un demi-siècle. Les assemblées semestrielles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM), samedi et dimanche, ont été précédées, hier, par la traditionnelle réunion des ministres des Finances et des gouverneurs de Banques centrales du Groupe des sept (G7). Selon le Trésor américain, les débats porteront sur les causes et conséquences des récentes perturbations sur les marchés financiers et la façon dont les responsables publics et privés répondent à ce défi. Selon le FMI, la crise actuelle pourrait coûter jusqu'à 945 milliards de dollars au système financier international, dont 565 milliards de dollars imputables aux seuls prêts hypothécaires à risque ("subprime"). Contrairement à d'autres crises récentes, les pays développés, en particulier les Etats-Unis, sont au centre des préoccupations, alors que les économies émergentes continuent à bien résister. L'Algérie, entre autres, n'est pas épargnée par les conséquences de cette crise, notamment pour ce qui est du processus du privatisation qui traîne à cause des risques encore inconnus de la crise économique mondiale. Le ministre des Finances, Karim Djoudi, qui se trouve actuellement à Washington pour prendre part à ces assemblées, a déclaré que "nous n'avons pas encore tous les résultats de cette crise, d'où le manque de visibilité sur les impactes de celle-ci. Il serait prématuré, aujourd'hui, de dire nous nous lançons à telle échéance sous telle forme dans le processus. Nous souhaitons, avec beaucoup de prudence, observer les impactes de cette crise, comment les grandes banques internationales vont se comporter, pour pouvoir nous décider de la manière dont nous allons conduire le processus d'ouverture des capitaux de telle ou telle banque". Pour ce qui est de la dépréciation du dollar, monnaie avec laquelle est vendu le pétrole, l'Algérie a une stratégie bien définie pour limiter les impactes négatifs sur les importations. Parmi les solutions pratiquées, il y a la multiplication des portefeuilles monétaires. Selon le ministre, pour apprécier une perte du pouvoir d'achat du dollar par rapport à d'autres monnaies, il faut apprécier cet impacte dans les trois éléments, à savoir l'importation, l'exportation et la gestion des réserves de change. Une chose est sûre, la crise des subprimes, fournit au FMI, comme à la Banque mondiale, une occasion bienvenue de prouver leur pertinence et leur légitimité à l'heure où elles sont mises en cause. Pour contrer la flambée des prix des denrées agricoles, qui menace les pays pauvres, la Banque mondiale a proposé un effort international massif et concerté dans le domaine alimentaire. De son côté, le FMI prône la relance budgétaire et "réfléchit" à un mécanisme inspiré des structures de défaisance du secteur privé, pour isoler les actifs défectueux issus du marché hypothécaire à risque, du reste du système financier. Cela permettrait de ramener la confiance et de ranimer le marché interbancaire.