Nous ne sommes pas égaux face à la santé au travail. Jusqu'à présent, les études ne s'intéressaient pas au sexe des salariés. Cela commence à changer. Nous ne sommes pas égaux face à la santé au travail. Jusqu'à présent, les études ne s'intéressaient pas au sexe des salariés. Cela commence à changer. Elles soulèvent plus rarement que les hommes des grosses charges, utilisent moins d'outils vibrants et sont moins exposées aux bruits nocifs ou aux émanations toxiques de produits chimiques. Pourtant, les femmes sont de plus en plus souvent confrontées à la souffrance au travail, qu'elle soit physique ou psychologique. «Même s'il reste moitié moindre pour les femmes, le nombre d'accidents de travail enregistré entre 2000 et 2010 par le régime général de la sécurité sociale a baissé de 21,3% pour les hommes mais augmenté de 23,4% pour les femmes. Le nombre d'accidents de trajets, et, surtout, celui des maladies professionnelles, sont, eux, désormais supérieurs pour la gent féminine», constate Florence Chappert, responsable du projet égalité professionnelle et mixité à l'Anact (agence pour l'amélioration des conditions de travail). On n'en sait pas beaucoup plus, car personne ne s'était pas, jusqu'à présent, préoccupé de faire le tri entre maladies professionnelles masculines et féminines. Les études sur les conditions de travail n'étaient pas non plus pour l'instant «genrées». Et seul le cas des femmes enceintes fait véritablement l'objet de mesures de prévention spécifiques. Une organisation du travail sexuée «Chausser les lunettes du genre permet de mieux diagnostiquer et prévenir certains problèmes de santé et de conditions de travail. Pour les femmes, comme pour les hommes», assure Florence Chappert. Car les problèmes de santé des hommes et des femmes au travail trouvent souvent leur origine dans des organisations encore très «sexuées». Un exemple : intervenant à la demande d'une entreprise de l'agroalimentaire spécialisée dans l'abattage de viande, inquiète de la progression du nombre de maladies professionnelles parmi ses salariés, l'Anact s'était rendue compte que les premières touchées étaient les femmes. Quand les hommes étaient chargés de l'abattage des bêtes, de leur expédition et de la maintenance des machines, les femmes s'occupaient de la découpe fine de la viande et de son conditionnement. La pénibilité de l'abattage, et la pression temporelle, est bien connue, et donc surveillée. Personne en revanche n'avait pris conscience que la tâche des femmes impliquait un nombre très élevé de gestes par minute (entre 50 et 60) , créateurs de troubles musculo-squelettiques importants. L'agilité des femmes, souvent louée (à tort ou à raison) par leurs employeurs, a donc son revers dans la multiplication de petits gestes qui, à la longue, favorise le développement de TMS. Une pénibilité pourtant qui, parce qu'elle n'est pas directement visible, passe donc plus souvent inaperçue. Horaires fractionnés, contact avec le public... La pénibilité du travail féminin révèle aussi, parfois, des organisations du travail très sexuées. Dans une imprimerie, les spécialistes de l'Anact ont ainsi constaté que les femmes, à nouveau, se plaignaient plus de douleurs que les hommes. En réalité, les femmes de l'atelier concerné étaient spécialisées sur seulement cinq postes différents, où elles passaient toute leur carrière, tandis que les hommes évoluaient bien plus souvent et rapidement dans l'entreprise. Ils quittaient donc les postes pénibles avant que ne se déclarent des troubles chroniques. La pénibilité du travail féminin résultait donc, tout simplement, d'une organisation leur laissant peu de possibilités de promotion. Les métiers des femmes les exposent aussi fréquemment à des risques jusqu'à présent peu connus par la médecine du travail. Plus souvent que les hommes, par exemple, elles sont en contact avec le public et ses sollicitations, parfois porteuses d'importantes tensions: plateforme d'appel téléphonique, services sociaux et de santé, les femmes sont, dans ces secteurs, toujours en majorité. Et si les hommes travaillent plus longtemps, les femmes, elles, sont plus fréquemment soumises à des horaires fractionnés, et irréguliers, également difficiles à gérer. Enfin, quand les femmes exercent des métiers d'hommes, bien souvent, les normes et les postes de travail ont été mis au point pour l'autre sexe. L'inverse, bien entendu, est également vrai pour les métiers féminins exercé par des hommes. Conclusion des experts: pour améliorer la santé au travail, en général, se pencher sur les postes de travail et les parcours professionnel avec les yeux d'un homme et ceux d'une femme peut constituer un préalable intéressant. Elles soulèvent plus rarement que les hommes des grosses charges, utilisent moins d'outils vibrants et sont moins exposées aux bruits nocifs ou aux émanations toxiques de produits chimiques. Pourtant, les femmes sont de plus en plus souvent confrontées à la souffrance au travail, qu'elle soit physique ou psychologique. «Même s'il reste moitié moindre pour les femmes, le nombre d'accidents de travail enregistré entre 2000 et 2010 par le régime général de la sécurité sociale a baissé de 21,3% pour les hommes mais augmenté de 23,4% pour les femmes. Le nombre d'accidents de trajets, et, surtout, celui des maladies professionnelles, sont, eux, désormais supérieurs pour la gent féminine», constate Florence Chappert, responsable du projet égalité professionnelle et mixité à l'Anact (agence pour l'amélioration des conditions de travail). On n'en sait pas beaucoup plus, car personne ne s'était pas, jusqu'à présent, préoccupé de faire le tri entre maladies professionnelles masculines et féminines. Les études sur les conditions de travail n'étaient pas non plus pour l'instant «genrées». Et seul le cas des femmes enceintes fait véritablement l'objet de mesures de prévention spécifiques. Une organisation du travail sexuée «Chausser les lunettes du genre permet de mieux diagnostiquer et prévenir certains problèmes de santé et de conditions de travail. Pour les femmes, comme pour les hommes», assure Florence Chappert. Car les problèmes de santé des hommes et des femmes au travail trouvent souvent leur origine dans des organisations encore très «sexuées». Un exemple : intervenant à la demande d'une entreprise de l'agroalimentaire spécialisée dans l'abattage de viande, inquiète de la progression du nombre de maladies professionnelles parmi ses salariés, l'Anact s'était rendue compte que les premières touchées étaient les femmes. Quand les hommes étaient chargés de l'abattage des bêtes, de leur expédition et de la maintenance des machines, les femmes s'occupaient de la découpe fine de la viande et de son conditionnement. La pénibilité de l'abattage, et la pression temporelle, est bien connue, et donc surveillée. Personne en revanche n'avait pris conscience que la tâche des femmes impliquait un nombre très élevé de gestes par minute (entre 50 et 60) , créateurs de troubles musculo-squelettiques importants. L'agilité des femmes, souvent louée (à tort ou à raison) par leurs employeurs, a donc son revers dans la multiplication de petits gestes qui, à la longue, favorise le développement de TMS. Une pénibilité pourtant qui, parce qu'elle n'est pas directement visible, passe donc plus souvent inaperçue. Horaires fractionnés, contact avec le public... La pénibilité du travail féminin révèle aussi, parfois, des organisations du travail très sexuées. Dans une imprimerie, les spécialistes de l'Anact ont ainsi constaté que les femmes, à nouveau, se plaignaient plus de douleurs que les hommes. En réalité, les femmes de l'atelier concerné étaient spécialisées sur seulement cinq postes différents, où elles passaient toute leur carrière, tandis que les hommes évoluaient bien plus souvent et rapidement dans l'entreprise. Ils quittaient donc les postes pénibles avant que ne se déclarent des troubles chroniques. La pénibilité du travail féminin résultait donc, tout simplement, d'une organisation leur laissant peu de possibilités de promotion. Les métiers des femmes les exposent aussi fréquemment à des risques jusqu'à présent peu connus par la médecine du travail. Plus souvent que les hommes, par exemple, elles sont en contact avec le public et ses sollicitations, parfois porteuses d'importantes tensions: plateforme d'appel téléphonique, services sociaux et de santé, les femmes sont, dans ces secteurs, toujours en majorité. Et si les hommes travaillent plus longtemps, les femmes, elles, sont plus fréquemment soumises à des horaires fractionnés, et irréguliers, également difficiles à gérer. Enfin, quand les femmes exercent des métiers d'hommes, bien souvent, les normes et les postes de travail ont été mis au point pour l'autre sexe. L'inverse, bien entendu, est également vrai pour les métiers féminins exercé par des hommes. Conclusion des experts: pour améliorer la santé au travail, en général, se pencher sur les postes de travail et les parcours professionnel avec les yeux d'un homme et ceux d'une femme peut constituer un préalable intéressant.