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Passion dans un sachet-poubelle
Avortement
Publié dans Le Midi Libre le 11 - 09 - 2012

Un proverbe des montagnes de Kabylie énonce que l'amour des parents pour leur progéniture est parfois si grand qu'ils en deviennent la risée parmi les gens (*). Dans l'affaire ci-dessous, un aperçu de ce qu'une maman peut consentir pour protéger sa fille.
Un proverbe des montagnes de Kabylie énonce que l'amour des parents pour leur progéniture est parfois si grand qu'ils en deviennent la risée parmi les gens (*). Dans l'affaire ci-dessous, un aperçu de ce qu'une maman peut consentir pour protéger sa fille.
La jeune fille de 26 ans se précipita vers la salle de bains et se mit à vomir. Sa mère qui se trouvait dans la cuisine l'avait entendue et s'approcha d'elle.
- Qu'est-ce que tu as ? Tu ne supportes pas le jeûne ?
Tout en maintenant sa tête sous le filet d'eau du lavabo, la jeune fille répondit :
- Tout va bien maman, tout va bien...
- C'est peut-être à cause de la chaleur ? Elle est exceptionnelle cette année.
- Peut-être, maman...
- De toutes les manières, comme ton estomac est vide, tu n'as rien à vomir.
Tout en parlant, la mère de 48 ans regarda le ventre de sa fille.
-En tout cas, je trouve que le ramadan te réussit. Tu as pris de l'embonpoint.
La mère voulut tâter le ventre de sa fille et celle-ci s'écria :
- Non, non ! Maman, ne me touche pas !
La mère sursauta et ses yeux augmentèrent de volume. Puis, elle esquissa un mouvement de recul et plaqua ses mains contre sa poitrine.
- T... tu... tu... tu... est... enceinte ? Qu'est-ce que tu as fait ? Qu'est-ce que tu as fait ? Qu'est-ce que tu as fait ?
Elle tomba par terre et se mit à sangloter... sa fille s'agenouilla pour lui porter secours mais elle la repoussa :
- Eloigne-toi, éloigne-toi... éloigne-toi de moi...
La jeune fille s'éloigna de sa mère. Elle la regarda un moment, puis soudain sortit de la salle de bains en courant. Sa mère se leva aussitôt et courut après elle. Elle la rejoignit au moment où elle se saisissait du couteau de cuisine avec lequel quelques instants plus tôt elle épluchait les légumes. Elle le lui enleva et la serra contre elle un bon moment. Puis quand elle eut desserré son étreinte, elle lui dit :
- Heureusement que ton père est parti en mission... s'il était là et qu'il avait appris ce qui t'arrive, il t'aurait tuée.
- Et il aura eu raison, mère ; je ne mérite pas de vivre...
- C'est moi qui ne mérite pas de vivre ; moi qui n'ai pas su suffisamment te mettre en garde contre ce genre de choses...
- Non...maman... tout est de ma faute... c'est moi qui suis une forte tête... je me crois intelligente alors que...
- Tu sais qui est le père ?
- Oui...
Une fois que la mère eut pris connaissance de l'identité du père du bébé, elle hocha la tête plusieurs fois de gauche à droite.
- Je te comprends ma fille... c'est un beau garçon... et arrogant comme son père et sa mère... on ne gagnera rien en cherchant à les affronter...
- Mais il est convaincu de son innocence. Il est convaincu que ce n'est pas lui...
- C'est toujours ainsi... c'est toujours ainsi... ton père revient dans une semaine... ce qui nous laisse le temps de nous débarrasser de ce fœtus... oh ! Mon Dieu ! Dans quelle situation tu nous as fourrées, ma fille !
Après avoir réfléchi un bon moment, la mère prit une décision.
- Je demanderai à ma nièce de te l'enlever... elle est gynécologue.
- Maman c'est dangereux... il y a des femmes qui meurent en avortant.
- Et alors ? Tu as le choix ?
La gynécologue vint le lendemain et accepta d'effectuer l'opération moyennant une forte somme d'argent.
La mère regarda sa nièce avec étonnement et celle-ci lui lança froidement :
- De nos jours tout a un prix, khalti ! Allah ghaleb !
- Et j'imagine que c'est donnant-donnant ?
- Oui. J'aimerais être payée juste après la fin de l'opération. Je prends un risque, moi.
- C'est juste...Tu seras payée.
- J'espère seulement que personne ne viendra découvrir ce que nous sommes en train de faire.
- Non, non... personne ne viendra...
- Alors... au travail.
L'opération réussit, la gynécologue prit son argent et s'en alla. La mère enveloppa le fœtus dans de nombreuses feuilles de journaux et plaça le tout dans un sachet en plastique noir. Alors que la plupart des mères de famille étaient affairées dans la cuisine avec les préparatifs du repas de la rupture du jeûne, la mère de la jeune fille qui venait d'avorter sortit avec le sachet noir qu'elle alla déposer au milieu des autres sacs de détritus du quartier où elle habitait. Erreur fatale. L'épicier du quartier l'avait vue et se demanda pourquoi avant de déposer sa poubelle elle avait regardé dans toutes les directions comme pour s'assurer que personne ne la voyait. Dès que la mère fut remontée chez elle, il courut jusqu'au petit dépotoir, ouvrit le sachet et découvrit, horrifié, le fœtus.
Moins d'un quart d'heure plus tard, des agents de police étaient chez la mère et la fille. Interrogées, elles finirent par tout avouer. Elles divulguèrent même l'identité de la gynécologue. Dès qu'elle put parler, la jeune fille à son tour, révéla l'identité de celui avec qui elle avait partagé cette passion qui s'était terminée dans un sac-poubelle.
Cette affaire sera traitée dans les prochaines semaines, à huis clos, par le tribunal de Rouiba.
(*) «tsassa iyidj-djane tsad'sa»
La jeune fille de 26 ans se précipita vers la salle de bains et se mit à vomir. Sa mère qui se trouvait dans la cuisine l'avait entendue et s'approcha d'elle.
- Qu'est-ce que tu as ? Tu ne supportes pas le jeûne ?
Tout en maintenant sa tête sous le filet d'eau du lavabo, la jeune fille répondit :
- Tout va bien maman, tout va bien...
- C'est peut-être à cause de la chaleur ? Elle est exceptionnelle cette année.
- Peut-être, maman...
- De toutes les manières, comme ton estomac est vide, tu n'as rien à vomir.
Tout en parlant, la mère de 48 ans regarda le ventre de sa fille.
-En tout cas, je trouve que le ramadan te réussit. Tu as pris de l'embonpoint.
La mère voulut tâter le ventre de sa fille et celle-ci s'écria :
- Non, non ! Maman, ne me touche pas !
La mère sursauta et ses yeux augmentèrent de volume. Puis, elle esquissa un mouvement de recul et plaqua ses mains contre sa poitrine.
- T... tu... tu... tu... est... enceinte ? Qu'est-ce que tu as fait ? Qu'est-ce que tu as fait ? Qu'est-ce que tu as fait ?
Elle tomba par terre et se mit à sangloter... sa fille s'agenouilla pour lui porter secours mais elle la repoussa :
- Eloigne-toi, éloigne-toi... éloigne-toi de moi...
La jeune fille s'éloigna de sa mère. Elle la regarda un moment, puis soudain sortit de la salle de bains en courant. Sa mère se leva aussitôt et courut après elle. Elle la rejoignit au moment où elle se saisissait du couteau de cuisine avec lequel quelques instants plus tôt elle épluchait les légumes. Elle le lui enleva et la serra contre elle un bon moment. Puis quand elle eut desserré son étreinte, elle lui dit :
- Heureusement que ton père est parti en mission... s'il était là et qu'il avait appris ce qui t'arrive, il t'aurait tuée.
- Et il aura eu raison, mère ; je ne mérite pas de vivre...
- C'est moi qui ne mérite pas de vivre ; moi qui n'ai pas su suffisamment te mettre en garde contre ce genre de choses...
- Non...maman... tout est de ma faute... c'est moi qui suis une forte tête... je me crois intelligente alors que...
- Tu sais qui est le père ?
- Oui...
Une fois que la mère eut pris connaissance de l'identité du père du bébé, elle hocha la tête plusieurs fois de gauche à droite.
- Je te comprends ma fille... c'est un beau garçon... et arrogant comme son père et sa mère... on ne gagnera rien en cherchant à les affronter...
- Mais il est convaincu de son innocence. Il est convaincu que ce n'est pas lui...
- C'est toujours ainsi... c'est toujours ainsi... ton père revient dans une semaine... ce qui nous laisse le temps de nous débarrasser de ce fœtus... oh ! Mon Dieu ! Dans quelle situation tu nous as fourrées, ma fille !
Après avoir réfléchi un bon moment, la mère prit une décision.
- Je demanderai à ma nièce de te l'enlever... elle est gynécologue.
- Maman c'est dangereux... il y a des femmes qui meurent en avortant.
- Et alors ? Tu as le choix ?
La gynécologue vint le lendemain et accepta d'effectuer l'opération moyennant une forte somme d'argent.
La mère regarda sa nièce avec étonnement et celle-ci lui lança froidement :
- De nos jours tout a un prix, khalti ! Allah ghaleb !
- Et j'imagine que c'est donnant-donnant ?
- Oui. J'aimerais être payée juste après la fin de l'opération. Je prends un risque, moi.
- C'est juste...Tu seras payée.
- J'espère seulement que personne ne viendra découvrir ce que nous sommes en train de faire.
- Non, non... personne ne viendra...
- Alors... au travail.
L'opération réussit, la gynécologue prit son argent et s'en alla. La mère enveloppa le fœtus dans de nombreuses feuilles de journaux et plaça le tout dans un sachet en plastique noir. Alors que la plupart des mères de famille étaient affairées dans la cuisine avec les préparatifs du repas de la rupture du jeûne, la mère de la jeune fille qui venait d'avorter sortit avec le sachet noir qu'elle alla déposer au milieu des autres sacs de détritus du quartier où elle habitait. Erreur fatale. L'épicier du quartier l'avait vue et se demanda pourquoi avant de déposer sa poubelle elle avait regardé dans toutes les directions comme pour s'assurer que personne ne la voyait. Dès que la mère fut remontée chez elle, il courut jusqu'au petit dépotoir, ouvrit le sachet et découvrit, horrifié, le fœtus.
Moins d'un quart d'heure plus tard, des agents de police étaient chez la mère et la fille. Interrogées, elles finirent par tout avouer. Elles divulguèrent même l'identité de la gynécologue. Dès qu'elle put parler, la jeune fille à son tour, révéla l'identité de celui avec qui elle avait partagé cette passion qui s'était terminée dans un sac-poubelle.
Cette affaire sera traitée dans les prochaines semaines, à huis clos, par le tribunal de Rouiba.
(*) «tsassa iyidj-djane tsad'sa»


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