A six mois des premières élections depuis le bain de sang qui avait suivi le scrutin précédent, en mai 2005, la justice a lourdement condamné des opposants, mardi 22 décembre ; cinq à mort et trente-trois autres à la prison à perpétuité - certains par contumace. Fin avril, quarante-six personnes, dont trente-quatre ex-militaires et six officiers d'active avaient été accusés d'avoir pris part à un complot destiné à 'assassiner des membres du gouvernement', selon le pouvoir. Quatorze d'entre eux se trouvaient à l'étranger, dont Berhanu Nega, le chef de leur mouvement d'opposition, Ginbot 7 ('15 mai'), aujourd'hui professeur d'économie aux Etats-Unis. Ces condamnations s'inscrivent dans le droit fil de la crise ouverte avec les élections de 2005. Meles Zenawi, le premier ministre, arrivé au pouvoir en 1991, a engagé des réformes pour redresser l'économie (l'Ethiopie devrait enregistrer une septième année de croissance à deux chiffres). Il bénéficie aussi d'un fort soutien de bailleurs de fonds. Mais au fil des ans, M. Zenawi a aussi laissé monter l'insatisfaction devant la prédominance des membres de son groupe, les Tigréens, dans les rouages du pouvoir politique et économique. A la surprise du pouvoir, les élections de mai 2005 avaient suscité un raz de marée en faveur de l'opposition. Berhanu Nega, l'une de ses figures, avait été élu maire d'Addis-Abeba, la capitale. Les contestations de la victoire du parti au pouvoir, sévèrement réprimées, avaient entraîné la mort de 200 personnes, des vagues d'arrestations et une série de procès pour 'génocide'. Les opposants condamnés à perpétuité, avaient été graciés après avoir été contraints de reconnaître leur implication dans les troubles et demandé un pardon public. Pour s'être rétractée par la suite, Birtukan Mideksa, surnommée par ses partisans la 'Aung San Suu Kyi éthiopienne', est aujourd'hui incarcérée. Dans l'intervalle, Ginbot 7 a été créé, avec Berhanu Nega à sa tête. Fin avril, un 'complot' a été dénoncé par les autorités, impliquant ses dirigeants et des responsables militaires. Leur condamnation intervient alors qu'approchent les élections. Joint par téléphone à Londres, l'un des condamnés à mort, Andargachew Tsige, a déclaré au Monde : 'Ces condamnations sont un avertissement aux Ethiopiens pour leur déconseiller de s'opposer au pouvoir. Nous allons voir si la communauté internationale comprend enfin qu'il faut cesser de soutenir ce régime à tout prix. Il y a en Ethiopie une grande insatisfaction, et un malaise sérieux dans l'armée.' A six mois des premières élections depuis le bain de sang qui avait suivi le scrutin précédent, en mai 2005, la justice a lourdement condamné des opposants, mardi 22 décembre ; cinq à mort et trente-trois autres à la prison à perpétuité - certains par contumace. Fin avril, quarante-six personnes, dont trente-quatre ex-militaires et six officiers d'active avaient été accusés d'avoir pris part à un complot destiné à 'assassiner des membres du gouvernement', selon le pouvoir. Quatorze d'entre eux se trouvaient à l'étranger, dont Berhanu Nega, le chef de leur mouvement d'opposition, Ginbot 7 ('15 mai'), aujourd'hui professeur d'économie aux Etats-Unis. Ces condamnations s'inscrivent dans le droit fil de la crise ouverte avec les élections de 2005. Meles Zenawi, le premier ministre, arrivé au pouvoir en 1991, a engagé des réformes pour redresser l'économie (l'Ethiopie devrait enregistrer une septième année de croissance à deux chiffres). Il bénéficie aussi d'un fort soutien de bailleurs de fonds. Mais au fil des ans, M. Zenawi a aussi laissé monter l'insatisfaction devant la prédominance des membres de son groupe, les Tigréens, dans les rouages du pouvoir politique et économique. A la surprise du pouvoir, les élections de mai 2005 avaient suscité un raz de marée en faveur de l'opposition. Berhanu Nega, l'une de ses figures, avait été élu maire d'Addis-Abeba, la capitale. Les contestations de la victoire du parti au pouvoir, sévèrement réprimées, avaient entraîné la mort de 200 personnes, des vagues d'arrestations et une série de procès pour 'génocide'. Les opposants condamnés à perpétuité, avaient été graciés après avoir été contraints de reconnaître leur implication dans les troubles et demandé un pardon public. Pour s'être rétractée par la suite, Birtukan Mideksa, surnommée par ses partisans la 'Aung San Suu Kyi éthiopienne', est aujourd'hui incarcérée. Dans l'intervalle, Ginbot 7 a été créé, avec Berhanu Nega à sa tête. Fin avril, un 'complot' a été dénoncé par les autorités, impliquant ses dirigeants et des responsables militaires. Leur condamnation intervient alors qu'approchent les élections. Joint par téléphone à Londres, l'un des condamnés à mort, Andargachew Tsige, a déclaré au Monde : 'Ces condamnations sont un avertissement aux Ethiopiens pour leur déconseiller de s'opposer au pouvoir. Nous allons voir si la communauté internationale comprend enfin qu'il faut cesser de soutenir ce régime à tout prix. Il y a en Ethiopie une grande insatisfaction, et un malaise sérieux dans l'armée.'