Quoique le calme semble être revenu dans la région autonome du Tibet, le débat s'est déplacé autour des prochains JO qu'organise Pékin. Plus d'une dizaine de jours après les violentes manifestations à Lhassa, capitale de la région autonome du Tibet, la situation demeure confuse au moment où le débat se déplace, peu ou prou, autour du boycott des JO auquel appellent les ONG occidentales et le dalaï-lama. Les autorités chinoises qui ont réitéré leur détermination a «éradiquer» la «clique» du chef spirituel du bouddhisme tibétain, ont accusé, hier, ce dernier de vouloir «prendre en otage les Jeux olympiques» dont le coup d'envoi est prévu le 8 août prochain. Dans un article publié hier, par plusieurs organes de la presse chinoise, dont le Quotidien du Peuple et le Quotidien de l'Armée, il est dénoncé le fait qu'«en 2008 le monde entier attend avec impatience les Jeux olympiques, mais la clique du dalaï-lama veut prendre en otage les Jeux et forcer le gouvernement chinois à céder sur la question de ‘'l'indépendance du Tibet''». De son côté, le Premier ministre Wen Jiabao, s'exprimant mardi, avait, lui aussi, accusé le chef spirituel du bouddhisme tibétain et sa «clique» d'avoir voulu «saboter» les Jeux olympiques de Pékin, qui auront lieu l'été prochain. Tout a commencé le 10 mars suite aux manifestations de Lhassa célébrant le soulèvement de 1959, huit ans après la prise de contrôle du Tibet par la République populaire de Chine. Ces manifestations, qui ont tourné à l'émeute, ont induit la mort d'au moins 19 personnes et fait 382 blessés parmi les civils et 241 policiers blessés, selon les chiffres officiels. Le gouvernement tibétain en exil, siégeant à Dharamsala, dans le nord de l'Inde, fait état de son côté de la mort «confirmée» selon lui, de 99 personnes au Tibet et dans les provinces chinoises voisines abritant des minorités tibétaines. La proximité des Jeux olympiques -une opportunité incomparable pour l'opposition tibétaine- la célébration des évènements de 1959 -dont l'anniversaire tombait à mi-chemin de l'ouverture de l'olympiade- ont concouru à réunir les conditions de l'explosion de violences au Tibet d'une part, au retour au premier plan du dossier tibétain d'autre part. Dossier que les ONG de défense des droits de l'Homme ont vite fait de prendre en charge, allant jusqu'à appeler au boycott des Jeux de Pékin. Cependant, la question du boycott n'est pas aussi simple comme on l'a vu lors du boycott des JO de Moscou en 1980 et ceux de Los Angeles en 1984. Le boycott n'est pas et ne peut être la meilleur approche pour solutionner un problème essentiellement politique qui, sans doute, doit trouver une issue par la négociation, encore que Pékin ne semble pas, du moins pour le moment, opter pour un tel dénouement. Le porte-parole du gouvernement tibétain en exil a encore réitéré samedi, la «nécessité» d'ouvrir un dialogue, estimant que la Chine doit accorder plus de «liberté aux Tibétains pour pouvoir conserver leur culture». Dans cette atmosphère de surenchère entre Chinois et Tibétains, la note de fraîcheur vient de Taïwan où les électeurs ont choisi une personnalité plus ouverte au dialogue avec la Chine. En effet, lors de la présidentielle qui a eu lieu ce week-end à Taïwan (officiellement, République de Chine) le candidat du Kuomintang (KMT), Ma Ying-Jeou, pragmatique, et appelant au dialogue avec Pékin, a été largement élu, avec plus de 60% des suffrages, devant Frank Hsieh, candidat du parti au pouvoir (le parti progressiste démocratique, DPP), partisan d'un appel au boycott des JO 2008. Le nouveau président, qui prendra ses fonctions en mai, se veut ouvert au dialogue et prêt à signer un traité de paix avec la Chine, comme il l'indiquait hier dans une conférence de presse. Toutefois, prudent, M.Ma Ying-Jeou s'est gardé d'être plus précis sur son programme futur envers son grand voisin chinois, d'autant plus que le cas de Taïwan (outre le Tibet) constitue l'un des gros dossiers en suspens de la République populaire de Chine. En effet, le conflit entre les deux Chine n'a, officiellement, pas pris fin. M.Ma, a réitéré hier sa volonté de signer un «traité de paix» pour justement mettre un terme à un conflit vieux de 60 ans. «Nous signerons un traité de paix avec la Chine», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Taipei. Sur la difficile question de souveraineté, qui oppose Pékin et Taipei, Ma Ying-Jeou a appelé à un «accord de non-négation» respectif entre la Chine et Taïwan. «Nous ne nierons pas leur existence mais nous ne pouvons pas reconnaître leur souveraineté» sur Taïwan a-t-il expliqué d'autre part. Il n'en reste pas moins que le nouveau président taiwanais semble plus disposé à explorer les voies et moyens de mettre fin à un conflit qui oppose son pays à Pékin depuis l'évènement du communisme en Chine en 1949.