Depuis trois semaines, des manifestations contre la corruption et la hausse des prix donnent à Khartoum et à plusieurs autres villes du pays une atmosphère de révolte d'une rare lourdeur dans un pesant silence. Depuis trois semaines, des manifestations contre la corruption et la hausse des prix donnent à Khartoum et à plusieurs autres villes du pays une atmosphère de révolte d'une rare lourdeur dans un pesant silence. Malgré une forte répression, les activistes continuent à se mobiliser et les partis d'opposition disent avoir un plan précis pour faire tomber le gouvernement. Depuis fin juin, à Khartoum et dans plusieurs autres villes telles Medani, Gedaref, Kosti, Nyala, Sennar et Dolga, les contestataires multipliaient des marches pacifiques, immanquablement réprimées par les autorités. Nettement moins médiatisée que celle du Caire, cette période de manifestations est malgré tout la plus importante pour le Soudan depuis des années. Plus de 1.000 personnes auraient été détenues et l'on compte des centaines de blessés. Le 30 juin marquait le 24e anniversaire du coup d'Etat par lequel Omar el-Béchir prit le pouvoir en 1989. Dans la capitale, plusieurs centaines de personnes manifestaient à la gare routière de Sherouani, à l'université de Khartoum et dans le district d'Al-Sajjana. La police a répondu avec ses méthodes habituelles : passages à tabac, arrestations et usage de gaz lacrymogène. A Al-Sajjana, un meeting de partis d'opposition était empêché par la police et les Services de renseignement et de sécurité (NISS). Le soir, d'autres tentatives de manifestations ont avorté, comme dans la rue Al-Hurria (rue de la Liberté en arabe) et dans le district d'Abu Hamama, au sud de la capitale. A Dolga (district de Jazira), plusieurs témoins déplorent une violence policière particulièrement forte. Les NISS ont procédé à de nombreuses arrestations afin d'enrayer toute possibilité de mobilisation massive. Si le « printemps » n'est pas encore apparu au Soudan, c'est que l'une des principales raisons est le peu de marge de manœuvre dont disposent la société civile et l'opposition politique. A travers le gouvernement, la police, l'armée et le secteur public, le régime a un contrôle total sur la population. Le 2 juillet, un amendement est passé qui autorise la cour militaire à juger des civils, ce qui est contraire au droit international. La censure des médias fait qu'aucun journal n'a pu couvrir les révoltes. Début juillet, à Khartoum, sur une quinzaine d'étrangers interrogés dont certains arabophones aucun n'avait eu vent des troubles des semaines précédentes. La société civile est, du reste, fortement affaiblie par la fuite des cerveaux. Les activistes d'aujourd'hui sont surtout des étudiants de la classe moyenne confortable qui peinent à mobiliser, oubliant que la plupart de leurs compatriotes sont illettrés et n'ont pas accès à Internet.La paix sociale par-dessus tout Le 30 juin, la diaspora soudanaise manifestait en France, en Angleterre, en Australie et aux Etats-Unis. Le Soudan connait une flambée des prix sans précédent depuis l'indépendance du Soudan du Sud en 2011 et la perte des trois-quarts des revenus pétroliers.A cela, s'ajoute une inquiétante montée des tensions au sein de l'armée, entre un cercle de haut-gradés fidèles à el-Béchir et des officiers, majoritairement des Frères musulmans, qui s'opposent de plus en plus à leur hiérarchie, avec tous ces troubles le président Béchir se trouve de plus en plus isolé. Malgré une forte répression, les activistes continuent à se mobiliser et les partis d'opposition disent avoir un plan précis pour faire tomber le gouvernement. Depuis fin juin, à Khartoum et dans plusieurs autres villes telles Medani, Gedaref, Kosti, Nyala, Sennar et Dolga, les contestataires multipliaient des marches pacifiques, immanquablement réprimées par les autorités. Nettement moins médiatisée que celle du Caire, cette période de manifestations est malgré tout la plus importante pour le Soudan depuis des années. Plus de 1.000 personnes auraient été détenues et l'on compte des centaines de blessés. Le 30 juin marquait le 24e anniversaire du coup d'Etat par lequel Omar el-Béchir prit le pouvoir en 1989. Dans la capitale, plusieurs centaines de personnes manifestaient à la gare routière de Sherouani, à l'université de Khartoum et dans le district d'Al-Sajjana. La police a répondu avec ses méthodes habituelles : passages à tabac, arrestations et usage de gaz lacrymogène. A Al-Sajjana, un meeting de partis d'opposition était empêché par la police et les Services de renseignement et de sécurité (NISS). Le soir, d'autres tentatives de manifestations ont avorté, comme dans la rue Al-Hurria (rue de la Liberté en arabe) et dans le district d'Abu Hamama, au sud de la capitale. A Dolga (district de Jazira), plusieurs témoins déplorent une violence policière particulièrement forte. Les NISS ont procédé à de nombreuses arrestations afin d'enrayer toute possibilité de mobilisation massive. Si le « printemps » n'est pas encore apparu au Soudan, c'est que l'une des principales raisons est le peu de marge de manœuvre dont disposent la société civile et l'opposition politique. A travers le gouvernement, la police, l'armée et le secteur public, le régime a un contrôle total sur la population. Le 2 juillet, un amendement est passé qui autorise la cour militaire à juger des civils, ce qui est contraire au droit international. La censure des médias fait qu'aucun journal n'a pu couvrir les révoltes. Début juillet, à Khartoum, sur une quinzaine d'étrangers interrogés dont certains arabophones aucun n'avait eu vent des troubles des semaines précédentes. La société civile est, du reste, fortement affaiblie par la fuite des cerveaux. Les activistes d'aujourd'hui sont surtout des étudiants de la classe moyenne confortable qui peinent à mobiliser, oubliant que la plupart de leurs compatriotes sont illettrés et n'ont pas accès à Internet.La paix sociale par-dessus tout Le 30 juin, la diaspora soudanaise manifestait en France, en Angleterre, en Australie et aux Etats-Unis. Le Soudan connait une flambée des prix sans précédent depuis l'indépendance du Soudan du Sud en 2011 et la perte des trois-quarts des revenus pétroliers.A cela, s'ajoute une inquiétante montée des tensions au sein de l'armée, entre un cercle de haut-gradés fidèles à el-Béchir et des officiers, majoritairement des Frères musulmans, qui s'opposent de plus en plus à leur hiérarchie, avec tous ces troubles le président Béchir se trouve de plus en plus isolé.