La notion de «repentance» dans l'écriture de l'Histoire, dans le droit international ainsi que dans la reconnaissance des crimes commis par les anciennes puissances coloniales est analysée par des intellectuels algériens, tunisiens et français dans «Aspects de la repentance», un livre-recueil publié récemment aux éditions algériennes Barzakh. La notion de «repentance» dans l'écriture de l'Histoire, dans le droit international ainsi que dans la reconnaissance des crimes commis par les anciennes puissances coloniales est analysée par des intellectuels algériens, tunisiens et français dans «Aspects de la repentance», un livre-recueil publié récemment aux éditions algériennes Barzakh. L'ouvrage collectif, dirigé par le philosophe et mathématicien algérien Ismaël-Sélim Khaznadar, se veut une contribution pour l'amorce — en cette année du cinquantenaire de l'indépendance politique de l'Algérie — d'un débat exigeant dans un contexte international marqué par des tentations de «prédations néo-coloniales» et une «guerre des mémoires». Ismaël-Sélim Khaznadar a sollicité des spécialistes (professeurs en sciences politiques, journalistes, historiens, philosophes) pour réfléchir sur la «repentance», un concept religieux appartenant à la tradition chrétienne, et les conséquences de son application à l'histoire, au droit et à la politique. «Le thème de la ‘repentance' introduit dans la vie politique contemporaine, comme le montre ce recueil, a une connotation morale et religieuse qui veut transformer le travail historique...», en se substituant au travail de la justice, écrit, en préface, l'universitaire tunisienne Hélé Béji. Ismaël-Sélim Khaznadar rappelle, dans la présentation du livre, que le «repentir», «noyau de la repentance», est une démarche individuelle, expression d'une culpabilité en rapport avec un pêché commis par le même individu. Dès lors, il s'interroge sur la possible reconnaissance d'une culpabilité collective sous forme de «repentance», définie comme un «élan d'une collectivité qui se reconnaît coupable, dirigée vers une autre, outragée...», surtout si cette démarche émane d'une société ayant hérité de la responsabilité de crimes passés, comme la colonisation, la traite des esclaves ou le génocide juif par l'Allemagne nazie. «Question rude entre toutes», estime l'auteur, car la repentance «ne peut ni diminuer ni tarir la question de la responsabilité», écrit-il, y voyant un risque de «contrefaire durablement le seul travail qui peut valoir» : la connaissance précise des faits. A la «repentance», le mathématicien préfère l'»élucidation», englobant «l'acquisition aussi fine que complète des faits historiques», démarche à même de «consolider l'avenir», et d'éviter la reproduction des crimes en question, ainsi qu'il le démontre dans Elucider ou se repentir ?. L'apparition d'un sentiment de culpabilité en Occident est évoquée dans Repentance ou vigilance de la philosophe française Françoise Dastur. L'auteure estime que ce sentiment, très présent dans le discours politique occidental, est lié au procès de Nuremberg, premier tribunal international mis en place à la fin de la Seconde Guerre mondiale pour juger des responsables du régime nazi, où les termes de «génocide», «crimes de guerre» et «crimes contre l'humanité» sont utilisés pour la première fois, rappelle-t-elle. Françoise Dastur souligne le caractère «sélectif» de ce tribunal, puisque lors du procès de Nuremberg, «procès intenté par les vaincus au vainqueurs», ainsi qualifié par elle, des massacres comme ceux à l'égard du peuple tzigane ne furent simplement pas évoqués. Des institutions internationales «conçues en fonction des intérêts occidentaux», contredisant, selon elle, la thèse d'un «monde occidental» qui ne ferait aujourd'hui que «macérer dans la honte de soi». Cette dernière expression est empruntée à l'essayiste français Pascal Brunker, auteur de la Tyrannie de la pénitence, un livre, appelant dans le sillage d'un discours présent en France sous la présidence de Nicolas Sarkozy, à «en finir avec la repentance», en refusant de reconnaître la responsabilité de l'Etat français dans les crimes de la colonisation. Une idéologie fustigée par le célèbre éditeur François Maspero dans Le repentir : un alibi ? où il voit dans le nombre important de «lois mémorielles» votées en France, à cette période, un risque que la lecture de l'Histoire soit «dictée par le législateur, et le pouvoir politique», prévient-il. L'éditeur estime que le «repentir» n'est pas une «notion historique», car privilégiant «des zones d'ombre», en reconnaissant des crimes au détriment d'autres à des fins électorales, croit-il. Bien que le débat sur la «repentance» ait surtout dominé le paysage politique français, la notion interpelle également des intellectuels algériens, comme le sociologue et historien Hassan Remaoun qui rappelle la polémique suscitée par le vote, par l'Assemblée française, de la loi du 25 février 2005, vantant les supposés «bienfaits de la colonisation». Il reproduit, à cet égard, le texte d'une pétition lancée en novembre 2007 et publiée dans des journaux algériens et français, titrée : «France-Algérie: dépassons le contentieux historique». Le débat sur la repentance risque, selon certains auteurs, de faire oublier les injustices actuelles, souvent menées au nom des mêmes principes, comme le suggère Françoise Dastur ou encore la journaliste algérienne Salima Ghezali. L'expression collective de la repentance, préférée à la connaissance des faits, porteuse de leçons, risque de voir «la dette envers les morts» l'emporter sur le «devoir envers les vivants», prévient Françoise Dastur. L'ouvrage collectif, dirigé par le philosophe et mathématicien algérien Ismaël-Sélim Khaznadar, se veut une contribution pour l'amorce — en cette année du cinquantenaire de l'indépendance politique de l'Algérie — d'un débat exigeant dans un contexte international marqué par des tentations de «prédations néo-coloniales» et une «guerre des mémoires». Ismaël-Sélim Khaznadar a sollicité des spécialistes (professeurs en sciences politiques, journalistes, historiens, philosophes) pour réfléchir sur la «repentance», un concept religieux appartenant à la tradition chrétienne, et les conséquences de son application à l'histoire, au droit et à la politique. «Le thème de la ‘repentance' introduit dans la vie politique contemporaine, comme le montre ce recueil, a une connotation morale et religieuse qui veut transformer le travail historique...», en se substituant au travail de la justice, écrit, en préface, l'universitaire tunisienne Hélé Béji. Ismaël-Sélim Khaznadar rappelle, dans la présentation du livre, que le «repentir», «noyau de la repentance», est une démarche individuelle, expression d'une culpabilité en rapport avec un pêché commis par le même individu. Dès lors, il s'interroge sur la possible reconnaissance d'une culpabilité collective sous forme de «repentance», définie comme un «élan d'une collectivité qui se reconnaît coupable, dirigée vers une autre, outragée...», surtout si cette démarche émane d'une société ayant hérité de la responsabilité de crimes passés, comme la colonisation, la traite des esclaves ou le génocide juif par l'Allemagne nazie. «Question rude entre toutes», estime l'auteur, car la repentance «ne peut ni diminuer ni tarir la question de la responsabilité», écrit-il, y voyant un risque de «contrefaire durablement le seul travail qui peut valoir» : la connaissance précise des faits. A la «repentance», le mathématicien préfère l'»élucidation», englobant «l'acquisition aussi fine que complète des faits historiques», démarche à même de «consolider l'avenir», et d'éviter la reproduction des crimes en question, ainsi qu'il le démontre dans Elucider ou se repentir ?. L'apparition d'un sentiment de culpabilité en Occident est évoquée dans Repentance ou vigilance de la philosophe française Françoise Dastur. L'auteure estime que ce sentiment, très présent dans le discours politique occidental, est lié au procès de Nuremberg, premier tribunal international mis en place à la fin de la Seconde Guerre mondiale pour juger des responsables du régime nazi, où les termes de «génocide», «crimes de guerre» et «crimes contre l'humanité» sont utilisés pour la première fois, rappelle-t-elle. Françoise Dastur souligne le caractère «sélectif» de ce tribunal, puisque lors du procès de Nuremberg, «procès intenté par les vaincus au vainqueurs», ainsi qualifié par elle, des massacres comme ceux à l'égard du peuple tzigane ne furent simplement pas évoqués. Des institutions internationales «conçues en fonction des intérêts occidentaux», contredisant, selon elle, la thèse d'un «monde occidental» qui ne ferait aujourd'hui que «macérer dans la honte de soi». Cette dernière expression est empruntée à l'essayiste français Pascal Brunker, auteur de la Tyrannie de la pénitence, un livre, appelant dans le sillage d'un discours présent en France sous la présidence de Nicolas Sarkozy, à «en finir avec la repentance», en refusant de reconnaître la responsabilité de l'Etat français dans les crimes de la colonisation. Une idéologie fustigée par le célèbre éditeur François Maspero dans Le repentir : un alibi ? où il voit dans le nombre important de «lois mémorielles» votées en France, à cette période, un risque que la lecture de l'Histoire soit «dictée par le législateur, et le pouvoir politique», prévient-il. L'éditeur estime que le «repentir» n'est pas une «notion historique», car privilégiant «des zones d'ombre», en reconnaissant des crimes au détriment d'autres à des fins électorales, croit-il. Bien que le débat sur la «repentance» ait surtout dominé le paysage politique français, la notion interpelle également des intellectuels algériens, comme le sociologue et historien Hassan Remaoun qui rappelle la polémique suscitée par le vote, par l'Assemblée française, de la loi du 25 février 2005, vantant les supposés «bienfaits de la colonisation». Il reproduit, à cet égard, le texte d'une pétition lancée en novembre 2007 et publiée dans des journaux algériens et français, titrée : «France-Algérie: dépassons le contentieux historique». Le débat sur la repentance risque, selon certains auteurs, de faire oublier les injustices actuelles, souvent menées au nom des mêmes principes, comme le suggère Françoise Dastur ou encore la journaliste algérienne Salima Ghezali. L'expression collective de la repentance, préférée à la connaissance des faits, porteuse de leçons, risque de voir «la dette envers les morts» l'emporter sur le «devoir envers les vivants», prévient Françoise Dastur.