La police a dispersé hier des manifestations contre la hausse des prix alimentaires au Soudan, après une journée de violences à Khartoum et dans plusieurs autres villes du pays. Quelque 200 personnes étaient rassemblées dans la journée au marché central de Gedaref (est) pour dénoncer la hausse des prix alimentaires, avant d'être dispersées «à coups de matraque par la police», selon des agences citant des témoins. «Le gouvernement doit immédiatement retirer les mesures d'austérité qu'il a adoptées et qui témoignent d'un déséquilibre dans les dépenses, puisqu'elles continuent de donner la priorité à la défense et à la sécurité, au détriment des services sociaux», a indiqué dans un communiqué le mouvement de jeunes militants Sudan Change Now (Le changement maintenant pour le Soudan). Dans le quartier d'Al Deim, théâtre des troubles les plus importants la veille, des manifestants bloquaient des routes avec des pneus en feu et des détritus. La police a fait usage de gaz lacrymogène, alors que les protestataires jetaient des pierres en direction des policiers. Dans un autre quartier, au sud de Khartoum, les forces de l'ordre faisaient aussi usage de gaz lacrymogènes, tandis que des protestataires brûlaient des pneus, selon les mêmes sources. Vendredi, des affrontements similaires avaient eu lieu dans des quartiers de la capitale et dans d'autres villes du pays, ce qui a constitué la plus forte mobilisation depuis le début du mouvement de contestation lancé le 16 juin par les étudiants de Khartoum. Le Soudan, l'un des pays pauvres, est confronté à une inflation qui a atteint 30% pour le seul mois de mai, selon des chiffres officiels et devrait encore grimper avec la suppression cette semaine des subventions aux carburants, qui a fait bondir de 50% le prix de l'essence.