L'économie portugaise s'est contractée de 1,2% au deuxième trimestre par rapport aux trois premiers mois de l'année, et de 3,3% sur un an en raison d'une demande intérieure déprimée par la cure d'austérité mise en œuvre par ce pays sous assistance financière. Les chiffres publiés vendredi par l'Institut national des statistiques sont venus confirmer une première estimation datant de la mi-août. Le recul du Produit intérieur brut (PIB) a été provoqué par une baisse accentuée de la demande intérieure, qui a chuté de 7,6% en glissement annuel au deuxième trimestre, contre une baisse de 6,1% au trimestre précédent, a expliqué l'Ine. Cette évolution concerne généralement toutes les composantes de la demande intérieure, avec une chute particulièrement sensible de l'investissement, qui s'est effondré de 18,7% sur un an, a souligné l'Ine. La consommation des ménages a reculé de 5,9% et les dépenses publiques de 3,9%. Seul moteur de l'activité économique au Portugal, les exportations ont continué de progresser, mais à un rythme plus faible avec une hausse de 4,3% sur un an contre 7,9% au trimestre précédent. En glissement annuel, les importations ont accentué leur chute à -8,1%, contre -3,8% au premier trimestre. Le gouvernement portugais et ses créanciers --l'Union européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international-- prévoient une récession de 3% du PIB sur l'ensemble de l'année, après une contraction de 1,7% l'an dernier. Les représentants de la troïka UE-BCE-FMI se trouvent actuellement au Portugal pour leur cinquième examen trimestriel de la mise en oeuvre du plan d'aide de 78 milliards d'euros, accordé au pays en mai 2011. Dans le cadre de ce plan de sauvetage, Lisbonne s'est engagé à ramener son déficit à 4,5% du PIB en 2012, puis à 3% fin 2013. Mais, en dépit de nouvelles hausses d'impôts, le recul de l'activité économique a provoqué une chute des recettes fiscales et le gouvernement de centre-droit a déjà laissé entendre que son objectif pour cette année ne pourrait être atteint sans mesures d'austérité supplémentaires. Le Portugal est ainsi suspendu au résultat de l'examen de ses bailleurs de fonds, qui devrait se conclure en début de semaine prochaine, pour savoir si la troïka UE-BCE-FMI lui impose de nouvelles économies budgétaires ou l'autorise à manquer son objectif. L'opposition socialiste et nombre d'observateurs défendent un assouplissement du programme de redressement financier, arguant que toute nouvelle mesure d'austérité serait contre-productive pour l'activité économique comme pour les finances publiques. Le quotidien économique Diario Economico a même lancé vendredi une pétition contre toute nouvelle hausse d'impôts, signée par plus de 2.000 personnes en quelques heures. L'ensemble de la presse portugaise saluait vendredi les décisions prises la veille par la BCE, qui s'est engagé à acheter la dette des pays les plus fragiles de la zone euro et pourrait ainsi aider le Portugal à se refinancer sur les marchés de la dette à partir de septembre 2013, comme prévu.