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L'homme révolté crée la polémique
Exposition de Camus à Aix-en-Provence
Publié dans Le Midi Libre le 18 - 08 - 2012

Il y a quelques temps de cela, la polémique était chez nous. En 2010, des intellectuels avaient entamé une résistance en signant une pétition interdisant la caravane de Camus en Algérie. Aujourd'hui la polémique est de l'autre côté de la rive, en France une autre polémique vient de surgir pour le financement de l'exposition «Camus, l'homme révolté » à Aix-en-Provence.
Il y a quelques temps de cela, la polémique était chez nous. En 2010, des intellectuels avaient entamé une résistance en signant une pétition interdisant la caravane de Camus en Algérie. Aujourd'hui la polémique est de l'autre côté de la rive, en France une autre polémique vient de surgir pour le financement de l'exposition «Camus, l'homme révolté » à Aix-en-Provence.
Ainsi, l'exposition «Camus: l'homme révolté », qui devrait avoir lieu fin 2013 à Aix-en-Provence, continue de faire polémique. La ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, a déclaré que son ministère ne financerait pas ce projet.
L'annonçant au journal français Libération l'exposition, qui devrait ouvrir ses portes en 2013 à Aix-en-Provence, ne bénéficiera ni du logo du ministère de la Culture ni du moindre financement. Un premier projet d'exposition, dont l'organisation devait être confiée à l'historien Benjamin Stora, avait été brutalement annulé en mai 2012 dans des conditions obscures. Officieusement, l'attrait de Stora pour les thèses indépendantistes chères à Camus expliquerait son rejet par la maire UMP d'Aix-en-Provence, Maryse Joissains-Masini, elle-même soupçonnée de cultiver un certaine nostalgie de l'Algérie française.
Il y a deux semaines, Maryse Joissains-Masini avait finalement annoncé qu'une exposition consacrée à Camus aurait bien lieu, mais que Michel Onfray avait accepté d'en être le nouveau commissaire. La ministre, Aurélie Filippetti, avait alors décidé d'intervenir dans ce dossier complexe. "La vraie belle exposition Camus aurait été l'éclairage de Benjamin Stora, qui est à la fois un admirateur de Camus et le meilleur spécialiste de la guerre d'Algérie. Il partage en plus les mêmes paysages que ceux de Camus, le même paysage mental en tout cas. Ça aurait été remarquable", a-t-elle expliqué à Libération lundi dernier. Elle a donc demandé aux responsables de la manifestation "Marseille-Provence 2013, capitale européenne de la culture" de ne pas accorder leur label à l'exposition Camus. Albert Camus qui est né le 7 novembre 1913 à Mondovi à proximité de Bône (actuellement Annaba) dans le département de Constantine (depuis 1962 Dréan dans la wilaya d'El Taref) en Algérie, et mort le 4 janvier 1960 à Villeblevin dans l'Yonne, est un écrivain : philosophe, romancier, dramaturge, essayiste et nouvelliste français. Il fut aussi un journaliste militant engagé dans la Résistance française et dans les combats moraux de l'après-guerre.L'œuvre de Camus comprend des pièces de théâtre, des romans, des nouvelles, des poèmes et des essais dans lesquels il développe un humanisme fondé sur la prise de conscience de l'absurdité de la condition humaine mais aussi sur la révolte comme réponse à l'absurde, révolte qui conduit à l'action et donne un sens au monde et à l'existence, et « alors naît la joie étrange qui aide à vivre et mourir ».
Sa critique du totalitarisme soviétique lui vaut les anathèmes des communistes et conduit à la brouille avec Jean-Paul Sartre. Il reçoit le Prix Nobel de littérature en 1957, sa réputation et son influence restent grandes dans le monde.
Selon Bertrand Poirot-Delpech, les essais sur son œuvre ont abondé juste après sa mort, tandis qu'on rendait très peu compte de sa vie. Les premières biographies ne sont apparues que dix-huit ans après sa mort. Parmi celles-ci, la plus impressionnante est celle de Herbert R. Lottman3, un journaliste américain observateur de la littérature européenne pour The New York Times et le Publishers Weekly.
Dans le journal Combat, ses prises de position sont courageuses autant que déconcertantes, aussi bien sur la question de l'Algérie que sur ses rapports avec le Parti communiste qu'il quitte après un court passage de deux ans. Camus est d'abord témoin de son temps, intransigeant, refusant toute compromission. Il est ainsi amené à s'opposer à Sartre et à se brouiller avec d'anciens amis. D'après Herbert R. Lottman, Camus n'appartient à aucune famille politique déterminée, mais on sait tout de même qu'il fut adhérent au Parti communiste algérien pendant deux ans. Il ne s'est cependant dérobé devant aucun combat : il a successivement protesté contre les inégalités qui frappaient les musulmans d'Afrique du Nord, puis contre la caricature du pied-noir exploiteur. Il est allé au secours des Espagnols exilés antifascistes, des victimes du stalinisme, des objecteurs de conscience.
Une œuvre qui crée la polémique
En octobre 1951, la publication de L'homme révolté provoque de violentes polémiques où Camus est attaqué à sa gauche. La rupture avec Jean-Paul Sartre a lieu en 1952, après la publication dans Les Temps modernes de l'article de Jeanson qui reproche à la révolte de Camus d'être
«délibérément statique». En 1954, Camus s'installe dans son appartement parisien du 4, rue de Chanaleilles. Dans le même immeuble et durant la même période, habitait René Char, poète et résistant français. En 1956, à Alger, il lance son Appel pour la trêve civile, tandis que dehors sont proférées à son encontre des menaces de mort. Son plaidoyer pacifique pour une solution équitable du conflit est alors très mal compris, ce qui lui vaudra de rester méconnu de son vivant par ses compatriotes pieds-noirs en Algérie puis, après l'indépendance, par les Algériens qui lui ont reproché de ne pas avoir milité pour cetteindépendance.
Haï par les défenseurs du colonialisme français, il sera forcé de partir d'Alger sous protection. Toujours en 1956, il publie La Chute, livre pessimiste dans lequel il s'en prend à l'existentialisme sans pour autant s'épargner lui-même. Il démissionne de l'Unesco pour protester contre l'admission de l'Espagne franquiste. C'est un an plus tard, en 1957, qu'il reçoit le prix Nobel de littérature. Interrogé à Stockholm par un étudiant musulman originaire d'Algérie, sur le caractère juste de la lutte pour l'indépendance menée par le F.L.N. en dépit des attentats terroristes frappant les populations civiles, il répond clairement : «Si j'avais à choisir entre cette justice et ma mère, je choisirais encore ma mère». Cette phrase, souvent déformée, lui sera souvent reprochée. Il suffit pourtant de rappeler d'une part que Camus vénérait sa mère, d'autre part que celle-ci vivait alors à Alger dans un quartier très populaire particulièrement exposé aux risques d'attentats. Albert Camus était contre l'indépendance de l'Algérie et écrivit en 1958 dans la dernière de ses Chroniques algériennes que
«l'indépendance nationale [de l'Algérie] est une formule purement passionnelle». Il dénonça néanmoins l'injustice faite aux musulmans et la caricature du pied-noir exploiteur, et disait souhaiter la fin du système colonial mais avec une Algérie toujours française, proposition qui peut paraître contradictoire.Pour ce qui est du communisme, il proteste contre la répression sanglante des révoltes de Berlin-Est (juin 1953) et contre l'expansionnisme communiste à Budapest (septembre 1956).
Ainsi, l'exposition «Camus: l'homme révolté », qui devrait avoir lieu fin 2013 à Aix-en-Provence, continue de faire polémique. La ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, a déclaré que son ministère ne financerait pas ce projet.
L'annonçant au journal français Libération l'exposition, qui devrait ouvrir ses portes en 2013 à Aix-en-Provence, ne bénéficiera ni du logo du ministère de la Culture ni du moindre financement. Un premier projet d'exposition, dont l'organisation devait être confiée à l'historien Benjamin Stora, avait été brutalement annulé en mai 2012 dans des conditions obscures. Officieusement, l'attrait de Stora pour les thèses indépendantistes chères à Camus expliquerait son rejet par la maire UMP d'Aix-en-Provence, Maryse Joissains-Masini, elle-même soupçonnée de cultiver un certaine nostalgie de l'Algérie française.
Il y a deux semaines, Maryse Joissains-Masini avait finalement annoncé qu'une exposition consacrée à Camus aurait bien lieu, mais que Michel Onfray avait accepté d'en être le nouveau commissaire. La ministre, Aurélie Filippetti, avait alors décidé d'intervenir dans ce dossier complexe. "La vraie belle exposition Camus aurait été l'éclairage de Benjamin Stora, qui est à la fois un admirateur de Camus et le meilleur spécialiste de la guerre d'Algérie. Il partage en plus les mêmes paysages que ceux de Camus, le même paysage mental en tout cas. Ça aurait été remarquable", a-t-elle expliqué à Libération lundi dernier. Elle a donc demandé aux responsables de la manifestation "Marseille-Provence 2013, capitale européenne de la culture" de ne pas accorder leur label à l'exposition Camus. Albert Camus qui est né le 7 novembre 1913 à Mondovi à proximité de Bône (actuellement Annaba) dans le département de Constantine (depuis 1962 Dréan dans la wilaya d'El Taref) en Algérie, et mort le 4 janvier 1960 à Villeblevin dans l'Yonne, est un écrivain : philosophe, romancier, dramaturge, essayiste et nouvelliste français. Il fut aussi un journaliste militant engagé dans la Résistance française et dans les combats moraux de l'après-guerre.L'œuvre de Camus comprend des pièces de théâtre, des romans, des nouvelles, des poèmes et des essais dans lesquels il développe un humanisme fondé sur la prise de conscience de l'absurdité de la condition humaine mais aussi sur la révolte comme réponse à l'absurde, révolte qui conduit à l'action et donne un sens au monde et à l'existence, et « alors naît la joie étrange qui aide à vivre et mourir ».
Sa critique du totalitarisme soviétique lui vaut les anathèmes des communistes et conduit à la brouille avec Jean-Paul Sartre. Il reçoit le Prix Nobel de littérature en 1957, sa réputation et son influence restent grandes dans le monde.
Selon Bertrand Poirot-Delpech, les essais sur son œuvre ont abondé juste après sa mort, tandis qu'on rendait très peu compte de sa vie. Les premières biographies ne sont apparues que dix-huit ans après sa mort. Parmi celles-ci, la plus impressionnante est celle de Herbert R. Lottman3, un journaliste américain observateur de la littérature européenne pour The New York Times et le Publishers Weekly.
Dans le journal Combat, ses prises de position sont courageuses autant que déconcertantes, aussi bien sur la question de l'Algérie que sur ses rapports avec le Parti communiste qu'il quitte après un court passage de deux ans. Camus est d'abord témoin de son temps, intransigeant, refusant toute compromission. Il est ainsi amené à s'opposer à Sartre et à se brouiller avec d'anciens amis. D'après Herbert R. Lottman, Camus n'appartient à aucune famille politique déterminée, mais on sait tout de même qu'il fut adhérent au Parti communiste algérien pendant deux ans. Il ne s'est cependant dérobé devant aucun combat : il a successivement protesté contre les inégalités qui frappaient les musulmans d'Afrique du Nord, puis contre la caricature du pied-noir exploiteur. Il est allé au secours des Espagnols exilés antifascistes, des victimes du stalinisme, des objecteurs de conscience.
Une œuvre qui crée la polémique
En octobre 1951, la publication de L'homme révolté provoque de violentes polémiques où Camus est attaqué à sa gauche. La rupture avec Jean-Paul Sartre a lieu en 1952, après la publication dans Les Temps modernes de l'article de Jeanson qui reproche à la révolte de Camus d'être
«délibérément statique». En 1954, Camus s'installe dans son appartement parisien du 4, rue de Chanaleilles. Dans le même immeuble et durant la même période, habitait René Char, poète et résistant français. En 1956, à Alger, il lance son Appel pour la trêve civile, tandis que dehors sont proférées à son encontre des menaces de mort. Son plaidoyer pacifique pour une solution équitable du conflit est alors très mal compris, ce qui lui vaudra de rester méconnu de son vivant par ses compatriotes pieds-noirs en Algérie puis, après l'indépendance, par les Algériens qui lui ont reproché de ne pas avoir milité pour cetteindépendance.
Haï par les défenseurs du colonialisme français, il sera forcé de partir d'Alger sous protection. Toujours en 1956, il publie La Chute, livre pessimiste dans lequel il s'en prend à l'existentialisme sans pour autant s'épargner lui-même. Il démissionne de l'Unesco pour protester contre l'admission de l'Espagne franquiste. C'est un an plus tard, en 1957, qu'il reçoit le prix Nobel de littérature. Interrogé à Stockholm par un étudiant musulman originaire d'Algérie, sur le caractère juste de la lutte pour l'indépendance menée par le F.L.N. en dépit des attentats terroristes frappant les populations civiles, il répond clairement : «Si j'avais à choisir entre cette justice et ma mère, je choisirais encore ma mère». Cette phrase, souvent déformée, lui sera souvent reprochée. Il suffit pourtant de rappeler d'une part que Camus vénérait sa mère, d'autre part que celle-ci vivait alors à Alger dans un quartier très populaire particulièrement exposé aux risques d'attentats. Albert Camus était contre l'indépendance de l'Algérie et écrivit en 1958 dans la dernière de ses Chroniques algériennes que
«l'indépendance nationale [de l'Algérie] est une formule purement passionnelle». Il dénonça néanmoins l'injustice faite aux musulmans et la caricature du pied-noir exploiteur, et disait souhaiter la fin du système colonial mais avec une Algérie toujours française, proposition qui peut paraître contradictoire.Pour ce qui est du communisme, il proteste contre la répression sanglante des révoltes de Berlin-Est (juin 1953) et contre l'expansionnisme communiste à Budapest (septembre 1956).


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