En a-t-on fini du tout-austérité en Europe ? Après l'Espagne au printemps, le Portugal et peut-être la Grèce en octobre, l'un après l'autre, les pays en difficulté bénéficient d'un peu de mansuétude de la part de la zone euro pour assouplir le calendrier de leurs efforts budgétaires. Vendredi 14 septembre, à Nicosie (Chypre), les ministres des Finances de l'euro se sont dits prêts à accorder un an de plus au gouvernement portugais pour amener les déficits du pays en deçà de 3 % du produit intérieur brut (PIB) en 2014, et non plus en 2013. Placé sous perfusion internationale depuis plus d'un an, le Portugal fait, de l'avis général, son maximum pour respecter à la lettre le programme d'ajustement négocié avec ses bailleurs de fonds, le Fonds monétaire international (FMI), la Banque centrale européenne (BCE) et la Commission européennes. "L'ajustement économique a lieu plus vite qu'escompté", se sont réjouis les grands argentiers, vendredi, tout en notant que les recettes fiscales du Portugal ont baissé davantage qu'attendu, en raison de la faible demande intérieure, alors que les dépenses publiques progressaient pour cause, entre autres, de chômage de masse. Pour eux, le pays doit donc bénéficier d'un peu de temps pour tenir ses objectifs budgétaires, sans prendre les mesures supplémentaires d'économies qui pourraient s'avérer fatales au retour de la croissance, après deux années de récession. "Si nous ne regardons que la consolidation budgétaire sans tenir compte du ralentissement économique, nous risquons de nous enfoncer dans la récession", observe le ministre belge des Finances, Steven Vanackere, pour justifier le nouveau pragmatisme des Européens. Il s'agit d'une réelle rupture avec l'insistance mise sur la rigueur, voulue par Angela Merkel, depuis le début de la crise. Pour la chancelière allemande, l'austérité a longtemps été le seul moyen de régler les problèmes des Européens, pour réduire leur endettement excessif. Option envisageable Mais, aujourd'hui, elle lâche un peu de lest, pressée par les Etats du Sud, menacés d'une récession durable en raison des politiques d'austérité menées sous la pression des marchés. Depuis leur arrivée au pouvoir, Mario Monti, en Italie, et François Hollande, en France, ont beaucoup plaidé pour donner sa chance à la croissance. Dans le même esprit, Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, a suggéré vendredi de donner du "temps" à la Grèce : "Il y a plusieurs voies pour procéder à des ajustements, le temps peut être considéré comme une option envisageable", a-t-elle déclaré. Si rien ne sera tranché avant octobre, les responsables de la zone euro songent à suivre son conseil pour ne pas amplifier une récession qui annihile l'impact des efforts d'économies du pays. Certains aimeraient élargir le mouvement, pour en faire bénéficier l'ensemble des pays de l'Union monétaire. Le centre de réflexion économique Bruegel doit présenter, mardi 18 septembre, une étude dans laquelle il préconise de reporter d'un an les objectifs de retour des déficits en deçà de 3 % du PIB pour tous les pays de la zone euro. Pour ces économistes, il est difficile pour un pays de demander un tel report de manière unilatérale : il serait automatiquement sanctionné par les marchés. "Il est donc préférable d'alléger la pression collectivement pour contrer le ralentissement économique", justifie l'économiste Jean Pisani-Ferry. Cette option pourrait faire les affaires de la France. Depuis son élection, M. Hollande martèle son intention de ramener le déficit français en deçà des 3 % dès l'an prochain, comme promis par... Nicolas Sarkozy. Pour le ministre des Finances, Pierre Moscovici, il s'agit de restaurer la crédibilité de Paris après des années de non-respect des engagements européens. L'Allemagne et la Commission l'incitent à tenir le cap : la question d'un assouplissement du calendrier français reste taboue. Pour elles, il n'est pas question de faire preuve de souplesse à l'égard des Etats qui, comme la France, n'ont pas encore vraiment pris le tournant de la rigueur. "Il est crucial que chaque pays poursuive le difficile travail de réformes structurelles et de consolidation budgétaire", a prévenu vendredi Olli Rehn, le commissaire aux affaires économiques. En a-t-on fini du tout-austérité en Europe ? Après l'Espagne au printemps, le Portugal et peut-être la Grèce en octobre, l'un après l'autre, les pays en difficulté bénéficient d'un peu de mansuétude de la part de la zone euro pour assouplir le calendrier de leurs efforts budgétaires. Vendredi 14 septembre, à Nicosie (Chypre), les ministres des Finances de l'euro se sont dits prêts à accorder un an de plus au gouvernement portugais pour amener les déficits du pays en deçà de 3 % du produit intérieur brut (PIB) en 2014, et non plus en 2013. Placé sous perfusion internationale depuis plus d'un an, le Portugal fait, de l'avis général, son maximum pour respecter à la lettre le programme d'ajustement négocié avec ses bailleurs de fonds, le Fonds monétaire international (FMI), la Banque centrale européenne (BCE) et la Commission européennes. "L'ajustement économique a lieu plus vite qu'escompté", se sont réjouis les grands argentiers, vendredi, tout en notant que les recettes fiscales du Portugal ont baissé davantage qu'attendu, en raison de la faible demande intérieure, alors que les dépenses publiques progressaient pour cause, entre autres, de chômage de masse. Pour eux, le pays doit donc bénéficier d'un peu de temps pour tenir ses objectifs budgétaires, sans prendre les mesures supplémentaires d'économies qui pourraient s'avérer fatales au retour de la croissance, après deux années de récession. "Si nous ne regardons que la consolidation budgétaire sans tenir compte du ralentissement économique, nous risquons de nous enfoncer dans la récession", observe le ministre belge des Finances, Steven Vanackere, pour justifier le nouveau pragmatisme des Européens. Il s'agit d'une réelle rupture avec l'insistance mise sur la rigueur, voulue par Angela Merkel, depuis le début de la crise. Pour la chancelière allemande, l'austérité a longtemps été le seul moyen de régler les problèmes des Européens, pour réduire leur endettement excessif. Option envisageable Mais, aujourd'hui, elle lâche un peu de lest, pressée par les Etats du Sud, menacés d'une récession durable en raison des politiques d'austérité menées sous la pression des marchés. Depuis leur arrivée au pouvoir, Mario Monti, en Italie, et François Hollande, en France, ont beaucoup plaidé pour donner sa chance à la croissance. Dans le même esprit, Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, a suggéré vendredi de donner du "temps" à la Grèce : "Il y a plusieurs voies pour procéder à des ajustements, le temps peut être considéré comme une option envisageable", a-t-elle déclaré. Si rien ne sera tranché avant octobre, les responsables de la zone euro songent à suivre son conseil pour ne pas amplifier une récession qui annihile l'impact des efforts d'économies du pays. Certains aimeraient élargir le mouvement, pour en faire bénéficier l'ensemble des pays de l'Union monétaire. Le centre de réflexion économique Bruegel doit présenter, mardi 18 septembre, une étude dans laquelle il préconise de reporter d'un an les objectifs de retour des déficits en deçà de 3 % du PIB pour tous les pays de la zone euro. Pour ces économistes, il est difficile pour un pays de demander un tel report de manière unilatérale : il serait automatiquement sanctionné par les marchés. "Il est donc préférable d'alléger la pression collectivement pour contrer le ralentissement économique", justifie l'économiste Jean Pisani-Ferry. Cette option pourrait faire les affaires de la France. Depuis son élection, M. Hollande martèle son intention de ramener le déficit français en deçà des 3 % dès l'an prochain, comme promis par... Nicolas Sarkozy. Pour le ministre des Finances, Pierre Moscovici, il s'agit de restaurer la crédibilité de Paris après des années de non-respect des engagements européens. L'Allemagne et la Commission l'incitent à tenir le cap : la question d'un assouplissement du calendrier français reste taboue. Pour elles, il n'est pas question de faire preuve de souplesse à l'égard des Etats qui, comme la France, n'ont pas encore vraiment pris le tournant de la rigueur. "Il est crucial que chaque pays poursuive le difficile travail de réformes structurelles et de consolidation budgétaire", a prévenu vendredi Olli Rehn, le commissaire aux affaires économiques.