Le message de Jack Lang vient secouer le gouvernement en pleine campagne présidentielle. Le débat sur le colonialisme et l'acte de repentance irrite sévèrement les responsables français. Les déclarations de Jack Lang, émissaire de Ségolène Royal, lors de sa visite en Algérie, ont mis en ébullition la scène politique française. Des partis politiques et même le gouvernement De Villepin n'ont pas pu «digérer» ces déclarations demandant à la France officielle de se repentir et de demander pardon pour les crimes commis en Algérie. L'ancien ministre de l'Education n'a pas eu froid aux yeux pour clamer haut et fort qu' «il faut réformer les manuels scolaires français qui présentent une histoire idyllique du colonialisme» et «décoloniser les mentalités». Contrairement aux autres responsables français qui se sont succédés à Alger, Jack Lang a reconnu qu' «il y a un devoir de réparation historique à l'égard de l'Algérie». En réaction à ces propos, le ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, a estimé hier que la France devait cesser de se «battre la coulpe». «Méfions-nous de la mauvaise conscience et de la repentance permanente. Tout cela est lié au raidissement de la mémoire, au souvenir nécessairement douloureux de la colonisation», a-t-il déclaré sur Europe1. Tout en refusant l'acte de repentance, le promoteur de la loi du 23 février a estimé, cependant, nécessaire de tourner la page. «Mais regardons vers l'avant. 74% des Algériens ont moins de 25 ans. Il faudrait maintenant tourner une page et arriver à regarder l'Algérie comme un partenaire d'égal à égal». Ces propos confirment bel et bien que le message de Jack Lang a fait son effet au sein du gouvernement De Villepin. Par ailleurs, les adversaires de la candidate à la course présidentielle ont trouvé, quant à eux, matière à critiquer. Le candidat au palais de l'Elysée, François Bayrou a jugé qu'il s'agissait là d'une «grave imprudence». «Chaque fois qu'on essaie d'instruire le procès, en injuriant ou en insultant ceux qui ont donné leur vie», qui ont participé à «un effort dont je rappelle qu'il était l'effort de la République et spécialement de la gauche, on creuse à nouveau les blessures du pays», a estimé le candidat UDF. Sans surprise, le leader de l'extrême droite, Jean-Marie Le Pen, quant à lui, semble avoir trouvé du fil à retordre pour mettre sa machine en branle. «Si M.Lang entend par là les regrets que nous devrions avoir vis-à-vis de l'Algérie, c'est une opinion crapuleuse, c'est scandaleux de dire cela», a-t-il déclaré lors du grand rendez-vous Europe 1/TV5Monde. Le président du Front national a expliqué que «si la France doit demander des comptes, elle doit le demander à ceux qui ont permis le départ dans la ruine d'un million de Français métropolitains après l'indépendance de l'Algérie». Versant dans la surenchère patriotique, il dira: «Je suis fier d'être Français, j'accepte l'histoire de la France, quelle qu'elle soit, malgré ses erreurs, malgré ses faiblesses, et aussi grâce tout de même à son apport exceptionnel, d'abord pour les Français, et ensuite pour le monde», a-t-il ajouté, précisant que la «repentance lui sortait par les yeux». Il faut reconnaître qu'a travers l'acte de repentance, l'Algérie se présente comme une carte décisive dans le prochain rendez-vous électoral. Cette question risque d'avorter tous les efforts de rapprochement avec l'Algérie.