Avec l'élection, dimanche, de Sebastian Pinera à la présidence, la droite revient au pouvoir au Chili après 20 ans de gouvernement de centre-gauche depuis la fin de la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990). Pinera a devancé son rival de centre-gauche Eduardo Frei de plus de 3 points, à 51,61% contre 48,38%, selon des résultats officiels portant sur 99% des bulletins. L'alternance à droite, plus qu'un profond changement de cap de gouvernance, marque un virage symbolique au Chili, dirigé par la Concertation, coalition de quatre partis de centre-gauche, depuis le retour de la démocratie en 1990. Dans son discours de victoire, face à 30 mille partisans sur une place du centre de Santiago, Pinera a promis un gouvernement d'unité nationale pour "faire tomber les murs qui divisent" le Chili, hérités de son passé politique. "La démocratie, que nous avons reconquise de façon si exemplaire à la fin des années 80, vient de gagner en force et en maturité, et après 20 ans (...) a opté pour l'alternance", a lancé Pinera, un démocrate-chrétien d'origine. "Notre pays a besoin d'unité aujourd'hui plus que jamais. Nous affrontons en ce moment des problèmes majeurs et nous avons besoin d'unité", avait-il déclaré peu auparavant dans une première allocution, lors d'une brève apparition en vainqueur, aux côtés de son rival, M. Frei et de leurs familles respectives. Dans le centre de Santiago, des dizaines de milliers de Chiliens de droite sont descendus dans les rues dans la soirée, éprouvant, pour beaucoup, pour la première fois la joie d'une victoire politique par les urnes. C'est la première fois que la droite remporte une élection au Chili depuis 1958, le précédent président de droite élu remontant à cette date, ce qui leur permet de revenir au pouvoir pour la première fois aussi depuis la fin de la dictature il y'a 20 ans. "Le pays voulait un changement. Nous, à droite, on voulait quelque chose de bien pour le pays, démontrer qu'on veut vivre en paix et non dans la haine", lançait une électrice, en référence aux stigmates pesant sur toute la droite depuis la dictature. Frei a rapidement reconnu sa défaite. Cet ancien président (1994 à 2000), n'a jamais pu tirer parti de la popularité de Michelle Bachelet, qui finit son mandat avec une cote record de 80%, mais ne peut briguer deux mandats consécutifs. Sportif et énergique sexagénaire, Pinera a bâti l'essentiel de son message sur le besoin de renouvellement et sur "l'usure", la "fatigue" de la Concertation après 20 ans de pouvoir. Il s'est présenté en garant de l'héritage social de la présidente socialiste sortante qui l'avait battu lors de la présidentielle de 2005, promettant de poursuivre sa lutte contre la pauvreté et de créer un million d'emplois, tout en renforçant la lutte contre la délinquance. Il a aussi affiché son attachement au modèle d'"économie sociale de marché" qui a fait du Chili un des pôles de prospérité d'Amérique latine. Pinera, entrepreneur multimillionnaire, un des Chiliens les plus riches, - son patrimoine fut évalué à 1,2 milliard de dollars -, est un économiste de formation, qui fit fortune dans la monétique dans les années 80. Ses affaires se sont depuis étendues. Important actionnaire de la compagnie aérienne LAN - il a promis de vendre ses parts une fois élu -, il possède, entre autres, une télévision privée et un club de football - ce qui lui valut, de la gauche, le surnom de "Berlusconi chilien". Fils de diplomate, issu de l'establishment politique, il a mis en avant son C-V démocrate, sa condamnation des violations de droits de l'Homme sous la dictature et son vote contre Pinochet au référendum de 1988. Il a su de fait incarner une droite décomplexée, qui estime comme lui que le régime militaire "est déjà de l'histoire". Qu'avoir travaillé pour la dictature n'est en soi "pas un crime". Et qui n'exclut pas de compter d'ex-conseillers économiques du régime militaire dans son futur gouvernement. N. S. Avec l'élection, dimanche, de Sebastian Pinera à la présidence, la droite revient au pouvoir au Chili après 20 ans de gouvernement de centre-gauche depuis la fin de la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990). Pinera a devancé son rival de centre-gauche Eduardo Frei de plus de 3 points, à 51,61% contre 48,38%, selon des résultats officiels portant sur 99% des bulletins. L'alternance à droite, plus qu'un profond changement de cap de gouvernance, marque un virage symbolique au Chili, dirigé par la Concertation, coalition de quatre partis de centre-gauche, depuis le retour de la démocratie en 1990. Dans son discours de victoire, face à 30 mille partisans sur une place du centre de Santiago, Pinera a promis un gouvernement d'unité nationale pour "faire tomber les murs qui divisent" le Chili, hérités de son passé politique. "La démocratie, que nous avons reconquise de façon si exemplaire à la fin des années 80, vient de gagner en force et en maturité, et après 20 ans (...) a opté pour l'alternance", a lancé Pinera, un démocrate-chrétien d'origine. "Notre pays a besoin d'unité aujourd'hui plus que jamais. Nous affrontons en ce moment des problèmes majeurs et nous avons besoin d'unité", avait-il déclaré peu auparavant dans une première allocution, lors d'une brève apparition en vainqueur, aux côtés de son rival, M. Frei et de leurs familles respectives. Dans le centre de Santiago, des dizaines de milliers de Chiliens de droite sont descendus dans les rues dans la soirée, éprouvant, pour beaucoup, pour la première fois la joie d'une victoire politique par les urnes. C'est la première fois que la droite remporte une élection au Chili depuis 1958, le précédent président de droite élu remontant à cette date, ce qui leur permet de revenir au pouvoir pour la première fois aussi depuis la fin de la dictature il y'a 20 ans. "Le pays voulait un changement. Nous, à droite, on voulait quelque chose de bien pour le pays, démontrer qu'on veut vivre en paix et non dans la haine", lançait une électrice, en référence aux stigmates pesant sur toute la droite depuis la dictature. Frei a rapidement reconnu sa défaite. Cet ancien président (1994 à 2000), n'a jamais pu tirer parti de la popularité de Michelle Bachelet, qui finit son mandat avec une cote record de 80%, mais ne peut briguer deux mandats consécutifs. Sportif et énergique sexagénaire, Pinera a bâti l'essentiel de son message sur le besoin de renouvellement et sur "l'usure", la "fatigue" de la Concertation après 20 ans de pouvoir. Il s'est présenté en garant de l'héritage social de la présidente socialiste sortante qui l'avait battu lors de la présidentielle de 2005, promettant de poursuivre sa lutte contre la pauvreté et de créer un million d'emplois, tout en renforçant la lutte contre la délinquance. Il a aussi affiché son attachement au modèle d'"économie sociale de marché" qui a fait du Chili un des pôles de prospérité d'Amérique latine. Pinera, entrepreneur multimillionnaire, un des Chiliens les plus riches, - son patrimoine fut évalué à 1,2 milliard de dollars -, est un économiste de formation, qui fit fortune dans la monétique dans les années 80. Ses affaires se sont depuis étendues. Important actionnaire de la compagnie aérienne LAN - il a promis de vendre ses parts une fois élu -, il possède, entre autres, une télévision privée et un club de football - ce qui lui valut, de la gauche, le surnom de "Berlusconi chilien". Fils de diplomate, issu de l'establishment politique, il a mis en avant son C-V démocrate, sa condamnation des violations de droits de l'Homme sous la dictature et son vote contre Pinochet au référendum de 1988. Il a su de fait incarner une droite décomplexée, qui estime comme lui que le régime militaire "est déjà de l'histoire". Qu'avoir travaillé pour la dictature n'est en soi "pas un crime". Et qui n'exclut pas de compter d'ex-conseillers économiques du régime militaire dans son futur gouvernement. N. S.