Alors que l'administration Trump continue d'utiliser le terme de "virus chinois", Pékin laisse entendre que l'armée américaine aurait pu introduire le virus à Wuhan. La rivalité Washington-Pékin n'a pas été mise en sourdine par la lutte contre le Covid-19, connaissant même ce mardi une escalade, la Chine se disant "indignée" par un tweet de Donald Trump parlant d'un "virus chinois". Ces derniers jours, un porte-parole de la diplomatie chinoise a évoqué, sans preuve, l'hypothèse que l'armée américaine ait pu introduire l'agent pathogène dans son pays. Et Washington utilise à dessein des termes irritants pour Pékin. "Les États-Unis soutiendront vigoureusement les secteurs d'activité, comme les compagnies aériennes et autres, qui sont particulièrement touchées par le virus chinois", a twitté lundi soir Donald Trump. Un message qui a provoqué un tollé en Chine. "Nous sommes fortement indignés", a réagi mardi Geng Shuang, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, y voyant une "stigmatisation" de son pays. Quelques heures plus tard, le président américain a de nouveau utilisé le terme controversé dans un tweet. "Certains sont durement touchés par le virus chinois, certains ne le sont pratiquement pas", y explique notamment Donald Trump. L'agence de presse officielle Chine nouvelle a elle dénoncé de façon générale l'utilisation d'expressions "racistes et xénophobes pour rejeter la responsabilité de l'épidémie sur d'autres pays". Sans résultats scientifiques définitifs sur l'origine du virus, qui a été détecté pour la première fois en décembre à Wuhan, Pékin exhorte à ne pas montrer du doigt la Chine.
La Chine riposte à coups de rumeurs Un autre porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian, est allé plus loin : il a laissé entendre jeudi sur Twitter que l'armée américaine aurait pu introduire le virus dans le pays. Dans un entretien téléphonique, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a fait part lundi à Yang Jiechi, plus haut responsable du Parti communiste chinois (PCC) pour la politique étrangère, "des fortes objections américaines" face aux "efforts" de Pékin pour "faire porter le chapeau aux États-Unis pour le Covid-19", selon le département d'État. "Le secrétaire d'État a souligné que le moment était mal choisi pour semer la désinformation et des rumeurs abracadabrantes", ajoute le communiqué. Autre lecture côté chinois : selon Chine nouvelle, Yang Jiechi a lui adressé "un ferme avertissement aux États-Unis", prévenant que "toute tentative de salir la Chine était vouée à l'échec". Washington avait déjà convoqué vendredi l'ambassadeur de Chine aux États-Unis pour protester contre les tweets du porte-parole. "Propager des théories du complot est dangereux et ridicule", avait alors estimé un responsable américain. Cette guerre des mots a ravivé les tensions diplomatiques entre les deux pays, récurrentes depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump début 2017. Depuis que l'épidémie a commencé à s'étendre au-delà de la Chine, les deux puissances rivales n'ont cessé de multiplier les piques.
Nombreux sujets de discorde L'administration Trump a oscillé entre dénonciation d'un manque de transparence initial côté chinois, et marques de "confiance" du président américain à son homologue Xi Jinping. Les mesures du gouvernement américain, qui a rapidement interdit l'entrée aux États-Unis des personnes en provenance de Chine, ont en outre provoqué l'ire de Pékin. Mike Pompeo a ensuite lui-même attisé cet agacement en parlant du "virus de Wuhan" ou du "virus chinois" pour évoquer le nouveau coronavirus, contrairement aux recommandations de l'Organisation mondiale la santé (OMS) qui a forgé l'appellation plus neutre de "Covid-19". Au moment même où les puissances occidentales tentent de se coordonner dans le cadre du G7, les États-Unis soulignent que l'union sacrée mondiale ne met pas fin aux tensions avec le géant asiatique, qu'ils considèrent comme leur premier rival stratégique sur le long terme. La semaine dernière, Mike Pompeo avait profité de la présentation du rapport annuel du département d'État sur les droits de l'Homme pour dénoncer la politique chinoise dans la région du Xinjiang (nord-ouest), où des centaines de milliers de musulmans seraient internés au nom de la lutte antiterroriste.