Les Sud-Soudanais doivent voter en janvier lors d'un référendum d'indépendance qui pourrait aboutir à la partition du Soudan. Le retard dans l'organisation du référendum d'indépendance du Sud-Soudan est «alarmant», ont estimé, hier, une vingtaine d'ONG internationales qui ont exhorté les grandes puissances à intervenir d'urgence pour éviter un retour à la guerre civile. Les Sud-Soudanais doivent voter en janvier lors d'un référendum d'indépendance qui pourrait aboutir à la partition du Soudan, plus vaste pays d'Afrique. Un deuxième référendum est prévu simultanément dans la région frontalière d'Abyei où les habitants doivent décider de leur rattachement au Sud ou au Nord du pays. Ces deux référendums sont les points clés de l'accord de paix global (CPA) ayant mis fin en 2005 à deux décennies de guerre civile entre le Nord du pays, majoritairement musulman, et le Sud, en grande partie chrétien, un conflit à l'origine de deux millions de morts. «L'accord de paix global a maintenu le Nord et le Sud Soudan unis et mis un terme à l'un des conflits les plus meurtriers du XXe siècle. Un référendum non crédible pourrait replonger le pays dans la guerre», a souligné dans un communiqué, Osman Hummaida, directeur du Centre africain pour les études sur la paix et la justice. Cette organisation est l'une des 24 signataires - avec les groupes Enough project, Save Darfur, Global Witness, Refugees international - du rapport: «Réaffirmer l'engagement des garants de l'accord de paix global soudanais» paru hier. «Les référendums du Sud-Soudan et d'Abyei sont les deux plus importants événements à venir au Soudan depuis l'indépendance du pays en 1956. Or il est alarmant de voir le faible niveau de préparation», estiment les organisations dans leur rapport conjoint. «La possibilité de tenir deux référendums libres, justes et pacifiques devient chaque jour plus difficile», poursuit le rapport. La commission devant organiser le référendum d'indépendance du Sud-Soudan a été mise sur pied fin juin, mais elle doit en théorie avoir complété l'enregistrement des électeurs trois mois avant la tenue du plébiscite, soit début octobre. Les Sud-Soudanais vivant dans le Nord du pays ou à l'étranger ont le droit de s'inscrire pour voter au référendum, mais des questions demeurent: qui est Sud-Soudanais et comment le prouver? Les mêmes interrogations se posent pour l'organisation du référendum sur la région sensible d'Abyei, située dans le ventre du Soudan, à la lisière du Nord et du Sud, mais dans ce cas-ci, aucune commission n'a encore été nommée afin d'organiser le scrutin. Les organisations humanitaires et de défense de droits de l'Homme pressent les «garants» de l'accord de paix global - qui incluent l'ONU, la Ligue arabe, l'Egypte, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l'Union africaine - à «réagir de manière urgente» afin de permettre la tenue d'un référendum crédible à la date prévue. «Si des efforts internationaux ne sont pas immédiatement déployés, le processus de paix peut dérailler et les tensions peuvent renaître. Dans le pire des scénarios, les deux parties peuvent retourner à la guerre», évoque la coalition d'ONG dans son rapport. Le Parti du congrès national (NCP) du président Omar El Bechir et les ex-rebelles sudistes du Splm «semblent ne pas vouloir retourner à la guerre, mais se préparent quand même à cette éventualité», soulignent les ONG. Ces dernières ont invité la communauté internationale à évaluer de manière «globale» la question du Soudan en ne se limitant pas au seul référendum du Sud-Soudan, car la situation demeure encore précaire au Darfour, région de l'ouest du pays en proie à la guerre civile.