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Les grands argentiers du G7 auront beaucoup à discuter Entre les troubles des marchés du crédit, la faiblesse du dollar et le ralentissement de la croissance
Entre les troubles des marchés du crédit, la faiblesse du dollar et le ralentissement de la croissance observé dans bon nombre d'économies, les grands argentiers du Groupe des Sept (G7) auront largement de quoi s'entretenir cette semaine. Lors de la rencontre tenue voici six mois, la question des changes avait tenu une place à part dans l'ordre du jour, mettant en avant plus particulièrement le yuan que la Chine ne semble toujours pas disposée à laisser s'apprécier. Les changes resteront un thème de la réunion du 19 octobre mais il s'agira aussi pour les économies du G7 de balayer devant leur porte respective après la crise du crédit immobilier à risque ("subprime") aux Etats-Unis, qui a mis en lumière des pratiques de prêt parfois relâchées de par le monde et déclenché à son tour une crise du crédit. La rencontre du G7 ouvrira un week-end de discussions parmi les représentants de petits et grands pays, réunis à Washington pour les assemblées générales d'automne du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. "Cela faisait longtemps que les assemblées du FMI ne s'étaient pas tenues dans une période aussi tendue", remarque Kenneth Rogoff, un ancien économiste du FMI qui enseigne à présent à Harvard. Le FMI compte réduire ses projections de croissance pour les Etats-Unis en particulier et une bonne partie des économies industrialisées en général, le raréfaction du crédit étant susceptible d'entraver à la fois la consommation et l'investissement. Cela étant, le G7 parlera beaucoup, mais quant à savoir s'il agira autant, la question reste ouverte car les Etats-Unis et l'Europe divergent sur des points épineux, comme la flambée de l'euro et l'idée de réglementer plus rigoureusement les agences de notation. Le communiqué qui sera publié à l'issue de la réunion abordera sans doute ces questions, tout en prenant acte des tensions économiques montantes de par le monde et de la tâche délicate de préserver les économies des retombées de la crise du crédit sans que se déchaîne le spectre d'une future inflation. LE YUAN, POINT DE CONVERGENCE La France et l'Italie se plaignent amèrement de l'anémie du dollar face à l'euro, arguant qu'elle désavantage leurs exportateurs et par extension leur économie. Le secrétaire américain au Trésor Henry Paulson a une fois de plus répété la semaine dernière qu'il était partisan d'un dollar fort mais les économistes font remarquer qu'à l'inverse, un dollar faible dope les exportations des Etats-Unis en un moment où leur demande intérieur risque de fléchir. Les Européens et les Américains s'entend au moins sur un point: la Chine doit libérer le yuan. Mais le Congrès du Parti communiste chinois se tient cette semaine et il est peu probable que de hauts responsables de Pékin soient disponibles pour leG7. Le communiqué commun observera sans doute une fois de plus que la Chine doit laisser le yuan flotter librement et que les taux de change doivent refléter les fondamentaux économiques, sans oublier la mention habituelle que des mouvements de change désordonnés ne sont pas souhaitables. Le ministre des Finances allemand Peer Steinbrück a dit que le G7 évoquerait le rôle des agences de notation, à qui l'on reproche souvent d'avoir noté largement des instruments financiers complexes qui se sont révélés par la suite être liés au crédit subprime aux Etats-Unis, un compartiment du marché des prêts immobiliers où les taux de défaut de paiement se multiplient. L'Europe veut que ces agences soient plus étroitement surveillées mais les Etats-Unis pensent autrement dans la mesure où une loi donnant à la Securities and Exchange Commission (SEC), le gendarme de la Bourse, plus de responsabilités de surveillance vient d'entrer en vigueur. TIRER LES LEÇONS DES TURBULENCES Le secrétaire adjoint au Trésor américain Robert Kimmitt a déclaré que les déséquilibres mondiaux, imputés pour une bonne part au déficit commercial béant des Etats-Unis et à la position chinoise sur les changes, seraient abordés. Il se peut toutefois que le débat sur ce point soit moins animé que par le passé car la baisse du dollar et la hausse des exportations américaines tendent plutôt à arranger les choses, au moins pour la balance commerciale américaine. La crise du "subprime" et les turbulences qui ont suivi ont atteint leur point culminant en août et depuis lors les marchés montrent des signes, encore faibles, de guérison. Dans un tel contexte, les ministres des Finances feront peut-être le point sur la manière dont les turbulences ont été traitées dans le monde et sur les moyens de renforcer leur coopération pour parer à la prochaine crise. La crise du "subprime" s'est rapidement répercutée dans d'autres pays que les Etats-Unis parce que les créances immobilières en question avaient été incorporées dans des instruments financiers complexes ensuite revendus à des investisseurs un peu partout dans le monde. La Banque centrale européenne (BCE) et la Réserve fédérale américaine ont injecté des quantités importantes de liquidités dans les systèmes bancaires en août pour tenter de desserrer l'étau sur le crédit imposé par des banques devenues très méfiantes. La Banque d'Angleterre est restée elle remarquablement absente, on n'a pas manqué de le lui a reprocher, au moins jusqu'à la mi-septembre lorsqu'elle s'est portée au secours du prêteur Northern Rock. L'Institute of International Finance, un organisme qui représente des centaines de banques du secteur privé, estime que les banques centrales pourraient se pencher sur les moyens d'une meilleure concertation, en particulier lorsqu'il s'agit d'injecter des liquidités dans des marchés financiers tendus.