Alors que le mouvement de contestation dure depuis bientôt presque deux mois au Yémen, le président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis trente-deux ans, continue à souffler le chaud et le froid mais ne semble pas être prêt à quitter le pouvoir. Alors que le mouvement de contestation dure depuis bientôt presque deux mois au Yémen, le président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis trente-deux ans, continue à souffler le chaud et le froid mais ne semble pas être prêt à quitter le pouvoir. Vendredi dernier, alors que des centaines de milliers de manifestants réunis à l'université de Sanaa demandaient sa démission, Saleh a donné un discours sur la place Saba'in, devant des milliers de personnes venues le soutenir rapporte le journal Libération. Il a appelé à «la stabilité et la sécurité au Yémen» et a annoncé qu'il serait prêt à «transférer le pouvoir de façon pacifique à des mains sûres et capables». Mais il a ensuite ajouté qu'il «se tiendra[it] ferme en face de ceux qui souhaitent [l']écarter du pouvoir», en décrivant les manifestants comme «des fauteurs de troubles, des conspirateurs et des dealers de drogue». Ces derniers jours, les rumeurs se sont multipliées. Dans une interview donnée à la chaîne saoudienne Al-Arabiya samedi, Saleh a toutefois admis avoir rencontré, en présence du vice-président, des membres du JMP, la principale coalition d'opposition, et des officiels américains afin de déterminer les termes d'un accord pour une transition. Mais il semblerait qu'il ait entre-temps changé d'avis. Dans son interview, il ne semblait absolument pas prêt à partir, rejetant la responsabilité de la crise sur l'opposition, qui «refuse toute offre qu'on peut leur faire». Saleh s'est montré sûr de lui en annonçant que, «si les manifestants arrivent à rassembler 20 000 personnes», il a mobilisé «une marche de quasiment 3 millions», un nombre jugé invraisemblable par tous les observateurs, sans oublier que la population de Sanaa ne dépasse pas les 2 millions. Saleh a aussi agité la menace islamiste en déclarant que les manifestants faisaient «tous partie des Frères musulmans». «Pas très éduqué». «Diviser pour mieux régner» a toujours été une devise suivie à la lettre par le président Saleh depuis son accession au pouvoir en 1978. Ses deux prédécesseurs ayant été assassinés. Issu de la faible tribu Sanhan, au sein de la confédération Hashed, Saleh n'était qu'un simple caporal de l'armée. Grâce à ses relations, il s'est fait nommer gouverneur militaire de Taiz en 1977 avant de devenir Président. L'Arabie saoudite a ensuite soutenu Saleh, «parce qu'il était faible et pas très éduqué, afin de pouvoir garder plus facilement son influence sur le nord du pays», explique Mohammed Abdulmalek al-Mutawakel, professeur de sciences politiques à l'université de Sanaa. Ce soutien saoudien n'a jamais cessé, et le royaume continue de s'ingérer dans les affaires internes du Yémen. En plus de nommer son entourage aux postes clés de l'armée et de la sécurité, Saleh a mis en place un système de patronage avec lequel il s'assurait le soutien des tribus grâce à de l'argent, mais aussi par des postes offerts dans l'administration. Les revenus tirés du pétrole dans le nord et l'est du pays ont ainsi servi à financer ce système et à assurer les arrières du président. «Saleh a aussi toujours favorisé les conflits entre les tribus pour les affaiblir», détaille un expert des questions tribales au Yémen. C'est en jouant avec les rivalités de ses opposants qu'il a réussi à se maintenir au pouvoir si longtemps. Selon lui, diriger le Yémen «est comme danser sur la tête de serpents»,une activité dans laquelle il est devenu un expert. Utilisant extrémistes, tribus et mercenaires durant les années 90 pour mater les dernières velléités communistes dans le Sud, ou plus récemment dans le Nord, Saleh a toujours su comment utiliser ses propres ennemis à son avantage. Ces dix dernières années, Saleh est devenu un partenaire des Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme. Alors que l'administration Obama le considère comme un allié essentiel, nombreux sont ceux qui lui reprochent d'utiliser la menace extrémiste uniquement pour continuer à recevoir une aide militaire américaine, estimée à plusieurs centaines de millions de dollars chaque année. Inquiets de la menace d'Al-Qaida, les Etats-Unis continuent toujours de soutenir Saleh. Bien qu'il ne faille pas sous-estimer les ressources du Président, qui tentera tout ce qu'il peut pour rester plus longtemps au pouvoir, il semblerait pourtant que le système sur lequel repose le pouvoir de Saleh se fissure petit à petit. Vendredi dernier, alors que des centaines de milliers de manifestants réunis à l'université de Sanaa demandaient sa démission, Saleh a donné un discours sur la place Saba'in, devant des milliers de personnes venues le soutenir rapporte le journal Libération. Il a appelé à «la stabilité et la sécurité au Yémen» et a annoncé qu'il serait prêt à «transférer le pouvoir de façon pacifique à des mains sûres et capables». Mais il a ensuite ajouté qu'il «se tiendra[it] ferme en face de ceux qui souhaitent [l']écarter du pouvoir», en décrivant les manifestants comme «des fauteurs de troubles, des conspirateurs et des dealers de drogue». Ces derniers jours, les rumeurs se sont multipliées. Dans une interview donnée à la chaîne saoudienne Al-Arabiya samedi, Saleh a toutefois admis avoir rencontré, en présence du vice-président, des membres du JMP, la principale coalition d'opposition, et des officiels américains afin de déterminer les termes d'un accord pour une transition. Mais il semblerait qu'il ait entre-temps changé d'avis. Dans son interview, il ne semblait absolument pas prêt à partir, rejetant la responsabilité de la crise sur l'opposition, qui «refuse toute offre qu'on peut leur faire». Saleh s'est montré sûr de lui en annonçant que, «si les manifestants arrivent à rassembler 20 000 personnes», il a mobilisé «une marche de quasiment 3 millions», un nombre jugé invraisemblable par tous les observateurs, sans oublier que la population de Sanaa ne dépasse pas les 2 millions. Saleh a aussi agité la menace islamiste en déclarant que les manifestants faisaient «tous partie des Frères musulmans». «Pas très éduqué». «Diviser pour mieux régner» a toujours été une devise suivie à la lettre par le président Saleh depuis son accession au pouvoir en 1978. Ses deux prédécesseurs ayant été assassinés. Issu de la faible tribu Sanhan, au sein de la confédération Hashed, Saleh n'était qu'un simple caporal de l'armée. Grâce à ses relations, il s'est fait nommer gouverneur militaire de Taiz en 1977 avant de devenir Président. L'Arabie saoudite a ensuite soutenu Saleh, «parce qu'il était faible et pas très éduqué, afin de pouvoir garder plus facilement son influence sur le nord du pays», explique Mohammed Abdulmalek al-Mutawakel, professeur de sciences politiques à l'université de Sanaa. Ce soutien saoudien n'a jamais cessé, et le royaume continue de s'ingérer dans les affaires internes du Yémen. En plus de nommer son entourage aux postes clés de l'armée et de la sécurité, Saleh a mis en place un système de patronage avec lequel il s'assurait le soutien des tribus grâce à de l'argent, mais aussi par des postes offerts dans l'administration. Les revenus tirés du pétrole dans le nord et l'est du pays ont ainsi servi à financer ce système et à assurer les arrières du président. «Saleh a aussi toujours favorisé les conflits entre les tribus pour les affaiblir», détaille un expert des questions tribales au Yémen. C'est en jouant avec les rivalités de ses opposants qu'il a réussi à se maintenir au pouvoir si longtemps. Selon lui, diriger le Yémen «est comme danser sur la tête de serpents»,une activité dans laquelle il est devenu un expert. Utilisant extrémistes, tribus et mercenaires durant les années 90 pour mater les dernières velléités communistes dans le Sud, ou plus récemment dans le Nord, Saleh a toujours su comment utiliser ses propres ennemis à son avantage. Ces dix dernières années, Saleh est devenu un partenaire des Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme. Alors que l'administration Obama le considère comme un allié essentiel, nombreux sont ceux qui lui reprochent d'utiliser la menace extrémiste uniquement pour continuer à recevoir une aide militaire américaine, estimée à plusieurs centaines de millions de dollars chaque année. Inquiets de la menace d'Al-Qaida, les Etats-Unis continuent toujours de soutenir Saleh. Bien qu'il ne faille pas sous-estimer les ressources du Président, qui tentera tout ce qu'il peut pour rester plus longtemps au pouvoir, il semblerait pourtant que le système sur lequel repose le pouvoir de Saleh se fissure petit à petit.