Le ministre des Finances, M. Karim Djoudi, ainsi que les autres ministres des pays du G24, ont déclaré, vendredi, à Washington, que "le FMI doit, de manière urgente, améliorer sa supervision des économies avancées, en renforçant son analyse des liens financiers et macroéconomiques avec les autres économies et notamment des risques de contagion". Selon le communiqué final de la réunion, les ministres du G24 estiment que "les récents développements sur les marchés financiers rendaient nécessaire la mise en place rapide d'une nouvelle facilité destinée à réduire la vulnérabilité des pays pauvres aux évènements imprévus venant de marchés matures". Même si les pays en développement devraient jouer un rôle important pour stabiliser l'économie mondiale, ils devraient subir le contrecoup de la crise sous forme d'une relance de l'inflation, de retraits de capitaux, d'une diminution de la demande à l'exportation et de turbulences boursières. La Banque mondiale doit donc renforcer sa politique et son soutien financier envers les pays affectés par les prix élevés des matières premières et de l'énergie. Le FMI, de son côté, doit être aussi prêt à agir pour soutenir les pays qui pourraient rencontrer des problèmes de balance de paiements, a affirmé le G24. De leur côté, les ministres de l'Organisation se sont engagés à poursuivre des politiques "prudentes", visant à réduire les vulnérabilités de leurs économies. Ils se sont, toutefois, inquiétés de l'impact sévère des prix alimentaires élevés sur la population des pays en développement. Le G24 regroupe des pays africains (Algérie, Afrique du Sud, Côte d'Ivoire, RD Congo, Egypte, Ethiopie, Gabon, Ghana et Nigeria), asiatiques (Inde, Iran, Liban, Pakistan, Philippines, Sri Lanka, Syrie) et latino-américains (Argentine, Brésil, Colombie, Guatemala, Mexique, Pérou, Trinidad & Tobago, Venezuela). Le G24 a, par ailleurs, estimé que la réforme du FMI poussée par son directeur général, Dominique Strauss-Kahn, contenait quelques points positifs. Mais les mesures proposées commencent seulement à corriger les déséquilibres dans la structure de direction du FMI. Le G 24 a, notamment, souligné que l'objectif d'une parité de droits de vote entre pauvres et riches devait être ferme et contraignant tant pour le FMI que pour la Banque mondiale. Cette dernière, doit à son tour, être réformée, en profitant de l'expérience acquise pour transformer le FMI, a-t-il fait valoir. Le G 24 s'est, par ailleurs, inquiété de la volonté de la Banque mondiale de jouer un rôle important dans la lutte contre le changement climatique, estimant que ce mandat revenait à l'Organisation des Nations unies. Un développement des activités de la Banque dans ce domaine risquerait de soustraire des ressources à sa mission fondamentale d'aide au développement, s'est inquiété le G24. Par ailleurs, selon le rapport semestriel de perspectives économiques du Fonds monétaire international (FMI), l'Afrique traverse sa période de croissance la plus forte depuis la décolonisation, tirée par la flambée des prix des matières premières, avec toutefois de fortes divergences entre pays exportateurs et importateurs de ces denrées. Pour cette année, le Fonds prévoit une croissance de 6,6% en Afrique subsaharienne et de 6,7% l'an prochain. En incluant le Maghreb, la croissance est attendue à 6,3% cette année et 6,4% en 2009. Le Fonds, dans son rapport semestriel sur les perspectives économiques mondiales, souligne, toutefois, que le continent pourrait souffrir des retombées du ralentissement attendu dans les pays développés.