L'armée syrienne tentait lundi dernier d'écraser un début de révolte armée dans la régionde Homs après six moisde manifestations largement pacifiques contre le régime de Bachar al Assad. Les opérations militaires se concentrent sur la ville de Talbisseh, dans la banlieue nord de Homs, selon des activistes locaux. L'armée syrienne tentait lundi dernier d'écraser un début de révolte armée dans la régionde Homs après six moisde manifestations largement pacifiques contre le régime de Bachar al Assad. Les opérations militaires se concentrent sur la ville de Talbisseh, dans la banlieue nord de Homs, selon des activistes locaux. Les forces de sécurité se sont emparées ce week-end d'une grande partie de Rastan, pointde ralliement d'opposants et de militaires déserteurs. La région de Homs, dans le centre de la Syrie, est un bastion de l'opposition au président Assad, qui répond au mouvement en faveur de la démocratie par une répression sanglante. "Des chars ont tiré sur Talbisseh ce matin et les communications restent coupées. La ville était une source de ravitaillement pour Rastan et elle est punie pour cela", a dit un opposant. "Des fouilles dans les maisons et des arrestations ont eu lieu pour le deuxième jour d'affilée dans la région", a-t-il ajouté. Les rebelles en armes, pour la plupart situés dans la région de Homs et dans la province d'Idlib (nord-ouest), sont jusqu'à présent dominés par l'armée syrienne. Des opposants continuent de manifester pacifiquement "Homs est libre", criaient les manifestants dans le quartier de Khalidia. La ville souffre cependant de violences sectaires entre les quartiers alaouites, une déviance du chiisme dont la dynastie Assad est issue, et ceux habités par la majorité sunnite. Plusieurs éléments témoignent d'un mouvement de plus en plus violent. L'agence de presse officielle rapporte que cinq personnes ont été tuées lundi à Homs par des "groupes terroristes armés". Selon des habitants, deux corps ont été trouvés dans le quartier sunnite de Karabid. Les autorités ont annoncé l'assassinat dimanche à Idlib de Sarya Hassoun, fils du mufti Ahmad Hassoun, le plus haut dignitaire religieux du pays, nommé par Damas. Il s'agit de la première attaque contre le clergé syrien, qui soutient Assad depuis des décennies malgré la colère croissante des sunnites contre la domination alaouite. Certains opposants commencent à demander une protection de la communauté internationale face à une répression qui a fait au moins 2.700 morts selon l'Onu. Le gouvernement affirme qu'il y a eu 700 disparitions chez les forces de sécurité comme chez les "mutins". Le Conseil national syrien (CNS) formé le mois dernier a rejeté dimanche l'hypothèse d'une intervention étrangère mais juge que la communauté internationale a l'obligation humanitairede protéger la population syrienne. Le CNS a demandé que le mouvement reste pacifique mais estimé que les assauts des forces de sécurité et arrestations massives poussaient la Syrie "au bord de la guerre civile et invitaient à l'ingérence étrangère". La France soutient publiquement le Conseil national, ce qui n'est pas encore le cas des Etats-Unis ni de la Turquie, puissant voisin et ancien allié de Damas. Les suites de la révolte syrienne se jouent aussi aux Nations unies, où l'opposition de Moscou et Pékin a jusqu'ici empêché l'adoption d'une résolution. Quatre pays européens espéraient soumettre au vote un projet de résolution vendredi dernier. Ils espèrent désormais un vote mardi, dit-onde source diplomatique. La résolution a dû être une nouvelle fois remaniée pour persuader la Russie ne pas poser son veto. Le nouveau texte menace de "mesures ciblées" contre Damas en cas de poursuite de la répression, sans parler explicitement de sanctions, ont dit des diplomates du Conseil de sécurité Plus de 3.000 personnes arrêtées à Rastan Les forces syriennes ont arrêté plus de 3.000 personnes ces trois derniers jours dans la ville rebelle de Rastan (Centre), ont annoncé lundi des militants. Les Comités locaux de coordination ont déclaré que des dizaines de personnes ont été tuées et plus de 3.000 arrêtées dans les opérations de l'armée à Rastan. Ils précisent que les combats ont cessé dans la ville. Les personnes arrêtées sont détenues dans une cimenterie, des écoles et un club de sport de la ville, a indiqué à l'Associated Pressun militant basé à Rastan. Les forces gouvernementales ont repris la ville samedi après cinq jours de combats contre des déserteurs de l'armée ayant pris le parti des manifestants anti-régime. L'état de santé de Rafah Nached s'aggrave La célèbre psychanalyste syrienne est incarcérée depuis plus de trois semaines maintenant, malgré les protestations internationales. Depuis 24 jours, Rafah Nached, 66 ans, est incarcérée sans raisons apparentes depuis la nuit du 10 septembre et son sort ne s'améliore pas. Malgré la mobilisation de ses proches en France, il semble qu'elle soit partie encore pour de longues semaines de détention. La psychanalyste, fondatrice de l'école de Damas, a été arrêtée alors qu'elle voulait partir pour Paris pour rencontrer des médecins – elle est rescapée d'un cancer – et pour voir sa fille accoucher. Sans raison aucune, son seul tort est peut-être d'avoir organisé des groupes de paroles ouverts à tous sur le thème de la peur, elle est une victime parmi des centaines d'autres du régime de Bachar al-Assad. Dimanche, Carla Bruni a annoncé avoir envoyé une lettre au mari de Rafah Nached, l'historien Faysal Abdallah, pour le soutenir. "Cette femme libre et accomplie, dont la notoriété est internationale, dont la vie et les travaux honorent la Syrie, les femmes syriennes et arabes, et toutes les femmes, connaît aujourd'hui un sort injustifiable", écrit-elle. Concrètement c'est un peu tout ce que la France peut faire. "Nous sommes en contact avec le Quai d'Orsay mais ils n'ont presque plus aucun lien diplomatique avec le régime syrien, ils ne peuvent pas vraiment être les avocats de Rafah Nached", raconte l'un de ses proches à Paris. Une quinzaine de femmes et des enfants dans une cellule Dimanche dernier, son mari Faysal Abdallah a pu lui rendre visite, comme c'est le cas deux fois par semaine. Les nouvelles ne sont pas bonnes. Elle est dans une cellule avec une quinzaine d'autres femmes, pour la plupart des détenues de droits communs, des droguées, des prostituées, ou des femmes ayant des problèmes mentaux. La prison sert aussi d'hôpital psychiatrique. "C'est un huis clos complètement épuisant pour une personne déjà malade. L'hygiène est exécrable, elle a désormais une double infection à l'estomac et au poumon". La nuit, il est difficile de trouver le sommeil. La promiscuité, les cris, les enfants qui pleurent. Certaines des prisonnières, n'ayant personne à qui les confier, ont été forcées de les amener avec elles. Du côté de la procédure, le juge a refusé la remise en liberté sous caution. Avant, dans les conditions "normales" de la dictature, c'était envisageable, surtout à cause de son état de santé, selon ce proche. Là, il n'y a plus instructions hiérarchiques, le juge bloque tout pour des questions de statu quo. Une évolution ne peut venir que du sommet. Quelqu'un a décidé un jour qu'il fallait que Rafah Nached soit arrêtée. Quelqu'un, un jour, si elle n'a pas été oubliée, décidera peut-être qu'elle doit être libérée. A son mari, dimanche, elle n'a pas demandé que des médicaments pour elle. Elle l'a aussi prié de ramener des crayons de couleurs et des bandes dessinées pour occuper les enfants. "C'est rassurant, veut croire l'un de ses amis, sous la prisonnière, elle reste une psychanalyste, elle reste forte". Les forces de sécurité se sont emparées ce week-end d'une grande partie de Rastan, pointde ralliement d'opposants et de militaires déserteurs. La région de Homs, dans le centre de la Syrie, est un bastion de l'opposition au président Assad, qui répond au mouvement en faveur de la démocratie par une répression sanglante. "Des chars ont tiré sur Talbisseh ce matin et les communications restent coupées. La ville était une source de ravitaillement pour Rastan et elle est punie pour cela", a dit un opposant. "Des fouilles dans les maisons et des arrestations ont eu lieu pour le deuxième jour d'affilée dans la région", a-t-il ajouté. Les rebelles en armes, pour la plupart situés dans la région de Homs et dans la province d'Idlib (nord-ouest), sont jusqu'à présent dominés par l'armée syrienne. Des opposants continuent de manifester pacifiquement "Homs est libre", criaient les manifestants dans le quartier de Khalidia. La ville souffre cependant de violences sectaires entre les quartiers alaouites, une déviance du chiisme dont la dynastie Assad est issue, et ceux habités par la majorité sunnite. Plusieurs éléments témoignent d'un mouvement de plus en plus violent. L'agence de presse officielle rapporte que cinq personnes ont été tuées lundi à Homs par des "groupes terroristes armés". Selon des habitants, deux corps ont été trouvés dans le quartier sunnite de Karabid. Les autorités ont annoncé l'assassinat dimanche à Idlib de Sarya Hassoun, fils du mufti Ahmad Hassoun, le plus haut dignitaire religieux du pays, nommé par Damas. Il s'agit de la première attaque contre le clergé syrien, qui soutient Assad depuis des décennies malgré la colère croissante des sunnites contre la domination alaouite. Certains opposants commencent à demander une protection de la communauté internationale face à une répression qui a fait au moins 2.700 morts selon l'Onu. Le gouvernement affirme qu'il y a eu 700 disparitions chez les forces de sécurité comme chez les "mutins". Le Conseil national syrien (CNS) formé le mois dernier a rejeté dimanche l'hypothèse d'une intervention étrangère mais juge que la communauté internationale a l'obligation humanitairede protéger la population syrienne. Le CNS a demandé que le mouvement reste pacifique mais estimé que les assauts des forces de sécurité et arrestations massives poussaient la Syrie "au bord de la guerre civile et invitaient à l'ingérence étrangère". La France soutient publiquement le Conseil national, ce qui n'est pas encore le cas des Etats-Unis ni de la Turquie, puissant voisin et ancien allié de Damas. Les suites de la révolte syrienne se jouent aussi aux Nations unies, où l'opposition de Moscou et Pékin a jusqu'ici empêché l'adoption d'une résolution. Quatre pays européens espéraient soumettre au vote un projet de résolution vendredi dernier. Ils espèrent désormais un vote mardi, dit-onde source diplomatique. La résolution a dû être une nouvelle fois remaniée pour persuader la Russie ne pas poser son veto. Le nouveau texte menace de "mesures ciblées" contre Damas en cas de poursuite de la répression, sans parler explicitement de sanctions, ont dit des diplomates du Conseil de sécurité Plus de 3.000 personnes arrêtées à Rastan Les forces syriennes ont arrêté plus de 3.000 personnes ces trois derniers jours dans la ville rebelle de Rastan (Centre), ont annoncé lundi des militants. Les Comités locaux de coordination ont déclaré que des dizaines de personnes ont été tuées et plus de 3.000 arrêtées dans les opérations de l'armée à Rastan. Ils précisent que les combats ont cessé dans la ville. Les personnes arrêtées sont détenues dans une cimenterie, des écoles et un club de sport de la ville, a indiqué à l'Associated Pressun militant basé à Rastan. Les forces gouvernementales ont repris la ville samedi après cinq jours de combats contre des déserteurs de l'armée ayant pris le parti des manifestants anti-régime. L'état de santé de Rafah Nached s'aggrave La célèbre psychanalyste syrienne est incarcérée depuis plus de trois semaines maintenant, malgré les protestations internationales. Depuis 24 jours, Rafah Nached, 66 ans, est incarcérée sans raisons apparentes depuis la nuit du 10 septembre et son sort ne s'améliore pas. Malgré la mobilisation de ses proches en France, il semble qu'elle soit partie encore pour de longues semaines de détention. La psychanalyste, fondatrice de l'école de Damas, a été arrêtée alors qu'elle voulait partir pour Paris pour rencontrer des médecins – elle est rescapée d'un cancer – et pour voir sa fille accoucher. Sans raison aucune, son seul tort est peut-être d'avoir organisé des groupes de paroles ouverts à tous sur le thème de la peur, elle est une victime parmi des centaines d'autres du régime de Bachar al-Assad. Dimanche, Carla Bruni a annoncé avoir envoyé une lettre au mari de Rafah Nached, l'historien Faysal Abdallah, pour le soutenir. "Cette femme libre et accomplie, dont la notoriété est internationale, dont la vie et les travaux honorent la Syrie, les femmes syriennes et arabes, et toutes les femmes, connaît aujourd'hui un sort injustifiable", écrit-elle. Concrètement c'est un peu tout ce que la France peut faire. "Nous sommes en contact avec le Quai d'Orsay mais ils n'ont presque plus aucun lien diplomatique avec le régime syrien, ils ne peuvent pas vraiment être les avocats de Rafah Nached", raconte l'un de ses proches à Paris. Une quinzaine de femmes et des enfants dans une cellule Dimanche dernier, son mari Faysal Abdallah a pu lui rendre visite, comme c'est le cas deux fois par semaine. Les nouvelles ne sont pas bonnes. Elle est dans une cellule avec une quinzaine d'autres femmes, pour la plupart des détenues de droits communs, des droguées, des prostituées, ou des femmes ayant des problèmes mentaux. La prison sert aussi d'hôpital psychiatrique. "C'est un huis clos complètement épuisant pour une personne déjà malade. L'hygiène est exécrable, elle a désormais une double infection à l'estomac et au poumon". La nuit, il est difficile de trouver le sommeil. La promiscuité, les cris, les enfants qui pleurent. Certaines des prisonnières, n'ayant personne à qui les confier, ont été forcées de les amener avec elles. Du côté de la procédure, le juge a refusé la remise en liberté sous caution. Avant, dans les conditions "normales" de la dictature, c'était envisageable, surtout à cause de son état de santé, selon ce proche. Là, il n'y a plus instructions hiérarchiques, le juge bloque tout pour des questions de statu quo. Une évolution ne peut venir que du sommet. Quelqu'un a décidé un jour qu'il fallait que Rafah Nached soit arrêtée. Quelqu'un, un jour, si elle n'a pas été oubliée, décidera peut-être qu'elle doit être libérée. A son mari, dimanche, elle n'a pas demandé que des médicaments pour elle. Elle l'a aussi prié de ramener des crayons de couleurs et des bandes dessinées pour occuper les enfants. "C'est rassurant, veut croire l'un de ses amis, sous la prisonnière, elle reste une psychanalyste, elle reste forte".