A la faveur d'un référendum organisé à partir de ce dimanche, le sud du pays, majoritairement chrétien, devrait passer de l'autonomie à l'indépendance. Opération à hauts risques. A la faveur d'un référendum organisé à partir de ce dimanche, le sud du pays, majoritairement chrétien, devrait passer de l'autonomie à l'indépendance. Opération à hauts risques. Prévu au Sud-Soudan entre le 9 et le 15 janvier, le référendum d'autodétermination aboutira à coup sûr à la partition du plus vaste pays d'Afrique. Le contentieux conjugal vient de loin : un mariage forcé entre le nord musulman et le sud majoritairement chrétien, imposé dès 1947 sous le condominium anglo-égyptien ; puis, à partir de 1956, l'indépendance à peine acquise, un demi-siècle de violentes scènes de ménage, qui dégénéra en une féroce guerre civile, fatale à 2 millions de tués. Il faudra attendre 2005 pour qu'un accord de paix enraye l'hécatombe. Si les époux font chambre à part depuis des lustres, les modalités de la séparation entre Khartoum et Juba, capitale de la région méridionale, restent à négocier. Voilà six mois que le Parti du Congrès national d'Omar el-Béchir, parvenu au pouvoir en 1989 au prix d'un coup d'Etat militaire, et le Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM), l'ex-rébellion sudiste, marchandent le partage des biens du couple. A commencer par le pactole pétrolier. Le Sud recèle plus des trois quarts des réserves d'or noir du pays en sursis ; quant au Nord, il contrôle l'unique oléoduc apte à acheminer le brut jusqu'à la mer Rouge. Bien sûr, l'intérêt mutuel commande de pactiser... Une province déchirée Pour que l'indépendance du Sud-Soudan entre dans les faits en juillet, deux conditions : une majorité pour la sécession, et la participation d'au moins 60 % des 3 millions d'inscrits. La province d'Abyei, enclave pétrolifère située à la charnière des deux Soudan, devait, quant à elle, se prononcer sur son rattachement au Nord ou au Sud. Echéance différée sine die : soutenus par Khartoum, les Misseriya, nomades arabes, contestent leur éviction du scrutin. Washington, qui suit le dossier de très près, préconise de renoncer aux urnes au profit d'un accord négocié. Un nuage de plus dans un ciel couvert... D'autres enjeux demeurent en chantier. Le tracé de la frontière, le sort de la province disputée d'Abyei la citoyenneté, la sécurité, le respect des accords internationaux — dont celui, crucial, sur les eaux du Nil — le devenir d'une dette extérieure abyssale, la réinsertion des combattants ou encore la gestion de cohortes de déplacés. Des centaines de milliers de sudistes exilés au Nord ont afflué depuis 2005 vers leur "patrie" d'origine ; 400.000 autres y sont attendus. D'autant que les chrétiens de Khartoum redoutent le durcissement de la charia — loi coranique — annoncé par el-Béchir. Fardeau écrasant pour un futur Etat qui végète, malgré le pétrole et l'essor urbain de Juba, dans la misère. La plupart des 9 millions de Sud-Soudanais vivotent avec moins de 1 euro par jour et la moitié d'entre eux doivent à l'aide alimentaire de ne pas périr. Négligée, la région sécessionniste détient le record mondial de mortalité maternelle. Santé, éducation, infrastructures : tout est à construire. Longtemps, on a redouté que le régime de Khartoum entrave par la force cette course à l'indépendance. Mais en a-t-il les moyens ? Cible d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale pour les crimes perpétrés au Darfour (ouest), Omar el-Béchir sait que sa survie politique a un prix. A Juba, une horloge égrène le compte à rebours jusqu'au dimanche 9. Gageons que chacune des secondes rapproche le Sud-Soudan de la liberté, non d'une autre servitude. Au Nord, Omar el-Béchir (toujours sous le coup d'un mandat d'arrêt international) a promis "d'aider" le Sud-Soudan à "bâtir" un pays "frère". Au Sud, le président Salva Kiir et le secrétaire général du mouvement séparatiste SPLM Pagan Amum, militent pour cette séparation Prévu au Sud-Soudan entre le 9 et le 15 janvier, le référendum d'autodétermination aboutira à coup sûr à la partition du plus vaste pays d'Afrique. Le contentieux conjugal vient de loin : un mariage forcé entre le nord musulman et le sud majoritairement chrétien, imposé dès 1947 sous le condominium anglo-égyptien ; puis, à partir de 1956, l'indépendance à peine acquise, un demi-siècle de violentes scènes de ménage, qui dégénéra en une féroce guerre civile, fatale à 2 millions de tués. Il faudra attendre 2005 pour qu'un accord de paix enraye l'hécatombe. Si les époux font chambre à part depuis des lustres, les modalités de la séparation entre Khartoum et Juba, capitale de la région méridionale, restent à négocier. Voilà six mois que le Parti du Congrès national d'Omar el-Béchir, parvenu au pouvoir en 1989 au prix d'un coup d'Etat militaire, et le Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM), l'ex-rébellion sudiste, marchandent le partage des biens du couple. A commencer par le pactole pétrolier. Le Sud recèle plus des trois quarts des réserves d'or noir du pays en sursis ; quant au Nord, il contrôle l'unique oléoduc apte à acheminer le brut jusqu'à la mer Rouge. Bien sûr, l'intérêt mutuel commande de pactiser... Une province déchirée Pour que l'indépendance du Sud-Soudan entre dans les faits en juillet, deux conditions : une majorité pour la sécession, et la participation d'au moins 60 % des 3 millions d'inscrits. La province d'Abyei, enclave pétrolifère située à la charnière des deux Soudan, devait, quant à elle, se prononcer sur son rattachement au Nord ou au Sud. Echéance différée sine die : soutenus par Khartoum, les Misseriya, nomades arabes, contestent leur éviction du scrutin. Washington, qui suit le dossier de très près, préconise de renoncer aux urnes au profit d'un accord négocié. Un nuage de plus dans un ciel couvert... D'autres enjeux demeurent en chantier. Le tracé de la frontière, le sort de la province disputée d'Abyei la citoyenneté, la sécurité, le respect des accords internationaux — dont celui, crucial, sur les eaux du Nil — le devenir d'une dette extérieure abyssale, la réinsertion des combattants ou encore la gestion de cohortes de déplacés. Des centaines de milliers de sudistes exilés au Nord ont afflué depuis 2005 vers leur "patrie" d'origine ; 400.000 autres y sont attendus. D'autant que les chrétiens de Khartoum redoutent le durcissement de la charia — loi coranique — annoncé par el-Béchir. Fardeau écrasant pour un futur Etat qui végète, malgré le pétrole et l'essor urbain de Juba, dans la misère. La plupart des 9 millions de Sud-Soudanais vivotent avec moins de 1 euro par jour et la moitié d'entre eux doivent à l'aide alimentaire de ne pas périr. Négligée, la région sécessionniste détient le record mondial de mortalité maternelle. Santé, éducation, infrastructures : tout est à construire. Longtemps, on a redouté que le régime de Khartoum entrave par la force cette course à l'indépendance. Mais en a-t-il les moyens ? Cible d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale pour les crimes perpétrés au Darfour (ouest), Omar el-Béchir sait que sa survie politique a un prix. A Juba, une horloge égrène le compte à rebours jusqu'au dimanche 9. Gageons que chacune des secondes rapproche le Sud-Soudan de la liberté, non d'une autre servitude. Au Nord, Omar el-Béchir (toujours sous le coup d'un mandat d'arrêt international) a promis "d'aider" le Sud-Soudan à "bâtir" un pays "frère". Au Sud, le président Salva Kiir et le secrétaire général du mouvement séparatiste SPLM Pagan Amum, militent pour cette séparation