Il était ce qu'il en était. — Que la paix et l'abondance soient sur toi ! — Notre chambre est en soie, votre chambre est en lin et la chambre de l'ennemi est un nid de souris. Messieurs et nobles Seigneurs, que nous soyons guidés, que vous soyez guidés sur la voie du bien et de la foi. Un veuf avait sept filles. Il prit une nouvelle femme qui ne les aima pas et voulut s'en débarrasser. Un jour, le père apporta sept poissons et demanda à sa femme de les lui préparer pour son dîner et il sortit passer la soirée avec ses amis. Quand les filles se furent couchées, la belle-mère se leva et alla frire les poissons. La fille aînée se leva pour aller uriner et sentit l'odeur du poisson frit. Elle entra dans la cuisine et en demanda à sa belle-mère. Celle-ci lui donna un poisson mais garda la tête et la rangea dans une assiette. La jeune fille mangea son poisson et alla réveiller sa sœur cadette en lui disant : — Notre belle-mère fait frire du poisson, va lui en demander. Elle ne se fit pas prier. Ainsi, les sept sœurs se succédèrent à la cuisine et mangèrent les sept poissons. En fin de soirée, le père rentra et dit à sa femme : — Femme, donne-moi le poisson, je sens que j'ai faim. Elle lui apporta l'assiette pleine de têtes de poissons et lui dit que ses filles avaient tout mangé. Il devint furieux et s'écria : — Je vais m'en débarrasser, elles ont osé manger ce qui m'est destiné ! Le lendemain, il acheta du poisson et demanda à sa femme de le faire frire en y mettant beaucoup de sel. Elle le fit frire et le sala comme il le lui demanda. Le père monta alors sur son âne, appela ses filles et leur dit : — Venez avec moi, nous allons couper du bois. Il prit les poissons salés, ne prit pas d'eau et partit sous la protection de Dieu. Les sept filles marchèrent longtemps derrière leur père jusqu'à ce qu'elles n'en purent plus de fatigue et de faim. Il leur donna alors les poissons salés qu'elles mangèrent. Quelque temps après, elles eurent très soif et leur père dit : — Cherchons un puits. Elles recommencèrent à marcher et arrivèrent à un puits en ruine. Le père se pencha, laissa tomber sa chéchia et leur dit : — Qui aime son père va chercher sa chéchia. Chacune disait : «Moi ! moi !» et se jetait dans le puits à sec. En un rien de temps elles s'y retrouvèrent toutes les sept. Le père fit un collier avec des coquilles d'escargots vides puis le suspendit au-dessus du puits et leur dit : — Je rentre maintenant chercher de l'aide, je reviendrai quand bougera le collier de coquilles, attendez-moi. Il monta ensuite sur son âne et partit. Les sept filles attendirent longtemps, le collier bougea mille et une fois et leur père ne revint pas. Elles comprirent qu'il ne viendrait plus, pleurèrent amèrement puis s'endormirent affamées et assoiffées. La benjamine ne dormit pas et se mit à gratter le mur jusqu'à ce qu'elle le perça. Elle sortit, trouva une grande maison, y entra, vit une femme aveugle en train de moudre des céréales grillées. Elle s'en approcha sans bruit, prit un récipient et le remplit de céréales, alla les mélanger avec de l'huile puis s'en retourna par le trou qu'elle boucha derrière elle. Elle réveilla enfin ses sœurs et leur donna à manger.