Jusqu'à présent, à l'exception de Deraa, l'épicentre du mouvement, l'agitation en Syrie était plutôt sporadique, gagnant une ville, puis une autre, retombant ici, rejaillissant là. Vendredi, en touchant 16 villes, dont les deux plus grandes du pays, Damas et Alep, et en mobilisant des dizaines de milliers de personnes, elle est devenue une lame de fond qui promet de durer. Autre différence : en comparaison avec les jours précédents, le régime a peu fait usage de la force. Selon le Comité arabe des droits humains, trois personnes ont été tuées, dont deux à Lattaquié, portant à 202 le nombre de personnes décédées depuis le début de la révolte, le 15 mars. Jusqu'à présent, à l'exception de Deraa, l'épicentre du mouvement, l'agitation en Syrie était plutôt sporadique, gagnant une ville, puis une autre, retombant ici, rejaillissant là. Vendredi, en touchant 16 villes, dont les deux plus grandes du pays, Damas et Alep, et en mobilisant des dizaines de milliers de personnes, elle est devenue une lame de fond qui promet de durer. Autre différence : en comparaison avec les jours précédents, le régime a peu fait usage de la force. Selon le Comité arabe des droits humains, trois personnes ont été tuées, dont deux à Lattaquié, portant à 202 le nombre de personnes décédées depuis le début de la révolte, le 15 mars. La formation jeudi dernier d'un nouveau gouvernement chargé de mener des réformes et la libération de 200 prisonniers - il en reste 300 - n'ont donc pas calmé la situation qui, au contraire, devient plus inquiétante pour le régime de Bachar al-Assad. Née d'un incident plutôt mineur, l'arrestation et le traitement brutal d'une quinzaine d'enfants qui avait écrit des graffitis hostiles au régime sur un mur de Deraa, la révolte syrienne gagne maintenant des zones restées calmes, comme la région druze. «Les prisonniers libérés ont rejoint aussitôt les manifestations, ce qui montre bien leur détermination. Cela dit, la révolte avance bien, à un rythme raisonnable. Elle touche désormais toutes les confessions, les minorités, les chrétiens comme les Alaouites [qui détiennent le pouvoir, ndlr], les Arabes comme les Kurdes», soutient Haytham Manna, le président du Comité arabe des droits humains. C'est dans la ville martyre de Deraa, près de la frontière jordanienne, que les manifestations ont été les plus importantes. Craignant que les forces de sécurité bloquent, comme les fois précédentes, l'entrée dans cette localité, les manifestants avaient commencé à y pénétrer dès jeudi après-midi. «Plutôt la mort que l'humiliation», scandait la foule. Malgré les promesses de réformes du régime, notamment sa décision d'accorder la citoyenneté syrienne à des dizaines de milliers de Kurdes considérés comme apatrides, les villes kurdes de Al Qamishli, Raas al-Aïn, Amouda et Derbassiyé ont, elles aussi, grandement défilé dès la fin de la prière du vendredi. A Homs, dans le centre du pays, où les manifestants criaient «liberté, liberté» avant d'être dispersés à coups de matraque par la police, une statue de Hafez al-Assad, le père du président actuel, a été abattue, selon l'opposition qui signale également des affrontements dans plusieurs localités proches de la capitale mais sans faire état de personnes tuées. Basses œuvres. Visiblement, le régime a changé de tactique, renonçant à multiplier les violences contre les manifestants. A-t-il intégré que la répression armée n'avait pas stoppé l'agitation ? Ou a-t-il aussi pris en compte le refus de plus en plus de soldats d'obéir aux ordres ? Dimanche, à Banias, sur la côte méditerranéenne, un lieutenant et neuf soldats de la 9e brigade de l'armée avaient été tués, semble-t-il, par des shabbiha (voyous, souvent des Alaouites, utilisés par le régime pour ses basses œuvres) après avoir, selon l'enquête du Comité arabe des droits humains, participé à la répression. La ville était alors complètement encerclée par des tanks. Ou faut-il y voir aussi les pressions américaines, notamment celles de la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, qui a exhorté une nouvelle fois vendredi les autorités syriennes à s'abstenir de toute violence contre leur propre peuple. «Le président Assad devrait s'assurer que sa police et son armée s'abstiennent d'utiliser la violence contre des manifestants pacifiques», avait déjà protesté la veille le sénateur John Kerry dans un communiqué. Par ailleurs, l'Observatoire syrien des droits de l'homme a fait état vendredi de tortures sur les personnes emprisonnées, notamment à Banias. La formation jeudi dernier d'un nouveau gouvernement chargé de mener des réformes et la libération de 200 prisonniers - il en reste 300 - n'ont donc pas calmé la situation qui, au contraire, devient plus inquiétante pour le régime de Bachar al-Assad. Née d'un incident plutôt mineur, l'arrestation et le traitement brutal d'une quinzaine d'enfants qui avait écrit des graffitis hostiles au régime sur un mur de Deraa, la révolte syrienne gagne maintenant des zones restées calmes, comme la région druze. «Les prisonniers libérés ont rejoint aussitôt les manifestations, ce qui montre bien leur détermination. Cela dit, la révolte avance bien, à un rythme raisonnable. Elle touche désormais toutes les confessions, les minorités, les chrétiens comme les Alaouites [qui détiennent le pouvoir, ndlr], les Arabes comme les Kurdes», soutient Haytham Manna, le président du Comité arabe des droits humains. C'est dans la ville martyre de Deraa, près de la frontière jordanienne, que les manifestations ont été les plus importantes. Craignant que les forces de sécurité bloquent, comme les fois précédentes, l'entrée dans cette localité, les manifestants avaient commencé à y pénétrer dès jeudi après-midi. «Plutôt la mort que l'humiliation», scandait la foule. Malgré les promesses de réformes du régime, notamment sa décision d'accorder la citoyenneté syrienne à des dizaines de milliers de Kurdes considérés comme apatrides, les villes kurdes de Al Qamishli, Raas al-Aïn, Amouda et Derbassiyé ont, elles aussi, grandement défilé dès la fin de la prière du vendredi. A Homs, dans le centre du pays, où les manifestants criaient «liberté, liberté» avant d'être dispersés à coups de matraque par la police, une statue de Hafez al-Assad, le père du président actuel, a été abattue, selon l'opposition qui signale également des affrontements dans plusieurs localités proches de la capitale mais sans faire état de personnes tuées. Basses œuvres. Visiblement, le régime a changé de tactique, renonçant à multiplier les violences contre les manifestants. A-t-il intégré que la répression armée n'avait pas stoppé l'agitation ? Ou a-t-il aussi pris en compte le refus de plus en plus de soldats d'obéir aux ordres ? Dimanche, à Banias, sur la côte méditerranéenne, un lieutenant et neuf soldats de la 9e brigade de l'armée avaient été tués, semble-t-il, par des shabbiha (voyous, souvent des Alaouites, utilisés par le régime pour ses basses œuvres) après avoir, selon l'enquête du Comité arabe des droits humains, participé à la répression. La ville était alors complètement encerclée par des tanks. Ou faut-il y voir aussi les pressions américaines, notamment celles de la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, qui a exhorté une nouvelle fois vendredi les autorités syriennes à s'abstenir de toute violence contre leur propre peuple. «Le président Assad devrait s'assurer que sa police et son armée s'abstiennent d'utiliser la violence contre des manifestants pacifiques», avait déjà protesté la veille le sénateur John Kerry dans un communiqué. Par ailleurs, l'Observatoire syrien des droits de l'homme a fait état vendredi de tortures sur les personnes emprisonnées, notamment à Banias.