Plusieurs manifestations anti-françaises, visant notamment l'enseigne Carrefour, ont éclaté, hier en Chine, pour protester contre l'attitude de la France sur le Tibet et les Jeux olympiques. Le plus gros rassemblement a eu lieu à Wuhan, ville industrielle de huit millions d'habitants, dans le centre du pays. Des centaines de personnes, voire des milliers, ont défilé devant des magasins Carrefour, selon la police et des témoins. Les manifestants se sont d'abord rassemblés devant un premier magasin pour appeler au boycott des produits vendus par Carrefour, avant de se diriger vers d'autres quartiers. “Il y avait plusieurs centaines de manifestants, calmes, en majorité des jeunes, ils ne sont pas restés longtemps, ils brandissaient des drapeaux chinois”, a raconté un autre témoin, indiquant que les manifestants étaient “très bien organisés”. Selon la police, de 300 au début, le cortège s'est vite étoffé pour finalement compter 10 000 participants. D'autres protestations devant des supermarchés Carrefour se sont déroulées hier dans plusieurs villes chinoises. L'agence Chine nouvelle a assuré que quatre localités étaient concernées. “Il y a eu des manifestations devant quatre des neuf magasins de Pékin avec 50 à 100 personnes à chaque fois, avec des banderoles”, a déclaré un responsable du groupe en Chine, sous couvert de l'anonymat. A Qingdao, dans l'est du pays, un rassemblement a également regroupé “50 à 100 personnes”, a indiqué un témoin. A Pékin, deux petites manifestations se sont déroulées samedi aux abords de l'ambassade de France et du Lycée français, ont constaté des témoins. Une dizaine de voitures décorées de drapeaux chinois ont circulé autour de l'ambassade, avant que le quartier ne soit bouclé par une centaine de policiers anti-émeute. Un peu plus tard, un petit groupe de Chinois s'est rassemblé dans le calme devant le Lycée français de Pékin, brandissant des pancartes. Le fiasco du passage de la flamme olympique à Paris et les menaces de bouder la cérémonie d'ouverture des JO ont provoqué un sérieux coup de froid entre la France et la Chine. Depuis plusieurs jours, des appels au boycott des produits français sont lancés, notamment sur Internet. Le groupe Carrefour, qui possède plus de cent magasins en Chine, a été particulièrement visé par ces appels. La presse française est aussi la cible des médias chinois, qui dénoncent sa couverture “biaisée” des événements du Tibet, interdit aux journalistes étrangers. Dans une interview accordée à plusieurs journaux chinois, parue samedi, l'ambassadeur de France en Chine, Hervé Ladsous, a déclaré “regretter profondément” ce qui s'était passé à Paris le 7 avril lors du relais de la flamme.