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«Nous avons affronté des djihadistes pakistanais et tunisiens»
Hamma Ag Sid-Ahmed, porte-parole du MNLA, au Midi Libre
Publié dans Le Midi Libre le 21 - 11 - 2012

Dans un entretien exclusif, accordé au journal Midi Libre, Hamma Ag Sid-Ahmed, porte-parole du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), a dévoilé, en détail, les faits réels qui se sont produits, il y a quelques jours, à Assongo, ville malienne, lors des affrontements ayant opposé le MNLA aux terroristes du Mujao et d'Aqmi. L'homme politique du MNLA nous révéle, aussi, et pour la première fois, la présence de vétérans djihadistes au sein d'Al Qaïda au Maghreb et du Mujao. Selon lui, les affrontements récents ont révélé la présence de djihadistes pakistanais, tunisiens et marocains. Ces derniers combattent aux côtés des groupes terroristes après avoir débarqué de plusieurs pays. Voici l'intégralité de l'entretien réalisé, hier, avec Hamma Ag Sid-Ahmed.
Dans un entretien exclusif, accordé au journal Midi Libre, Hamma Ag Sid-Ahmed, porte-parole du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), a dévoilé, en détail, les faits réels qui se sont produits, il y a quelques jours, à Assongo, ville malienne, lors des affrontements ayant opposé le MNLA aux terroristes du Mujao et d'Aqmi. L'homme politique du MNLA nous révéle, aussi, et pour la première fois, la présence de vétérans djihadistes au sein d'Al Qaïda au Maghreb et du Mujao. Selon lui, les affrontements récents ont révélé la présence de djihadistes pakistanais, tunisiens et marocains. Ces derniers combattent aux côtés des groupes terroristes après avoir débarqué de plusieurs pays. Voici l'intégralité de l'entretien réalisé, hier, avec Hamma Ag Sid-Ahmed.
Midi Libre : Pourriez-vous nous informer sur les derniers développements suite aux récents affrontements ayant opposé les combattants du MNLA et les terroristes du Mujao et d'Aqmi ?
Hamma Ag Sid-Ahmed : Avant de répondre à votre question, il est important de révéler, avant tout, que le MNLA avait réussi à constater, il y a quelques jours de cela, avant même que les accrochages n'éclatent entre nous et les terroristes islamistes, qu'un remue-ménage au sein de l'organisation terroriste, Mujao, dans la ville de Gao avait été enregistré au sein de cette dernière. Ces terroristes avaient l'intention de planifier des attaques armées contre les Touareg pour les empêcher d'anticiper des opérations contre eux. Ce sont les principaux responsables du Mujao, présents à Gao, qui ont préparé ce projet. Ces derniers avaient même envoyé un groupe d'éclaireurs le 11 novembre dernier dans les environs de la ville de Ménaka. Le lendemain, soit le 12 novembre passé, ces éclaireurs ont été très vite cernés par une patrouille du MNLA à 40 km de Ménaka. Une fois cernés, les éclaireurs du Mujao ont commencé, en premier, à tirer contre les éléments du MNLA.
Du coup, il y a eu échanges de tirs et au bout de quelques heures d'affrontements, nous avons pu abattre un terroriste et capturé dix autres qui ont été faits prisonniers, et leurs moyens de transport et armes confisqués par le MNLA. Ils ont été interrogés par des responsables du renseignement du MNLA. Il s'est trouvé qu'il s'agit de recrues locales du Mujao. Certains sont connus, il s‘agit de personnes qui ont touché suffisamment d'argent pour louer leurs services aux terroristes. Alors le MNLA a fini par les relâcher en gardant leurs armes, de leur demander de rentrer dans leurs familles et que s'ils grossissent à nouveau les rangs des terroristes, ils n'auraient aucune chance de s'en sortir. Ils finiront par mourir s'ils osent reprendre des armes et combattre une nouvelle fois aux côtés des terroristes.
Y a-t-il eu des pertes humaines du côté des terroristes ou, par la même occasion des pertes en vies du côté du MNLA lors de ces affrontements ?
Bien entendu, il y a eu des pertes humaines dans les rangs des terroristes. Il y a eu des dizaines de morts du côté du Mujao, alors qu'entre 60 et 70 autres ont été blessés. Par contre, du côté du MNLA nous avons enregistré trois blessés graves et six légers, mais aucun mort n'a été déploré jusque- là . Pour revenir aux circonstances ayant causé le déclenchement des affrontements, je vais vous les expliquer. Les troupes du MNLA se sont déplacées vers la ville d'Assongo où des groupes terroristes se sont massés dans les environs de cette ville. Il y avait deux groupes terroristes séparés, le premier se trouvait à une position de 30 km de la ville d'Assongo et le second à 50 km. Dans la matinée, les troupes mobiles du MNLA ouvrent le feu sur les deux positions des groupes terroristes présents dans la zone. En fait, le MNLA a ouvert des tirs croisés. Les groupes terroristes avaient envoyé au début des affrontements les nouvelles recrues. Les vrais terroristes, eux, sont restés derrière les recrues. Ils n'ont pas osé se présenter au premier rang, ils ont préféré sacrifier les nouvelles recrues pour préserver les vétérans. C'est seulement à la mi-journée du 16 novembre, lorsqu'il a été constaté par les terroristes que leurs recrues tombaient et que les ambulances terroristes ont pris très vite le relais pour évacuer quelques dizaines de morts et près de 60 et 70 blessés que les responsables terroristes se sont engagés dans les hostilités. Il s'agit de ceux-là qui sont venus créer le Mujao et lui prêter main forte, essentiellement des Pakistanais (instructeurs et stratèges), mais aussi des Tunisiens et des Marocains y compris ceux qui avaient été rejetés par les responsables du Polisario sont aussi présents dans ces combats. Quelques combattants et des armes lourdes appartenant au groupe de Benmokhtar sont entrés dans les combats contre les Touareg vers fin la de la journée du 16 novembre.
Il y a une coalition de terroristes venus d'un peu partout contre les Touareg. Il faut dire par ailleurs, que le chef d'état- major du MNLA, Machkanani Ag Balla a foncé tout droit avec son groupe à découvert pour entrer dans le camp des terroristes. Et les autres brigades du MNLA ont également suivi. Les combats étaient très violents. Une ouverture de feu immense venait des deux camps. Le MNLA, au début de la journée du 17 novembre, avait fait le compte de ses
pertes : il y avait trois blessés graves et 6 légers et aucun mort n'a été déploré dans les rangs des combattants touareg lors des combats engagés.
En se livrant à des affrontements contre le MNLA, Aqmi a dépêché des renforts pour soutenir le Mujao, pourtant présenté comme étant une «dissidence» d'Al Qaïda au Maghreb. Que pensez-vous de cela ?
D'abord, il est important de rappeler que les terroristes du Mujao ont été surpris par l'offensive du MNLA. Je dirais plus, ils ne s'attendaient pas à cette attaque. Les patrouilles du MNLA ont réussi, même, à affaiblir, très vite, les terroristes du Mujao. Devant cet imprévu, les terroristes ont fait évacuer leurs familles hors de la ville de Gao, vers d'autres endroits plus sûrs. C'est à ce moment là que des renforts ont commencé à venir de certaines bases que les terroristes venaient de créer voilà quelques semaines déjà. Sur ce plan, il est impératif de signaler que les terroristes ont installé de nouvelles bases afin de faire face à une intervention internationale entre autres à Infalfalène, Bourem, Tangara et à Assarbo. Des renforts venus de Tombouctou, là où Aqmi occupe la ville. Le 17 novembre passé, les renforts continuaient à venir. Il s'agit des miliciens de Tombouctou affiliés à Aqmi, mais les vrais responsables de la nébuleuse ne se sont pas engagés à visage découvert, excepté Benmokhtar qui avait engagé une partie de ses troupes dans les combats dans l'après-midi du 16 novembre.
Le 18 novembre, les groupes terroristes tentent de prendre position près des positions des troupes du MNLA, engagées dans la périphérie d'Ansongo. Face à cette mobilisation des terroristes, le MNLA aussi a très vite réorganisé ses forces et mis en veille ses réserves et ses bases fixes pour faire face à toute éventualité. Il ne s'agit pas d'une guerre d'un jour, mais il s'agit d'une guerre qui s'inscrit dans la durée. Il faut vraiment aimer son territoire pour oser livrer bataille à ses groupes de la terreur et de la drogue. Nous sommes déterminés à combattre le terrorisme et les trafiquants de drogue et nous le ferons avec courage. Nous arriverons, même si cela va prendre beaucoup de temps, à vaincre les terroristes.
Pensiez-vous que le MNLA était en mesure de combattre militairement Aqmi et le Mujao ?
On n'est jamais prêt dans une guerre, mais dans chaque guerre vous êtes obligé d'y aller, d'autant qu'à la fin personne ne le fera à votre place. Donc, le MNLA a été contraint de choisir cette option, car tôt ou tard la situation nous aurait obligé à le faire. Pour vous dire plus, avant de s'engager dans cette guerre, le MNLA avait mesuré les forces qui l'attendaient. Il y avait ces débats et l'engagement depuis feu Ibrahim Ag Bahanga d'aller à l'encontre de ces groupes terroristes et de leur disputer ce territoire qu'ils occupent. Comme tout le monde le sait, un territoire qui n'appartient pas aux terroristes, mais qu'ils ont pris au peuple de l'Azawad avec la bénédiction de Bamako et autres trafiquants de drogue pour remettre en cause toute revendication politique de cette communauté. C'est cette politique de Bamako de plusieurs années qui se retourne contre ceux qui l'ont créée.
Le MNLA envisageait cette lutte contre ces groupes depuis sa création en novembre 2011. Mais avant, il fallait récupérer cet espace. Pour dire que les responsables militaires du MNLA avaient retourné dans tous les sens cette question et les moyens qu'il fallait pour aller les affronter là ils sont hébergés depuis plusieurs mois. Alors, le MNLA est allé sans aucun soutien extérieur, ni financier, ni logistique. Ses propres moyens, c'est-à-dire avec la cotisation de ses militants très pauvres d'ailleurs pour acheter quelques fûts de carburant et un peu d'alimentation pour les combattants. Heureusement que les Touareg savent économiser leur souffle pour résister à cet environnement hostile. C'est là qu'il y a une opportunité pour la communauté internationale, c'est là que les Occidentaux (en particulier les Français et les Américains), les Algériens, et d'autres pays de la région doivent manifester leur volonté et leur solidarité avec le MNLA à travers une aide concrète sur le terrain et à toute autre organisation de la zone qui s'engage dans cette lutte contre le terrorisme. Et ce n'est pas demain qu'il faut le faire.
Lorsque vous étiez à Ouagadougou est-ce que vous avez rencontré la délégation d'Ançar Eddine ?
Oui bien sûr, il y a eu des rencontres entre des responsables du MNLA et ceux d'Ançar Eddine présents à Ouagadougou. Mais faut-il en parler, il ne s'agit pas pour les deux organisations de parler depuis Ouagadougou de l'entente et des difficultés qui l'empêcheraient. Il s'agit, avant tout et c'est une exigence, de rencontres qu'il faut tenir sur le terrain comme il a été convenu entre les deux parties, c'est-à-dire, pas uniquement à Ouagadougou, mais beaucoup plus ailleurs, notamment au Nord-Mali. A mon avis, il est grand temps pour qu'Ançar Eddine, qui occupe le Kidal, de se pencher sur l'unité et surtout de se démarquer de ce qui pourrait nuire à cette unité.
Dans le cas contraire, les parties pourraient jouer le jeu de ceux qui veulent détruire l'existence de cette communauté. Pour dire que les deux commissions devraient se réunir très prochainement sur le terrain. Elles mettront à nu les difficultés qui empêchent de parvenir à cette unité, puisqu'il faut avancer très rapidement sur une plateforme commune des revendications politiques pour permettre aux négociations de prendre corps et surtout de permettre à la communauté internationale de prendre une position politique concrète sur ce qui se passe. Sans cette plate- forme et sans ces engagements nécessaires, l'unité sera mise en jeu et la région sera la proie d'une insécurité, dont les organisations terroristes tireront profit.
Justement, parlez-nous un peu des négociations que le MNLA avait menées à Ouagadougou ?
A Ouagadougou, il n'y a pas eu des négociations, en tout cas pas encore. Mais le représentant de la Cédéao, le président burkinabé, Blaise Compaoré, a souhaité que des négociations soient engagées très vite avec Bamako et que les deux parties doivent s'y préparer.
Je pense qu'il est temps de s'engager dans des négociations, cela pour espérer sortir de cette situation qui prévaut au nord du Mali et que chaque partie doit s'engager dans cette voie, car c'est à partir de là qu'on peut arriver à éviter le pire.
Midi Libre : Pourriez-vous nous informer sur les derniers développements suite aux récents affrontements ayant opposé les combattants du MNLA et les terroristes du Mujao et d'Aqmi ?
Hamma Ag Sid-Ahmed : Avant de répondre à votre question, il est important de révéler, avant tout, que le MNLA avait réussi à constater, il y a quelques jours de cela, avant même que les accrochages n'éclatent entre nous et les terroristes islamistes, qu'un remue-ménage au sein de l'organisation terroriste, Mujao, dans la ville de Gao avait été enregistré au sein de cette dernière. Ces terroristes avaient l'intention de planifier des attaques armées contre les Touareg pour les empêcher d'anticiper des opérations contre eux. Ce sont les principaux responsables du Mujao, présents à Gao, qui ont préparé ce projet. Ces derniers avaient même envoyé un groupe d'éclaireurs le 11 novembre dernier dans les environs de la ville de Ménaka. Le lendemain, soit le 12 novembre passé, ces éclaireurs ont été très vite cernés par une patrouille du MNLA à 40 km de Ménaka. Une fois cernés, les éclaireurs du Mujao ont commencé, en premier, à tirer contre les éléments du MNLA.
Du coup, il y a eu échanges de tirs et au bout de quelques heures d'affrontements, nous avons pu abattre un terroriste et capturé dix autres qui ont été faits prisonniers, et leurs moyens de transport et armes confisqués par le MNLA. Ils ont été interrogés par des responsables du renseignement du MNLA. Il s'est trouvé qu'il s'agit de recrues locales du Mujao. Certains sont connus, il s‘agit de personnes qui ont touché suffisamment d'argent pour louer leurs services aux terroristes. Alors le MNLA a fini par les relâcher en gardant leurs armes, de leur demander de rentrer dans leurs familles et que s'ils grossissent à nouveau les rangs des terroristes, ils n'auraient aucune chance de s'en sortir. Ils finiront par mourir s'ils osent reprendre des armes et combattre une nouvelle fois aux côtés des terroristes.
Y a-t-il eu des pertes humaines du côté des terroristes ou, par la même occasion des pertes en vies du côté du MNLA lors de ces affrontements ?
Bien entendu, il y a eu des pertes humaines dans les rangs des terroristes. Il y a eu des dizaines de morts du côté du Mujao, alors qu'entre 60 et 70 autres ont été blessés. Par contre, du côté du MNLA nous avons enregistré trois blessés graves et six légers, mais aucun mort n'a été déploré jusque- là . Pour revenir aux circonstances ayant causé le déclenchement des affrontements, je vais vous les expliquer. Les troupes du MNLA se sont déplacées vers la ville d'Assongo où des groupes terroristes se sont massés dans les environs de cette ville. Il y avait deux groupes terroristes séparés, le premier se trouvait à une position de 30 km de la ville d'Assongo et le second à 50 km. Dans la matinée, les troupes mobiles du MNLA ouvrent le feu sur les deux positions des groupes terroristes présents dans la zone. En fait, le MNLA a ouvert des tirs croisés. Les groupes terroristes avaient envoyé au début des affrontements les nouvelles recrues. Les vrais terroristes, eux, sont restés derrière les recrues. Ils n'ont pas osé se présenter au premier rang, ils ont préféré sacrifier les nouvelles recrues pour préserver les vétérans. C'est seulement à la mi-journée du 16 novembre, lorsqu'il a été constaté par les terroristes que leurs recrues tombaient et que les ambulances terroristes ont pris très vite le relais pour évacuer quelques dizaines de morts et près de 60 et 70 blessés que les responsables terroristes se sont engagés dans les hostilités. Il s'agit de ceux-là qui sont venus créer le Mujao et lui prêter main forte, essentiellement des Pakistanais (instructeurs et stratèges), mais aussi des Tunisiens et des Marocains y compris ceux qui avaient été rejetés par les responsables du Polisario sont aussi présents dans ces combats. Quelques combattants et des armes lourdes appartenant au groupe de Benmokhtar sont entrés dans les combats contre les Touareg vers fin la de la journée du 16 novembre.
Il y a une coalition de terroristes venus d'un peu partout contre les Touareg. Il faut dire par ailleurs, que le chef d'état- major du MNLA, Machkanani Ag Balla a foncé tout droit avec son groupe à découvert pour entrer dans le camp des terroristes. Et les autres brigades du MNLA ont également suivi. Les combats étaient très violents. Une ouverture de feu immense venait des deux camps. Le MNLA, au début de la journée du 17 novembre, avait fait le compte de ses
pertes : il y avait trois blessés graves et 6 légers et aucun mort n'a été déploré dans les rangs des combattants touareg lors des combats engagés.
En se livrant à des affrontements contre le MNLA, Aqmi a dépêché des renforts pour soutenir le Mujao, pourtant présenté comme étant une «dissidence» d'Al Qaïda au Maghreb. Que pensez-vous de cela ?
D'abord, il est important de rappeler que les terroristes du Mujao ont été surpris par l'offensive du MNLA. Je dirais plus, ils ne s'attendaient pas à cette attaque. Les patrouilles du MNLA ont réussi, même, à affaiblir, très vite, les terroristes du Mujao. Devant cet imprévu, les terroristes ont fait évacuer leurs familles hors de la ville de Gao, vers d'autres endroits plus sûrs. C'est à ce moment là que des renforts ont commencé à venir de certaines bases que les terroristes venaient de créer voilà quelques semaines déjà. Sur ce plan, il est impératif de signaler que les terroristes ont installé de nouvelles bases afin de faire face à une intervention internationale entre autres à Infalfalène, Bourem, Tangara et à Assarbo. Des renforts venus de Tombouctou, là où Aqmi occupe la ville. Le 17 novembre passé, les renforts continuaient à venir. Il s'agit des miliciens de Tombouctou affiliés à Aqmi, mais les vrais responsables de la nébuleuse ne se sont pas engagés à visage découvert, excepté Benmokhtar qui avait engagé une partie de ses troupes dans les combats dans l'après-midi du 16 novembre.
Le 18 novembre, les groupes terroristes tentent de prendre position près des positions des troupes du MNLA, engagées dans la périphérie d'Ansongo. Face à cette mobilisation des terroristes, le MNLA aussi a très vite réorganisé ses forces et mis en veille ses réserves et ses bases fixes pour faire face à toute éventualité. Il ne s'agit pas d'une guerre d'un jour, mais il s'agit d'une guerre qui s'inscrit dans la durée. Il faut vraiment aimer son territoire pour oser livrer bataille à ses groupes de la terreur et de la drogue. Nous sommes déterminés à combattre le terrorisme et les trafiquants de drogue et nous le ferons avec courage. Nous arriverons, même si cela va prendre beaucoup de temps, à vaincre les terroristes.
Pensiez-vous que le MNLA était en mesure de combattre militairement Aqmi et le Mujao ?
On n'est jamais prêt dans une guerre, mais dans chaque guerre vous êtes obligé d'y aller, d'autant qu'à la fin personne ne le fera à votre place. Donc, le MNLA a été contraint de choisir cette option, car tôt ou tard la situation nous aurait obligé à le faire. Pour vous dire plus, avant de s'engager dans cette guerre, le MNLA avait mesuré les forces qui l'attendaient. Il y avait ces débats et l'engagement depuis feu Ibrahim Ag Bahanga d'aller à l'encontre de ces groupes terroristes et de leur disputer ce territoire qu'ils occupent. Comme tout le monde le sait, un territoire qui n'appartient pas aux terroristes, mais qu'ils ont pris au peuple de l'Azawad avec la bénédiction de Bamako et autres trafiquants de drogue pour remettre en cause toute revendication politique de cette communauté. C'est cette politique de Bamako de plusieurs années qui se retourne contre ceux qui l'ont créée.
Le MNLA envisageait cette lutte contre ces groupes depuis sa création en novembre 2011. Mais avant, il fallait récupérer cet espace. Pour dire que les responsables militaires du MNLA avaient retourné dans tous les sens cette question et les moyens qu'il fallait pour aller les affronter là ils sont hébergés depuis plusieurs mois. Alors, le MNLA est allé sans aucun soutien extérieur, ni financier, ni logistique. Ses propres moyens, c'est-à-dire avec la cotisation de ses militants très pauvres d'ailleurs pour acheter quelques fûts de carburant et un peu d'alimentation pour les combattants. Heureusement que les Touareg savent économiser leur souffle pour résister à cet environnement hostile. C'est là qu'il y a une opportunité pour la communauté internationale, c'est là que les Occidentaux (en particulier les Français et les Américains), les Algériens, et d'autres pays de la région doivent manifester leur volonté et leur solidarité avec le MNLA à travers une aide concrète sur le terrain et à toute autre organisation de la zone qui s'engage dans cette lutte contre le terrorisme. Et ce n'est pas demain qu'il faut le faire.
Lorsque vous étiez à Ouagadougou est-ce que vous avez rencontré la délégation d'Ançar Eddine ?
Oui bien sûr, il y a eu des rencontres entre des responsables du MNLA et ceux d'Ançar Eddine présents à Ouagadougou. Mais faut-il en parler, il ne s'agit pas pour les deux organisations de parler depuis Ouagadougou de l'entente et des difficultés qui l'empêcheraient. Il s'agit, avant tout et c'est une exigence, de rencontres qu'il faut tenir sur le terrain comme il a été convenu entre les deux parties, c'est-à-dire, pas uniquement à Ouagadougou, mais beaucoup plus ailleurs, notamment au Nord-Mali. A mon avis, il est grand temps pour qu'Ançar Eddine, qui occupe le Kidal, de se pencher sur l'unité et surtout de se démarquer de ce qui pourrait nuire à cette unité.
Dans le cas contraire, les parties pourraient jouer le jeu de ceux qui veulent détruire l'existence de cette communauté. Pour dire que les deux commissions devraient se réunir très prochainement sur le terrain. Elles mettront à nu les difficultés qui empêchent de parvenir à cette unité, puisqu'il faut avancer très rapidement sur une plateforme commune des revendications politiques pour permettre aux négociations de prendre corps et surtout de permettre à la communauté internationale de prendre une position politique concrète sur ce qui se passe. Sans cette plate- forme et sans ces engagements nécessaires, l'unité sera mise en jeu et la région sera la proie d'une insécurité, dont les organisations terroristes tireront profit.
Justement, parlez-nous un peu des négociations que le MNLA avait menées à Ouagadougou ?
A Ouagadougou, il n'y a pas eu des négociations, en tout cas pas encore. Mais le représentant de la Cédéao, le président burkinabé, Blaise Compaoré, a souhaité que des négociations soient engagées très vite avec Bamako et que les deux parties doivent s'y préparer.
Je pense qu'il est temps de s'engager dans des négociations, cela pour espérer sortir de cette situation qui prévaut au nord du Mali et que chaque partie doit s'engager dans cette voie, car c'est à partir de là qu'on peut arriver à éviter le pire.


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