Les notions de « monde occidental» ou « d'occident » sont depuis longtemps à la mode. Ce sont des notions qui paraissent à l'évidence comme allant de soi, même ceux qui ne les ont pas forgées y trouvent leur compte. La civilisation judéo-chrétienne n'aurait rien à voir avec l'Islam. Cette profession de foi arrange les deux camps qui ne veulent pas trouver aux uns les autres des ressemblances. Et pourtant tout le travail de Mohammed Arkoun a consisté à démolir cette dualité factice qui a du reste inspiré les conceptions historiques et doctrinaires type « Choc des civilisations » à la Samuel Huntington. Avicenne et Averroès, fils de l'Andalousie et bien d'autres, sont là pour attester de la « parenté oubliée » entre l'Orient et l'Occident. Les deux entités n'ayant jamais été une sorte de compartiments séparés l'un de l'autre par un mur du silence. Le mérite d'Arkoun est d'avoir démontré que les conceptions duelles ayant trait à l'existence de l'Islam et de l'Occident plongent leurs racines dans l'imaginaire, lequel donne à voir la culture d'autrui comme ennemie. Pratiquement depuis un demi-siècle, « l'ignorance institutionnalisée » pour reprendre les termes d'Arkoun s'est généralisée dans le monde pour faire accroire à cette impossible rencontre entre les deux mondes. En préfaçant la dernière édition de son livre « la Pensée arabe » Arkoun notait que l'Islam est considéré en Europe comme un « monstre idéologique , une figure historique du mal absolu contre lequel doivent se mobiliser les forces positives et les valeurs émancipatrices d'un Occident hégémonique».Réfutant cette vision, Arkoun n'a eu de cesse de rappeler que l'Occident et l'Orient s'entremêlent et que les cultures grecque et romaine de l'époque antique ont été prises en charge par les savants musulmans qui ont traduit vers l'arabe l'ensemble du capital intellectuel hellénistique. Bien sûr si ses analyses historiques ont remis les pendules à l'heure et ont pu replacer la civilisation islamique dans sa véritable place, ses projections dans l'avenir jugées provocantes ont tout simplement fait l'objet d'un rejet de la part des théologiens. Arkoun a soutenu que la société musulmane n'a pas encore vécu sa renaissance tout en s'en prenant au « corpus officiel fermé » que serait devenu l'Islam. Il s'est notamment insurgé contre l'esprit apologétique que beaucoup de musulmans ont sur leur propre culture et sur leur religion. Selon lui sous les cieux islamiques s'est développée « l'implacable solidarité entre l'Etat, l'écriture, la culture savante et la religion officielle». Le travail d'Arkoun qui se veut être une « démythologisation » et une «déconstruction » de ce que les théologiens musulmans ont posé comme sacré lui a attiré énormément d'antipathie, notamment celle des autorités d'Al-Azhar qui ont interdit ses livres traduits en arabe. Les notions de « monde occidental» ou « d'occident » sont depuis longtemps à la mode. Ce sont des notions qui paraissent à l'évidence comme allant de soi, même ceux qui ne les ont pas forgées y trouvent leur compte. La civilisation judéo-chrétienne n'aurait rien à voir avec l'Islam. Cette profession de foi arrange les deux camps qui ne veulent pas trouver aux uns les autres des ressemblances. Et pourtant tout le travail de Mohammed Arkoun a consisté à démolir cette dualité factice qui a du reste inspiré les conceptions historiques et doctrinaires type « Choc des civilisations » à la Samuel Huntington. Avicenne et Averroès, fils de l'Andalousie et bien d'autres, sont là pour attester de la « parenté oubliée » entre l'Orient et l'Occident. Les deux entités n'ayant jamais été une sorte de compartiments séparés l'un de l'autre par un mur du silence. Le mérite d'Arkoun est d'avoir démontré que les conceptions duelles ayant trait à l'existence de l'Islam et de l'Occident plongent leurs racines dans l'imaginaire, lequel donne à voir la culture d'autrui comme ennemie. Pratiquement depuis un demi-siècle, « l'ignorance institutionnalisée » pour reprendre les termes d'Arkoun s'est généralisée dans le monde pour faire accroire à cette impossible rencontre entre les deux mondes. En préfaçant la dernière édition de son livre « la Pensée arabe » Arkoun notait que l'Islam est considéré en Europe comme un « monstre idéologique , une figure historique du mal absolu contre lequel doivent se mobiliser les forces positives et les valeurs émancipatrices d'un Occident hégémonique».Réfutant cette vision, Arkoun n'a eu de cesse de rappeler que l'Occident et l'Orient s'entremêlent et que les cultures grecque et romaine de l'époque antique ont été prises en charge par les savants musulmans qui ont traduit vers l'arabe l'ensemble du capital intellectuel hellénistique. Bien sûr si ses analyses historiques ont remis les pendules à l'heure et ont pu replacer la civilisation islamique dans sa véritable place, ses projections dans l'avenir jugées provocantes ont tout simplement fait l'objet d'un rejet de la part des théologiens. Arkoun a soutenu que la société musulmane n'a pas encore vécu sa renaissance tout en s'en prenant au « corpus officiel fermé » que serait devenu l'Islam. Il s'est notamment insurgé contre l'esprit apologétique que beaucoup de musulmans ont sur leur propre culture et sur leur religion. Selon lui sous les cieux islamiques s'est développée « l'implacable solidarité entre l'Etat, l'écriture, la culture savante et la religion officielle». Le travail d'Arkoun qui se veut être une « démythologisation » et une «déconstruction » de ce que les théologiens musulmans ont posé comme sacré lui a attiré énormément d'antipathie, notamment celle des autorités d'Al-Azhar qui ont interdit ses livres traduits en arabe.