5 septembre 2011. Un quartier d'Alger. Il était 7h du matin. Rabah, un boulanger de 22 ans, venait d'introduire dans le four un plateau de baguettes de pain lorsque Mahmoud, un des trois serveurs de la boulangerie où il travaillait, se planta devant lui. 5 septembre 2011. Un quartier d'Alger. Il était 7h du matin. Rabah, un boulanger de 22 ans, venait d'introduire dans le four un plateau de baguettes de pain lorsque Mahmoud, un des trois serveurs de la boulangerie où il travaillait, se planta devant lui. - Tu peux monter un moment, Rabah ? - Non, je ne peux pas... Tu vois bien que je travaille. Et puis pourquoi veux-tu que je monte ? - Il y a une jeune femme qui veut te voir. - Une jeune femme ? Je ne connais pas de jeune femme. Tu es bien certain que c'est bien moi qu'elle veut voir ? - Oui, bien sûr... Elle m'a dit que tu t'appelais Rabah et que ton père est mort il y a deux ans. - Hum... je viens... Je vais d'abord sortir une fournée. Quelques secondes plus tard, Rabah s'était trouvé en face d'une femme qui devait avoir entre 35 et 40 ans. - Vous vouliez me voir, madame ? - Vous êtes bien Rabah, le fils de Djamel qui est mort l'année dernière à la suite de... ? - Oui, madame. Que voulez-vous ? Je suis en plein boulot. Je dois faire cuire cinq cents baguettes de pain et une centaine de croissants. - Rassurez-vous, ce ne sera pas long. Je suis juste venue vous demander d'ouvrir bien les yeux sinon l'honneur de votre famille sera traîné dans la boue. - L'honneur de ma... Mais... mais ...que voulez-vous dire par là ? - Ce que j'ai à vous dire est très important...Vous n'avez pas une petite pause à la faveur de laquelle nous pouvons avoir une petite discussion ? Parce que si je parle vite, vous risquez de ne pas me comprendre. - Hum... je vois... Je vais charger quelqu'un de me remplacer au four et nous irons quelque part pour discuter. - Très bonne idée. Nous irons dans ma voiture. Je l'ai garée tout près d'ici. Le jeune homme enfila ses habits de sortie à la hâte, chargea quelqu'un de le remplacer et monta dans la voiture de la jeune femme. Celle-ci en le voyant monter dans sa voiture lui sourit mais Rabah n'eut aucune peine à deviner que son sourire cachait une immense inquiétude qu'elle ne tarda pas à lui transmettre. Ce qui l'incita à lui dire : - S'il vous plaît, madame, allez droit au but parce que vos propos ont semé l'effroi en moi. - Vous êtes effrayé alors que je ne vous ai encore rien dit. Qu'est-ce que ce sera lorsque je vous aurai dit ce que je sais. - S'il vous plaît, madame, allez droit au but. Qu'est-ce qui menace l'honneur de ma famille ? - Un homme... - Un homme ? - Oui, un certain Ramdane... - Ramdane ? L'ami de mon père, Allah yerrahmou... Nous parlons de la même personne, n'est-ce pas ? - Oui, oui.... - En quoi cet homme menace-t-il l'honneur de ma famille ? - Il est en train de tourner autour de votre mère. - Il tourne autour de ma mère ? Pourquoi ? Que lui veut-il ? La jeune femme regarda un bon moment le jeune boulanger et lui dit : - Vous n'allez tout de même pas me faire croire que vous êtes naïf au point d'ignorer ce que tout homme veut d'une femme lorsqu'il lui tourne autour ? Surtout si elle n'a que 41 ans et qu'elle est belle. - Hum... j'ai compris. Mais ce salaud ne sait-il pas que cette femme a fait le serment de ne s'occuper que de ses enfants ? - La plupart des mères, lorsque leur mari meurt, ne pensent à rien d'autre qu'à leurs enfants. Ce n'est pas le cas des hommes. Beaucoup d'entre eux se remarient au bout de quelques mois de veuvage... - Non, ma mère ne se remariera jamais. Elle ne peut pas abandonner ses enfants. J'ai encore des frères en bas âge. - Vous commencez à me comprendre, Rabah. Votre mère ne voudra jamais se remarier, c'est pourquoi il est très probable qu'entre elle et Ramdane il risque d'y avoir quelque chose de très important sans que cela ne se concrétise par un mariage. Ce sera alors une relation coupable que les gens finiront par découvrir et par condamner. Et je n'ose imaginer la honte qui s'abattra sur vous. Quand je dis «vous» je pense surtout à vos deux petites sœurs. Vous imaginez un peu leurs souffrances lorsque des gens méchants leur reprocheront d'avoir une mère égoïste, immorale ? - Oui... vous avez raison. Je dois surveiller ma mère. - Non... ce n'est pas votre mère qu'il faut surveiller mais ce Ramdane. Les femmes, et je sais de quoi je parle puisque j'en suis une, ne se retrouvent sur le mauvais chemin que si quelqu'un les y pousse. Si Ramdane s'éloigne d'elle, elle l'oubliera. S'il insiste et qu'il la relance à chaque fois, elle finira par céder. Les femmes sont très faibles, Rabah. Du moins un grand nombre d'entre elles. - Ma mère n'est pas faible... - Peut-être bien... mais moi à ta place, je ne courrai aucun risque. Je précéderai les événements et empêcherai que quelque chose d'irréparable se produise entre elle et Ramdane. - Oui... il faut que j'empêche l'irréparable comme vous dites. Je verrai Ramdane et je le sommerai de laisser tranquille ma mère. - Vous savez où le trouver ? - Oui... Il entre souvent dans le café qui se trouve là-bas. - Au beau milieu de votre quartier ! Il n'a pas froid aux yeux, le salaud. Il n'a pas peur de ce que les gens diront.... - Qu'est-ce que les gens diront ? C'est quelqu'un qui vient prendre une tasse de café... Il n'habite pas loin d'ici... - Il habite à une heure de marche d'ici et vous trouvez innocent qu'il choisisse de prendre son café juste en face de l'immeuble où vous habitez ? - Hum...c'est vrai. Vous avez raison... D'autant plus qu'en venant ici, il trouve sur son chemin trois établissements où il peut le prendre son maudit café presse. Après un très court moment de silence, Rabah demanda à la jeune femme : - Mais pourquoi tenez-vous à ce que Ramdane s'éloigne de ma mère ? Vous n'allez tout de même pas me faire croire que votre démarche est dictée uniquement par la générosité, parce que la générosité humaine je n'y crois plus depuis longtemps. Mon père a trois frères et après son enterrement, aucun d'entre eux n'est venu à la maison pour s'assurer qu'on ne manque de rien. - C'est juste... Ramdane et moi nous nous connaissons depuis longtemps. Nous étions sur le point de nous marier lorsque subitement, il a changé à mon égard. Il s'est mis à m'éviter, il ne me téléphone plus, il ne répond pas à mes appels... plusieurs fois je lui ai demandé ce que je lui ai fait pour qu'il se comporte ainsi avec moi et il me répondait à chaque fois qu'il passait par une grande remise en question de tout et que je devais m'armer de patience en attendant que tout rentre dans l'ordre et qu'il redevienne l'homme que j'ai toujours connu. Mais moi je ne suis pas dupe. J'ai compris qu'il y avait une autre femme... - Une autre femme, une autre femme... mais Ramdane est marié, madame... Et il a des enfants... Deux... je crois... - Oui... mais il ne s'entend pas avec son épouse... c'est pourquoi, il veut se remarier... - Hum... tout cela sent le pourri... Vous avez raison, je dois soustraire ma mère à ses sollicitations. - Mais allez y doucement, Rabah... Ramdane, je le connais très bien. Il passe d'une humeur à une autre à une vitesse extraordinaire. Il est très gentil et puis brusquement à la faveur d'une toute petite contrariété, il s'énerve et il se transforme en tempête de sable. - Je sais comment m'y prendre avec lui. - J'espère ; parce qu'il s'agit de mettre fin à une situation préjudiciable aussi bien pour vous, votre mère et vos sœurs que pour moi. Il ne s'agit pas de la rendre plus complexe et plus insupportable encore. (à suivre...) - Tu peux monter un moment, Rabah ? - Non, je ne peux pas... Tu vois bien que je travaille. Et puis pourquoi veux-tu que je monte ? - Il y a une jeune femme qui veut te voir. - Une jeune femme ? Je ne connais pas de jeune femme. Tu es bien certain que c'est bien moi qu'elle veut voir ? - Oui, bien sûr... Elle m'a dit que tu t'appelais Rabah et que ton père est mort il y a deux ans. - Hum... je viens... Je vais d'abord sortir une fournée. Quelques secondes plus tard, Rabah s'était trouvé en face d'une femme qui devait avoir entre 35 et 40 ans. - Vous vouliez me voir, madame ? - Vous êtes bien Rabah, le fils de Djamel qui est mort l'année dernière à la suite de... ? - Oui, madame. Que voulez-vous ? Je suis en plein boulot. Je dois faire cuire cinq cents baguettes de pain et une centaine de croissants. - Rassurez-vous, ce ne sera pas long. Je suis juste venue vous demander d'ouvrir bien les yeux sinon l'honneur de votre famille sera traîné dans la boue. - L'honneur de ma... Mais... mais ...que voulez-vous dire par là ? - Ce que j'ai à vous dire est très important...Vous n'avez pas une petite pause à la faveur de laquelle nous pouvons avoir une petite discussion ? Parce que si je parle vite, vous risquez de ne pas me comprendre. - Hum... je vois... Je vais charger quelqu'un de me remplacer au four et nous irons quelque part pour discuter. - Très bonne idée. Nous irons dans ma voiture. Je l'ai garée tout près d'ici. Le jeune homme enfila ses habits de sortie à la hâte, chargea quelqu'un de le remplacer et monta dans la voiture de la jeune femme. Celle-ci en le voyant monter dans sa voiture lui sourit mais Rabah n'eut aucune peine à deviner que son sourire cachait une immense inquiétude qu'elle ne tarda pas à lui transmettre. Ce qui l'incita à lui dire : - S'il vous plaît, madame, allez droit au but parce que vos propos ont semé l'effroi en moi. - Vous êtes effrayé alors que je ne vous ai encore rien dit. Qu'est-ce que ce sera lorsque je vous aurai dit ce que je sais. - S'il vous plaît, madame, allez droit au but. Qu'est-ce qui menace l'honneur de ma famille ? - Un homme... - Un homme ? - Oui, un certain Ramdane... - Ramdane ? L'ami de mon père, Allah yerrahmou... Nous parlons de la même personne, n'est-ce pas ? - Oui, oui.... - En quoi cet homme menace-t-il l'honneur de ma famille ? - Il est en train de tourner autour de votre mère. - Il tourne autour de ma mère ? Pourquoi ? Que lui veut-il ? La jeune femme regarda un bon moment le jeune boulanger et lui dit : - Vous n'allez tout de même pas me faire croire que vous êtes naïf au point d'ignorer ce que tout homme veut d'une femme lorsqu'il lui tourne autour ? Surtout si elle n'a que 41 ans et qu'elle est belle. - Hum... j'ai compris. Mais ce salaud ne sait-il pas que cette femme a fait le serment de ne s'occuper que de ses enfants ? - La plupart des mères, lorsque leur mari meurt, ne pensent à rien d'autre qu'à leurs enfants. Ce n'est pas le cas des hommes. Beaucoup d'entre eux se remarient au bout de quelques mois de veuvage... - Non, ma mère ne se remariera jamais. Elle ne peut pas abandonner ses enfants. J'ai encore des frères en bas âge. - Vous commencez à me comprendre, Rabah. Votre mère ne voudra jamais se remarier, c'est pourquoi il est très probable qu'entre elle et Ramdane il risque d'y avoir quelque chose de très important sans que cela ne se concrétise par un mariage. Ce sera alors une relation coupable que les gens finiront par découvrir et par condamner. Et je n'ose imaginer la honte qui s'abattra sur vous. Quand je dis «vous» je pense surtout à vos deux petites sœurs. Vous imaginez un peu leurs souffrances lorsque des gens méchants leur reprocheront d'avoir une mère égoïste, immorale ? - Oui... vous avez raison. Je dois surveiller ma mère. - Non... ce n'est pas votre mère qu'il faut surveiller mais ce Ramdane. Les femmes, et je sais de quoi je parle puisque j'en suis une, ne se retrouvent sur le mauvais chemin que si quelqu'un les y pousse. Si Ramdane s'éloigne d'elle, elle l'oubliera. S'il insiste et qu'il la relance à chaque fois, elle finira par céder. Les femmes sont très faibles, Rabah. Du moins un grand nombre d'entre elles. - Ma mère n'est pas faible... - Peut-être bien... mais moi à ta place, je ne courrai aucun risque. Je précéderai les événements et empêcherai que quelque chose d'irréparable se produise entre elle et Ramdane. - Oui... il faut que j'empêche l'irréparable comme vous dites. Je verrai Ramdane et je le sommerai de laisser tranquille ma mère. - Vous savez où le trouver ? - Oui... Il entre souvent dans le café qui se trouve là-bas. - Au beau milieu de votre quartier ! Il n'a pas froid aux yeux, le salaud. Il n'a pas peur de ce que les gens diront.... - Qu'est-ce que les gens diront ? C'est quelqu'un qui vient prendre une tasse de café... Il n'habite pas loin d'ici... - Il habite à une heure de marche d'ici et vous trouvez innocent qu'il choisisse de prendre son café juste en face de l'immeuble où vous habitez ? - Hum...c'est vrai. Vous avez raison... D'autant plus qu'en venant ici, il trouve sur son chemin trois établissements où il peut le prendre son maudit café presse. Après un très court moment de silence, Rabah demanda à la jeune femme : - Mais pourquoi tenez-vous à ce que Ramdane s'éloigne de ma mère ? Vous n'allez tout de même pas me faire croire que votre démarche est dictée uniquement par la générosité, parce que la générosité humaine je n'y crois plus depuis longtemps. Mon père a trois frères et après son enterrement, aucun d'entre eux n'est venu à la maison pour s'assurer qu'on ne manque de rien. - C'est juste... Ramdane et moi nous nous connaissons depuis longtemps. Nous étions sur le point de nous marier lorsque subitement, il a changé à mon égard. Il s'est mis à m'éviter, il ne me téléphone plus, il ne répond pas à mes appels... plusieurs fois je lui ai demandé ce que je lui ai fait pour qu'il se comporte ainsi avec moi et il me répondait à chaque fois qu'il passait par une grande remise en question de tout et que je devais m'armer de patience en attendant que tout rentre dans l'ordre et qu'il redevienne l'homme que j'ai toujours connu. Mais moi je ne suis pas dupe. J'ai compris qu'il y avait une autre femme... - Une autre femme, une autre femme... mais Ramdane est marié, madame... Et il a des enfants... Deux... je crois... - Oui... mais il ne s'entend pas avec son épouse... c'est pourquoi, il veut se remarier... - Hum... tout cela sent le pourri... Vous avez raison, je dois soustraire ma mère à ses sollicitations. - Mais allez y doucement, Rabah... Ramdane, je le connais très bien. Il passe d'une humeur à une autre à une vitesse extraordinaire. Il est très gentil et puis brusquement à la faveur d'une toute petite contrariété, il s'énerve et il se transforme en tempête de sable. - Je sais comment m'y prendre avec lui. - J'espère ; parce qu'il s'agit de mettre fin à une situation préjudiciable aussi bien pour vous, votre mère et vos sœurs que pour moi. Il ne s'agit pas de la rendre plus complexe et plus insupportable encore. (à suivre...)