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«La position algérienne correspond à ses grands principes» La politologue Louiza Driss Ait Hamadouche, au midi libre, à propos de l'opération militaire en Libye :
La politologue Louiza Driss Ait Hamadouche est maître de conférence au département des sciences politiques et relations internationales à l'université d'Alger 3. Dans cet entretien accordé au Midi Libre, elle dresse un constat de la situation actuelle en Libye, tout en indiquant les transformations qu'elle pourrait prendre. Aussi elle porte des éclaircissements sur les raisons ayant motivé les forces de la coalition à cette offensive. L'universitaire parle également de l'après intervention dans ce pays riche. Concernant les retombées régionales de cette offensive, elle relève les menaces auxquelles l'Algérie doit faire face. Suivons le récit de la politologue… La politologue Louiza Driss Ait Hamadouche est maître de conférence au département des sciences politiques et relations internationales à l'université d'Alger 3. Dans cet entretien accordé au Midi Libre, elle dresse un constat de la situation actuelle en Libye, tout en indiquant les transformations qu'elle pourrait prendre. Aussi elle porte des éclaircissements sur les raisons ayant motivé les forces de la coalition à cette offensive. L'universitaire parle également de l'après intervention dans ce pays riche. Concernant les retombées régionales de cette offensive, elle relève les menaces auxquelles l'Algérie doit faire face. Suivons le récit de la politologue… Midi Libre : la zone d'exclusion aérienne en Libye risque-t-elle de se transformer en guerre d'occupation ? Louiza Driss Ait Hamadouche : Cela est susceptible à se produire dans la mesure où les objectifs tracés par le Conseil de sécurité de l'ONU ne seront pas atteints. La résolution 1973 engage un nombre d'actions qui visent à protéger les civils. Elle évoque également la possibilité d'utiliser tous les moyens nécessaires pour ce faire. Les forces de la coalition internationale ont certes empêché l'aviation libyenne de bombardier les civils mais sur le plan terrestre, l'instauration de cette zone n'a aucun effet. Face à l'offensive terrestre que mènent les forces de Kadhafi, l'action militaire pourrait passer d'une action aérienne à une action terrestre mais, pour une période bien précise et bien déterminée. Un autre scénario pourrait également se produire si la coalition parvient à « pacifier » une partie de la Libye. Ce qui pourrait diviser ce pays en deux. Dans ce cas une présence onusienne et non pas celle de la coalition pourrait être envisageable. Cependant, la résolution 1973 interdit l'occupation. Selon vous, qu'est-ce qui a motivé les Occidentaux à cette offensive? Kadhafi ou les richesse de son pays? Sachant que des massacres de civils se produisent au Bahreïn et au Yémen Il est clair que toute intervention militaire est coûteuse sur les plans financier, économique et politique surtout durant cette période de crise économique. Tout cet engagement ne peut se faire juste pour protéger les libyens. Il ne faut surtout pas oublier les réserves pétrolières que recèlent la Libye. Pour la tête du file qui est la France, elle est en situation difficile. L'échec total de la France dans les révoltes tunisienne et égyptienne a poussé Sarkozy, qui fait déjà sa campagne électorale, à montrer qu'il est capable. Pour ce qui est des USA, je dirais que ce n'est pas surprenant. L'Amérique essaye de ne pas être exclue sans toutefois s'engager comme la France. La Libye est pour les USA importante mais elle n'est pas stratégique. Ce qui explique le « sale boulot » qu'ont cédé les USA aux autres Etats, notamment la France. L'objectif des Américains n'est pas forcément de mettre hors état de nuire le régime de Kadhafi mais, entre autres, de protéger les civils. Le scénario afghan ou celui irakien pourrait-il se rééditer en Libye ? Les forces de la coalition ont-elles déterminé leurs objectifs ? La réponse est non. Effectivement il y a une divergence entre les pays de la coalition sur les objectifs. La France vise à mettre fin au système de Mouammar Kadhafi contrairement aux USA et l'Italie qui n'ont pas déterminé leurs objectifs. En outre, l'absence d'une stratégie de sortie pourrait envenimer la situation et reproduire le scénario afghan. Les forces de la coalition ne savent pas comment elle vont se retirer. Une fois le régime de Kadhafi tombé, vont-elles se contenter de se retirer et laisser le pays aux révolutionnaires ? Ou vont-elles s'engager politiquement et économiquement, après avoir instaurer la paix, et contribuer à la reconstruction de ce pays qui est susceptible de s'effondrer ? Faut-il s'inquiéter de cette présence militaire près de nos frontières ? Personnellement je pense que oui. Dans l'absolu, il n'est jamais bon pour n'importe quel Etat d'être frontalier à un pays en état de guerre. Les Etats limitrophes sont d'une façon ou d'une autre impliqués. Ils pourront être impliqués par les conséquences économiques ou par d'autres conséquences dangereuses à l'image du trafic d'armes et c'est une vraie inquiétude. Alger se retrouve dans une situation géopolitique délicate. Déjà la déstabilité totale est dans la région du Sahel, les mouvements extrémistes ainsi que quelques rebelles des Touareg pourront profiter de cette situation. Il est à ajouter que la Libye se retrouve dans une situation de débordement. Elle risque même d'être divisée en trois ou quatre parties. Quelle est votre lecture de la position algérienne ? La position prise par Alger correspond aux grands principes de la politique étrangère de l'Algérie. Je vous rappelle que l'Algérie a toujours était opposée aux occupations et interventions étrangères, sous quelque forme que ce soit. C'est un principe qui a été dit et répété. Quelques leçons à retenir ? Je pense qu'il ne faut pas se focaliser sur l'hypocrisie des Occidentaux. Des Etats arabes se sont également précipités sur la Libye. Plusieurs divergences existent même au sein de la Ligue arabe. Il ne faut pas oublier le rôle que joue l'Arabie saoudite au Bahreïn. On risque un effet boomerang pour certains Etats arabes. Propos recueillis par Ahmed Bouaraba Midi Libre : la zone d'exclusion aérienne en Libye risque-t-elle de se transformer en guerre d'occupation ? Louiza Driss Ait Hamadouche : Cela est susceptible à se produire dans la mesure où les objectifs tracés par le Conseil de sécurité de l'ONU ne seront pas atteints. La résolution 1973 engage un nombre d'actions qui visent à protéger les civils. Elle évoque également la possibilité d'utiliser tous les moyens nécessaires pour ce faire. Les forces de la coalition internationale ont certes empêché l'aviation libyenne de bombardier les civils mais sur le plan terrestre, l'instauration de cette zone n'a aucun effet. Face à l'offensive terrestre que mènent les forces de Kadhafi, l'action militaire pourrait passer d'une action aérienne à une action terrestre mais, pour une période bien précise et bien déterminée. Un autre scénario pourrait également se produire si la coalition parvient à « pacifier » une partie de la Libye. Ce qui pourrait diviser ce pays en deux. Dans ce cas une présence onusienne et non pas celle de la coalition pourrait être envisageable. Cependant, la résolution 1973 interdit l'occupation. Selon vous, qu'est-ce qui a motivé les Occidentaux à cette offensive? Kadhafi ou les richesse de son pays? Sachant que des massacres de civils se produisent au Bahreïn et au Yémen Il est clair que toute intervention militaire est coûteuse sur les plans financier, économique et politique surtout durant cette période de crise économique. Tout cet engagement ne peut se faire juste pour protéger les libyens. Il ne faut surtout pas oublier les réserves pétrolières que recèlent la Libye. Pour la tête du file qui est la France, elle est en situation difficile. L'échec total de la France dans les révoltes tunisienne et égyptienne a poussé Sarkozy, qui fait déjà sa campagne électorale, à montrer qu'il est capable. Pour ce qui est des USA, je dirais que ce n'est pas surprenant. L'Amérique essaye de ne pas être exclue sans toutefois s'engager comme la France. La Libye est pour les USA importante mais elle n'est pas stratégique. Ce qui explique le « sale boulot » qu'ont cédé les USA aux autres Etats, notamment la France. L'objectif des Américains n'est pas forcément de mettre hors état de nuire le régime de Kadhafi mais, entre autres, de protéger les civils. Le scénario afghan ou celui irakien pourrait-il se rééditer en Libye ? Les forces de la coalition ont-elles déterminé leurs objectifs ? La réponse est non. Effectivement il y a une divergence entre les pays de la coalition sur les objectifs. La France vise à mettre fin au système de Mouammar Kadhafi contrairement aux USA et l'Italie qui n'ont pas déterminé leurs objectifs. En outre, l'absence d'une stratégie de sortie pourrait envenimer la situation et reproduire le scénario afghan. Les forces de la coalition ne savent pas comment elle vont se retirer. Une fois le régime de Kadhafi tombé, vont-elles se contenter de se retirer et laisser le pays aux révolutionnaires ? Ou vont-elles s'engager politiquement et économiquement, après avoir instaurer la paix, et contribuer à la reconstruction de ce pays qui est susceptible de s'effondrer ? Faut-il s'inquiéter de cette présence militaire près de nos frontières ? Personnellement je pense que oui. Dans l'absolu, il n'est jamais bon pour n'importe quel Etat d'être frontalier à un pays en état de guerre. Les Etats limitrophes sont d'une façon ou d'une autre impliqués. Ils pourront être impliqués par les conséquences économiques ou par d'autres conséquences dangereuses à l'image du trafic d'armes et c'est une vraie inquiétude. Alger se retrouve dans une situation géopolitique délicate. Déjà la déstabilité totale est dans la région du Sahel, les mouvements extrémistes ainsi que quelques rebelles des Touareg pourront profiter de cette situation. Il est à ajouter que la Libye se retrouve dans une situation de débordement. Elle risque même d'être divisée en trois ou quatre parties. Quelle est votre lecture de la position algérienne ? La position prise par Alger correspond aux grands principes de la politique étrangère de l'Algérie. Je vous rappelle que l'Algérie a toujours était opposée aux occupations et interventions étrangères, sous quelque forme que ce soit. C'est un principe qui a été dit et répété. Quelques leçons à retenir ? Je pense qu'il ne faut pas se focaliser sur l'hypocrisie des Occidentaux. Des Etats arabes se sont également précipités sur la Libye. Plusieurs divergences existent même au sein de la Ligue arabe. Il ne faut pas oublier le rôle que joue l'Arabie saoudite au Bahreïn. On risque un effet boomerang pour certains Etats arabes. Propos recueillis par Ahmed Bouaraba