Saliha Ouatiki, première martyre des événements du 11 Décembre 1960, est née le 5 octobre 1940 à Belcourt, elle avait à peine 12 ans quand elle a été assassinée par les services de sécurité coloniaux durant le soulèvement des Algériens. À cette occasion, le frère de la martyre, Hamid Ouatiki, nous apporte un témoignage sur l'engagement de sa sœur. Saliha Ouatiki, première martyre des événements du 11 Décembre 1960, est née le 5 octobre 1940 à Belcourt, elle avait à peine 12 ans quand elle a été assassinée par les services de sécurité coloniaux durant le soulèvement des Algériens. À cette occasion, le frère de la martyre, Hamid Ouatiki, nous apporte un témoignage sur l'engagement de sa sœur. Midi Libre : Comment l'événement du 11 Décembre a-t-il eu lieu ? Hamid Ouatiki : Les Français étaient en grève pour la cause « Algérie française », ils parcourraient Alger-Centre en scandant « Algérie française », portant des banderoles. Au cours de cette manifestation, une rixe, dont la cause me demeure inconnue» a éclaté entre un Algérien et un Pied noir . Quand le Pied noir a vu que la situation le dépassait, il a sorti un revolver dans le but de nous faire peur et dans l'espoir de rejoindre les services de sécurité coloniaux. Mais le Pied noir a échoué à fuir le courroux des Algériens. Heureusement pour lui que les services de sécurité sont intervenus au dernier moment, pour lui porter secours, sinon il serait mort. Quand notre ami allait faire l'objet d'une arrestation, un habitant du quartier (algérien) est intervenu en essayant de dissuader les services de sécurité français de s'en prendre à luii.Après cet incident, la rue grondait et les habitants de Belcourt bouillonnaient de rage. Tout le monde est sorti, jeunes, vieux, enfants… scandant en chœur « Algérie algérienne ». Le soir même, les militants du FLN, qui dirigeaient la guerilla urbaine ont saisi cette occasion pour revendiquer « l'Algérie algérienne », estimant qu'il était temps d'organiser une manifestation officielle. Du coup, une manifestation a été organisée pour le lendemain Le soir du 10 décembre, les militants du FLN commencèrent à frapper aux portes ds habitants de Belcourt afin de demander aux femmes et aux jeunes filles de coudre le maximum de banderoles et de drapeaux d'Algérie. Le 11 décembre au matin, je suis sorti attendre les manifestations. Quand soudain, j'entendis un bruit d'enfer provenant du côté du cimetière de Sidi M'hamed, à Belcourt. Comment Saliha Ouatiki s'est-elle retrouvée dans cette manifestation ? Saliha est sortis vers les coups de 9 h du matin pour se rendre vers « la rue de l'Union et le cinéma « Roxy », à Belcourt, des quartiers habités par les Français. Au moment où j'arrive sur les lieux, je la vois sur le dos d'un homme et portant le drapeau algérien qui était « le symbole de la liberté ». Elle chantait des chants patriotiques à pleine voix. Soudain, le mitraillage de l'armée colonial commença et ma sœur a été la première cible. Autrement dit, celui qui a mitraillé ma sœur a visé le symbole de la liberté. Saliha a été enterrée au cimetière de Sidi M'Hamed, à Belcourt. Ses funérailles ont drainé une grande foule. Des centaines de personne rejoignaient la foule quand ils apprirent que le cercueil portait la dépouille de Saliha Ouatiki. Quelle a été votre réaction en voyant votre sœur tuée sous vos yeux ? J'ai été bien évidemment choqué... Et celle de vos parents ? Justement, j'allais évoquer ce point. Cela m'a été très pénible de leur annoncer la mort de Saliha, mais ils l'avaient déjà appris par les enfants du quartier. Dès que ma mère a appris la tragique nouvelle, elle se mit à pousser des youyous frénétiques exprimant la douleur et la joie tout à la fois face à la mort glorieuse de son enfant. De son côté, mon père quant à lui, est demeuré serein. Comment les organisateurs du FLN ont-ils réagi en apprenant la mort de Saliha ? Après avoir appris la triste nouvelle, les militants et les moudjahidine du FLN sont venus apporter leur soutien et réconfort à mes parents. Quel a été le rôle de la femme algérienne dans ces événements ? La femme algérienne avait un rôle majeur dans la guerre de Libération nationale d'une façon générale, mais spécialement pour le 11 Décembre. Les femmes de Belcourt, en particulier, ont fait des pieds et des mains dans ces manifestations. Une partie d'entre elles cousaient des drapeaux de l'Algérie et des banderoles alors que l'autre partie était chargée de préparer à manger pour les manifestants, et elles s'occupaient également des Algériens blessé pendant les manifestations. Comment vivez-vous le 11 Décembre de chaque année ? Quand le 11 Décembre arrive, je plonge dans de profonds souvenirs qui me font revivre cette journée excpetionnelle et indescriptible. Parfois, je trouve que cet événement est très « étrange » relativement à son déclenchement dû à une banale bagarre entre un Algérien et un Pied noir. Avant la rixe, tout le monde s'ennuyait, quand soudain, tout explosa. Je me remémore cette journée, depuis 1960, avec fierté, admiration et nostalgie. Midi Libre : Comment l'événement du 11 Décembre a-t-il eu lieu ? Hamid Ouatiki : Les Français étaient en grève pour la cause « Algérie française », ils parcourraient Alger-Centre en scandant « Algérie française », portant des banderoles. Au cours de cette manifestation, une rixe, dont la cause me demeure inconnue» a éclaté entre un Algérien et un Pied noir . Quand le Pied noir a vu que la situation le dépassait, il a sorti un revolver dans le but de nous faire peur et dans l'espoir de rejoindre les services de sécurité coloniaux. Mais le Pied noir a échoué à fuir le courroux des Algériens. Heureusement pour lui que les services de sécurité sont intervenus au dernier moment, pour lui porter secours, sinon il serait mort. Quand notre ami allait faire l'objet d'une arrestation, un habitant du quartier (algérien) est intervenu en essayant de dissuader les services de sécurité français de s'en prendre à luii.Après cet incident, la rue grondait et les habitants de Belcourt bouillonnaient de rage. Tout le monde est sorti, jeunes, vieux, enfants… scandant en chœur « Algérie algérienne ». Le soir même, les militants du FLN, qui dirigeaient la guerilla urbaine ont saisi cette occasion pour revendiquer « l'Algérie algérienne », estimant qu'il était temps d'organiser une manifestation officielle. Du coup, une manifestation a été organisée pour le lendemain Le soir du 10 décembre, les militants du FLN commencèrent à frapper aux portes ds habitants de Belcourt afin de demander aux femmes et aux jeunes filles de coudre le maximum de banderoles et de drapeaux d'Algérie. Le 11 décembre au matin, je suis sorti attendre les manifestations. Quand soudain, j'entendis un bruit d'enfer provenant du côté du cimetière de Sidi M'hamed, à Belcourt. Comment Saliha Ouatiki s'est-elle retrouvée dans cette manifestation ? Saliha est sortis vers les coups de 9 h du matin pour se rendre vers « la rue de l'Union et le cinéma « Roxy », à Belcourt, des quartiers habités par les Français. Au moment où j'arrive sur les lieux, je la vois sur le dos d'un homme et portant le drapeau algérien qui était « le symbole de la liberté ». Elle chantait des chants patriotiques à pleine voix. Soudain, le mitraillage de l'armée colonial commença et ma sœur a été la première cible. Autrement dit, celui qui a mitraillé ma sœur a visé le symbole de la liberté. Saliha a été enterrée au cimetière de Sidi M'Hamed, à Belcourt. Ses funérailles ont drainé une grande foule. Des centaines de personne rejoignaient la foule quand ils apprirent que le cercueil portait la dépouille de Saliha Ouatiki. Quelle a été votre réaction en voyant votre sœur tuée sous vos yeux ? J'ai été bien évidemment choqué... Et celle de vos parents ? Justement, j'allais évoquer ce point. Cela m'a été très pénible de leur annoncer la mort de Saliha, mais ils l'avaient déjà appris par les enfants du quartier. Dès que ma mère a appris la tragique nouvelle, elle se mit à pousser des youyous frénétiques exprimant la douleur et la joie tout à la fois face à la mort glorieuse de son enfant. De son côté, mon père quant à lui, est demeuré serein. Comment les organisateurs du FLN ont-ils réagi en apprenant la mort de Saliha ? Après avoir appris la triste nouvelle, les militants et les moudjahidine du FLN sont venus apporter leur soutien et réconfort à mes parents. Quel a été le rôle de la femme algérienne dans ces événements ? La femme algérienne avait un rôle majeur dans la guerre de Libération nationale d'une façon générale, mais spécialement pour le 11 Décembre. Les femmes de Belcourt, en particulier, ont fait des pieds et des mains dans ces manifestations. Une partie d'entre elles cousaient des drapeaux de l'Algérie et des banderoles alors que l'autre partie était chargée de préparer à manger pour les manifestants, et elles s'occupaient également des Algériens blessé pendant les manifestations. Comment vivez-vous le 11 Décembre de chaque année ? Quand le 11 Décembre arrive, je plonge dans de profonds souvenirs qui me font revivre cette journée excpetionnelle et indescriptible. Parfois, je trouve que cet événement est très « étrange » relativement à son déclenchement dû à une banale bagarre entre un Algérien et un Pied noir. Avant la rixe, tout le monde s'ennuyait, quand soudain, tout explosa. Je me remémore cette journée, depuis 1960, avec fierté, admiration et nostalgie.