On a discuté du sort du thon rouge lors de la 22e réunion ordinaire de la Commission internationale pour la conservation des thonidés... mais les décisions sont restées timides. Pour limiter les prises illicites, la solution serait l'e-BCD, un marquage des poissons pêchés. Efficace ou pas ? Décryptage de cette lutte contre les captures illicites avec Sergi Tudela, du WWF. La 22e réunion ordinaire de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (CICTA ou Iccat en anglais) réunissait la semaine dernière à Istanbul près de 300 représentants des 48 Etats pêcheurs, accompagnés de responsables d'ONG. Le but de cette réunion ? Voir comment se portent les stocks dans l'Atlantique et en Méditerranée, vérifier si les quotas sont bien respectés et, éventuellement, les réajuster. Car il semblerait qu'ils aient été largement dépassés lors des dernières années. Selon le communiqué de presse rédigé suite à la réunion, plusieurs espèces font d'ailleurs maintenant l'objet de nouvelles réglementations. L'espadon et le thon obèse sous surveillance Parmi les thonidés tropicaux, par exemple, le thon obèse s'est vu attribuer un nouveau quota de pêche (ou TAC pour total autorisé de capture) de 85.000 tonnes, au lieu de 90.000. Les espadons devront faire l'objet de mesures de suivi, de contrôle et de surveillance (MCS pour monitoring, control and surveillance) plus strictes. Mais la vedette de la CICTA, c'est le thon rouge. Pas de changement concernant les TAC, mais les contrôles seront augmentés en 2012. «On ne s'attendait pas à grand-chose cette année, commente Sergi Tudela, responsable du programme pêche au WWF Méditerranée. La nouvelle évaluation des stocks aura lieu l'année prochaine.» Le cas du thon rouge sera donc largement abordé lors de la prochaine CICTA. La prise illicite de thonidés Selon un rapport de 2011 du WWF, coécrit par Sergi Tudela, la capacité de capture des navires qui pêchent le thon rouge est deux fois supérieure aux quotas autorisés dans l'Atlantique est et en Méditerranée. C'est la capture illicite, non réglementée et non déclarée (INN) qui affole les compteurs et qui est pointée du doigt par l'ONG. Elle serait particulièrement développée en Méditerranée selon ces chiffres d'ailleurs confirmés par une autre étude du Pew Environment Group (une ONG américaine) sur la vente des thons.Quelle est la solution ? Selon les deux ONG, il faut être capable de réaliser une traçabilité sur chacun des thons, de la pêche à l'assiette du consommateur. L'e-BCD (Bluefin catch documentation), la version électronique de la BCD – un registre renseignant les détails de la capture et du devenir de chaque poisson – mis en service en 2007, pourrait y contribuer. Plus sécurisé, ce système limiterait la fraude lors du remplissage du registre.Le rapport du Pew Environment Group met en évidence la différence entre la quantité de thons vendus et les quotas fixés par la CICTA. «Mais l'e-BCD ne permet pas de régler à lui-seul le problème de la fraude illicite» prévient Sergi Tudela. Lors du transfert des poissons pêchés, du senneur à la ferme d'élevage, où les thons sont engraissés, et avant la mise en place du code barre, il est possible de « blanchir les captures illégales ». En effet, comme l'explique Sergi Tudela, «à ce stade, les pêcheurs doivent déclarer la croissance du thon rouge au sein de leur ferme». Or, des études montrent que la croissance déclarée est bien supérieure à ce qui est communément observé. Les ONG suspectent que la différence entre les deux masses corresponde à une introduction de thons capturés illégalement (au-delà des quotas) au sein de la ferme. Afin d'empêcher ces pratiques, «il faudrait utiliser des caméras qui permettent de visualiser les volumes et évaluer le poids des poissons. Il y a déjà eu quelques essais réalisés, mais les résultats ne sont pas très clairs», explique Sergi Tudela qui préconise de « bannir les fermes si on ne trouve pas de solution à ce problème qui date déjà de quinze ans et l'établissement des premières fermes en Méditerranée ». La prochaine réunion de la CICTA, qui se déroulera en 2012 et au cours de laquelle la réglementation relative au thon rouge sera débattue, s'annonce déjà tendue. In Futura Sciences On a discuté du sort du thon rouge lors de la 22e réunion ordinaire de la Commission internationale pour la conservation des thonidés... mais les décisions sont restées timides. Pour limiter les prises illicites, la solution serait l'e-BCD, un marquage des poissons pêchés. Efficace ou pas ? Décryptage de cette lutte contre les captures illicites avec Sergi Tudela, du WWF. La 22e réunion ordinaire de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (CICTA ou Iccat en anglais) réunissait la semaine dernière à Istanbul près de 300 représentants des 48 Etats pêcheurs, accompagnés de responsables d'ONG. Le but de cette réunion ? Voir comment se portent les stocks dans l'Atlantique et en Méditerranée, vérifier si les quotas sont bien respectés et, éventuellement, les réajuster. Car il semblerait qu'ils aient été largement dépassés lors des dernières années. Selon le communiqué de presse rédigé suite à la réunion, plusieurs espèces font d'ailleurs maintenant l'objet de nouvelles réglementations. L'espadon et le thon obèse sous surveillance Parmi les thonidés tropicaux, par exemple, le thon obèse s'est vu attribuer un nouveau quota de pêche (ou TAC pour total autorisé de capture) de 85.000 tonnes, au lieu de 90.000. Les espadons devront faire l'objet de mesures de suivi, de contrôle et de surveillance (MCS pour monitoring, control and surveillance) plus strictes. Mais la vedette de la CICTA, c'est le thon rouge. Pas de changement concernant les TAC, mais les contrôles seront augmentés en 2012. «On ne s'attendait pas à grand-chose cette année, commente Sergi Tudela, responsable du programme pêche au WWF Méditerranée. La nouvelle évaluation des stocks aura lieu l'année prochaine.» Le cas du thon rouge sera donc largement abordé lors de la prochaine CICTA. La prise illicite de thonidés Selon un rapport de 2011 du WWF, coécrit par Sergi Tudela, la capacité de capture des navires qui pêchent le thon rouge est deux fois supérieure aux quotas autorisés dans l'Atlantique est et en Méditerranée. C'est la capture illicite, non réglementée et non déclarée (INN) qui affole les compteurs et qui est pointée du doigt par l'ONG. Elle serait particulièrement développée en Méditerranée selon ces chiffres d'ailleurs confirmés par une autre étude du Pew Environment Group (une ONG américaine) sur la vente des thons.Quelle est la solution ? Selon les deux ONG, il faut être capable de réaliser une traçabilité sur chacun des thons, de la pêche à l'assiette du consommateur. L'e-BCD (Bluefin catch documentation), la version électronique de la BCD – un registre renseignant les détails de la capture et du devenir de chaque poisson – mis en service en 2007, pourrait y contribuer. Plus sécurisé, ce système limiterait la fraude lors du remplissage du registre.Le rapport du Pew Environment Group met en évidence la différence entre la quantité de thons vendus et les quotas fixés par la CICTA. «Mais l'e-BCD ne permet pas de régler à lui-seul le problème de la fraude illicite» prévient Sergi Tudela. Lors du transfert des poissons pêchés, du senneur à la ferme d'élevage, où les thons sont engraissés, et avant la mise en place du code barre, il est possible de « blanchir les captures illégales ». En effet, comme l'explique Sergi Tudela, «à ce stade, les pêcheurs doivent déclarer la croissance du thon rouge au sein de leur ferme». Or, des études montrent que la croissance déclarée est bien supérieure à ce qui est communément observé. Les ONG suspectent que la différence entre les deux masses corresponde à une introduction de thons capturés illégalement (au-delà des quotas) au sein de la ferme. Afin d'empêcher ces pratiques, «il faudrait utiliser des caméras qui permettent de visualiser les volumes et évaluer le poids des poissons. Il y a déjà eu quelques essais réalisés, mais les résultats ne sont pas très clairs», explique Sergi Tudela qui préconise de « bannir les fermes si on ne trouve pas de solution à ce problème qui date déjà de quinze ans et l'établissement des premières fermes en Méditerranée ». La prochaine réunion de la CICTA, qui se déroulera en 2012 et au cours de laquelle la réglementation relative au thon rouge sera débattue, s'annonce déjà tendue. In Futura Sciences