Convaincre des cadres algériens installés à l'étranger de revenir pour travailler dans leur pays n'est pas une tâche facile. L'Algérie a pensé à un moyen d'attirer ces compétences de plus en plus rares dans le pays. En effet, pour la première fois en Algérie, un texte de loi préserve les acquis de ces cadres émigrés. Ainsi, les cadres qui décident de retourner au pays garderont leurs statut, titres, fonctions et leur expérience professionnelle acquise à l'étranger. Cette décision a été concrétisée par un article des nouveaux statuts particuliers adoptés, mardi, en conseil de gouvernement. La nouvelle a été révélée, jeudi dernier, par le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Rachid Harraoubia, lors de son intervention d'ouverture de la conférence de Tlemcen. Selon les statistiques, plusieurs milliers de cadres algériens ont été contraints de quitter leur pays durant les dix dernières années, dont un grand nombre sont employés en Europe. Parmi eux de nombreux médecin, enseignants, informaticiens…Pour la seule année 2007, plus de 500 médecins ont quitté l'Algérie pour l'Europe et le Canada. Aujourd'hui, ces compétences craignent qu'à leur retour ils ne soient pas réintégrés dans leurs fonctions au niveau qu'ils avaient atteint avant leur départ. Les pouvoirs publics ont tenté de mettre en place une politique pour encourager le retour des compétences établies à l'étranger. Mais ces politiques ne semblent pas avoir donné les résultats attendus. Le ministre a annoncé, par ailleurs l'adoption, par le conseil de gouvernement des projets de textes finalisés des statuts de l'enseignant chercheur universitaire, de l'enseignant chercheur hospitalo-universitaire et du chercheur permanent. Ces trois textes, définissent les statuts des catégories des personnels d'encadrement des deux missions principales du secteur de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, à savoir la mission de formation supérieure et la mission de recherche scientifique et de développement technologique. Ce dispositif réglementaire d'organisation des conditions de recrutement et de déroulement de la carrière de ces enseignants chercheurs marque, selon M. Harraoubia "la volonté de l'Etat, au plus haut niveau, de garantir une prise en charge conséquente de ces emplois, et de leur valorisation optimale dans la haute fonction publique nationale et au sein de la société". Cela, a-t-il poursuivi, afin "d'impulser une dynamique nouvelle à l'université nationale, libérée des contraintes socioprofessionnelles et d'autres contingences, facteurs d'instabilité et de démobilisation". Car, faut-il le dire, en Algérie, les compétences sont rares et difficiles à trouver à cause de la dégradation de la qualité de l'enseignement dans les universités et l'anarchie qui règne sur le marché de l'emploi. Les pouvoirs publics sont déterminés à accorder à la recherche scientifique une priorité nationale. Un budget quinquennal de 100 milliards de dinars, a été alloué au secteur dans l'objectif de former 28 000 chercheurs relevant du ministère de tutelle, et 4 500 autres de divers secteurs. Cependant, les principes fondamentaux qui ont prévalu dans l'élaboration de ces textes concernent, notamment, la subordination exclusive de la promotion dans la carrière à l'obtention d'un diplôme supérieur et la présentation de résultats probants, la progression dans la carrière basée sur le niveau scientifique et académique du diplôme obtenu et la consécration d'une mention de mérite - Emérita - ainsi que l'adoption d'une grille adaptée d'évolution de ces personnels. Harraoubia a rappelé également la mise en place d'un conseil national présidé par le chef du gouvernement, qui fixe les priorités en matière de recherche et de l'Agence nationale autonome d'évaluation de la recherche. Les trois rencontres régionales (Annaba, Alger et Tlemcen) ont permis, dans ce contexte, à la communauté scientifique nationale de s'associer à de meilleures voies et moyens pour appliquer la loi 08-05, du 23 février 2008, modifiant et complétant la loi 98-11 portant loi d'orientation et de programme à projection quinquennale sur la recherche scientifique et le développement technologique. Tout cela, préalablement, à l'organisation des assises nationales de la recherche scientifique.