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Un autre drame du tabagisme
Tentative de meurtre contre ascendant
Publié dans Le Midi Libre le 24 - 04 - 2012

On a tellement pris l'habitude d'affirmer que la drogue est dangereuse pour la santé que nous nous sommes surpris à fermer les yeux face aux méfaits du tabac qui peuvent s'avérer pourtant tout aussi catastrophiques et dangereux. L'affaire évoquée ci-dessous en est l'illustration.
On a tellement pris l'habitude d'affirmer que la drogue est dangereuse pour la santé que nous nous sommes surpris à fermer les yeux face aux méfaits du tabac qui peuvent s'avérer pourtant tout aussi catastrophiques et dangereux. L'affaire évoquée ci-dessous en est l'illustration.
Il est environ 20h dans ce village de haute Kabylie. Le vieux Ramdane (65 ans) était en train de regarder la télévision lorsqu'il entendit des éclats de voix dans une des nombreuses chambres de la maison qu'il avait construite aux prix de mille et un sacrifices. C'était encore Hamid, son fils cadet âgé de 26 ans, qui se disputait avec sa mère. Il se leva, se rendit à la cuisine et trouva son fils en train de hurler après sa mère :
- Bon Dieu ! mère, tu me prends pour un idiot ! Le vieux a construit une si grande maison à coups de je ne sais combien de millions et tu veux me faire croire qu'il n'y pas dans votre armoire un malheureux billet de 100 DA qui me permettrait d'acheter un paquet de cigarettes ?
Ramdane lui répondit avec colère :
- Il y a des malheureux billets de cent et de mille dinars dans cette armoire mais ils sont destinés à autre chose qu'à l'assouvissement de ton vice de toxicomane !
- Père, je ne suis pas toxicomane… C'est tout le monde qui fume, maintenant.
- Non, ce n'est pas tout le monde qui fume. Et je ne pense pas que leurs cigarettes soient financées par leurs parents. Ils travaillent, eux, et ils achètent eux-mêmes leur poison ! Allez réveille-toi ; va travailler comme tous ceux de ton âge. Tes frères aînés se sont tous débrouillés, travaillent et habitent à Alger… Toi, tu ne veux rien faire de ton existence.
- Tu veux que je fasse quelque chose de mon existence ? D'accord, père…
Le jeune homme monta dans la chambre.
Le vieux Ramdane fouetta l'air avec sa main droite en signe de dépit et retourna s'asseoir face à la télévision. Sa femme le suivit et lui dit :
- Tu as été trop dur avec lui…
- Je sais… il a 26 ans… il est temps qu'il se ressaisisse.
- Je pense que s'il se marie, il changera.
- Cesse de dire des bêtises, femme. Rien ne l'intéresse à part la cigarette. Moi aussi je me suis dit qu'en le mariant il finirait par devenir un homme. Mais je me suis dit qu'on ne ferait que compliquer son existence et la nôtre. Ses seuls projets d'avenir sont la manière avec laquelle il se procurera les cigarettes du lendemain. Tu veux mon avis ? On a mal fait de l'avoir conçu, celui-là.
- Tais-toi… ne parle pas ainsi, si jamais il t'entend, sa colère va se décupler. Il peut même commettre une bêtise irréparable. Tu as vu tous ces jeunes qui se suicident pour un oui ou pour un non ?
- Ceux-là se sont suicidés parce qu'ils vivaient dans une extrême misère…Ce n'est pas le cas de notre fils. Il a tout. Il vit comme Haroun Errachid. Il ne veut même pas travailler dans l'épicerie sous prétexte qu'il trouve dévalorisant de servir les gens du village… Bon s'il te plaît… laisse-moi regarder ce documentaire sur les animaux.
La mère s'en alla.
Ramdane se réinstalla dans son fauteuil mais avant de savourer la moindre séquence, il entendit la voix tonitruante de son fils dans son dos.
- Alors comme ça, tu ne veux pas me donner de quoi acheter des cigarettes ? Je ne veux que 100 DA !
- Non… A ton âge, tu dois être en mesure de gagner ton argent.
- C'est ta réponse ? Eh bien ! tu l'auras voulu !
Il se baissa et se saisit du fusil de chasse de son père qu'il pointa dans sa direction.
- Hé ! Que fais-tu, Hamid ? Fais attention, je l'ai chargé il y a deux jours…
- Je sais qu'il est chargé ; c'est pourquoi je l'ai pris.
- Mais tu ne vas pas… ?
Avant même qu'il n'ait fini de parler, Hamid appuya sur la gâchette et le coup de feu partit.
Ramdane tomba à la renverse touché par une charge de chevrotines au front, à la poitrine et aux épaules. Le jeune homme en voyant son père tomber, lâcha le fusil à ses pieds et s'enfuit. La mère arriva en catastrophe, vit son mari par terre baignant dans des flaques de sang et hurla de toutes ses forces. Les voisins accoururent et Ramdane fut transporté à l'hôpital le plus proche où il fut soigné.
Le lendemain matin, le jeune homme qui avait passé la nuit dans les bois, s'était constitué prisonnier et avait avoué avoir voulu tuer son père.
A la cour de Tizi-Ouzou où l'affaire a atterri il y a une semaine, Ramdane avait réitéré ce qu'il avait déjà affirmé, à savoir qu'il pardonnait à son fils qui avait agi sous l'effet de la colère qu'il avait lui-même provoquée en lui tenant des propos très durs alors que tout ce qu'il voulait c'était 100 DA pour l'achat de cigarettes. Le procureur général a requis contre lui 10 ans de prison ferme. Finalement, il écopera de 3 ans de prison.
Il est environ 20h dans ce village de haute Kabylie. Le vieux Ramdane (65 ans) était en train de regarder la télévision lorsqu'il entendit des éclats de voix dans une des nombreuses chambres de la maison qu'il avait construite aux prix de mille et un sacrifices. C'était encore Hamid, son fils cadet âgé de 26 ans, qui se disputait avec sa mère. Il se leva, se rendit à la cuisine et trouva son fils en train de hurler après sa mère :
- Bon Dieu ! mère, tu me prends pour un idiot ! Le vieux a construit une si grande maison à coups de je ne sais combien de millions et tu veux me faire croire qu'il n'y pas dans votre armoire un malheureux billet de 100 DA qui me permettrait d'acheter un paquet de cigarettes ?
Ramdane lui répondit avec colère :
- Il y a des malheureux billets de cent et de mille dinars dans cette armoire mais ils sont destinés à autre chose qu'à l'assouvissement de ton vice de toxicomane !
- Père, je ne suis pas toxicomane… C'est tout le monde qui fume, maintenant.
- Non, ce n'est pas tout le monde qui fume. Et je ne pense pas que leurs cigarettes soient financées par leurs parents. Ils travaillent, eux, et ils achètent eux-mêmes leur poison ! Allez réveille-toi ; va travailler comme tous ceux de ton âge. Tes frères aînés se sont tous débrouillés, travaillent et habitent à Alger… Toi, tu ne veux rien faire de ton existence.
- Tu veux que je fasse quelque chose de mon existence ? D'accord, père…
Le jeune homme monta dans la chambre.
Le vieux Ramdane fouetta l'air avec sa main droite en signe de dépit et retourna s'asseoir face à la télévision. Sa femme le suivit et lui dit :
- Tu as été trop dur avec lui…
- Je sais… il a 26 ans… il est temps qu'il se ressaisisse.
- Je pense que s'il se marie, il changera.
- Cesse de dire des bêtises, femme. Rien ne l'intéresse à part la cigarette. Moi aussi je me suis dit qu'en le mariant il finirait par devenir un homme. Mais je me suis dit qu'on ne ferait que compliquer son existence et la nôtre. Ses seuls projets d'avenir sont la manière avec laquelle il se procurera les cigarettes du lendemain. Tu veux mon avis ? On a mal fait de l'avoir conçu, celui-là.
- Tais-toi… ne parle pas ainsi, si jamais il t'entend, sa colère va se décupler. Il peut même commettre une bêtise irréparable. Tu as vu tous ces jeunes qui se suicident pour un oui ou pour un non ?
- Ceux-là se sont suicidés parce qu'ils vivaient dans une extrême misère…Ce n'est pas le cas de notre fils. Il a tout. Il vit comme Haroun Errachid. Il ne veut même pas travailler dans l'épicerie sous prétexte qu'il trouve dévalorisant de servir les gens du village… Bon s'il te plaît… laisse-moi regarder ce documentaire sur les animaux.
La mère s'en alla.
Ramdane se réinstalla dans son fauteuil mais avant de savourer la moindre séquence, il entendit la voix tonitruante de son fils dans son dos.
- Alors comme ça, tu ne veux pas me donner de quoi acheter des cigarettes ? Je ne veux que 100 DA !
- Non… A ton âge, tu dois être en mesure de gagner ton argent.
- C'est ta réponse ? Eh bien ! tu l'auras voulu !
Il se baissa et se saisit du fusil de chasse de son père qu'il pointa dans sa direction.
- Hé ! Que fais-tu, Hamid ? Fais attention, je l'ai chargé il y a deux jours…
- Je sais qu'il est chargé ; c'est pourquoi je l'ai pris.
- Mais tu ne vas pas… ?
Avant même qu'il n'ait fini de parler, Hamid appuya sur la gâchette et le coup de feu partit.
Ramdane tomba à la renverse touché par une charge de chevrotines au front, à la poitrine et aux épaules. Le jeune homme en voyant son père tomber, lâcha le fusil à ses pieds et s'enfuit. La mère arriva en catastrophe, vit son mari par terre baignant dans des flaques de sang et hurla de toutes ses forces. Les voisins accoururent et Ramdane fut transporté à l'hôpital le plus proche où il fut soigné.
Le lendemain matin, le jeune homme qui avait passé la nuit dans les bois, s'était constitué prisonnier et avait avoué avoir voulu tuer son père.
A la cour de Tizi-Ouzou où l'affaire a atterri il y a une semaine, Ramdane avait réitéré ce qu'il avait déjà affirmé, à savoir qu'il pardonnait à son fils qui avait agi sous l'effet de la colère qu'il avait lui-même provoquée en lui tenant des propos très durs alors que tout ce qu'il voulait c'était 100 DA pour l'achat de cigarettes. Le procureur général a requis contre lui 10 ans de prison ferme. Finalement, il écopera de 3 ans de prison.


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