Henri Alleg, l'auteur de La Question est décédé dans sa 92e année le 17 juillet dernier à Toulouse. Militant communiste et anticolonialiste, Henri Alleg avait été parmi les premiers à dénoncer la torture. Né le 20 juillet 1921 à Londres, de parents juifs russo-polonais, Alleg est un melting-pot à lui tout seul : Henri Alleg, l'auteur de La Question est décédé dans sa 92e année le 17 juillet dernier à Toulouse. Militant communiste et anticolonialiste, Henri Alleg avait été parmi les premiers à dénoncer la torture. Né le 20 juillet 1921 à Londres, de parents juifs russo-polonais, Alleg est un melting-pot à lui tout seul : britannique par sa naissance, il sera français par choix quand sa famille s'installe au nord de Paris, puis Algérien par adoption après l'Indépendance de 1962. L'envie de bourlinguer le saisit en 1939 au moment où débute la Seconde Guerre mondiale. Il songe à l'Amérique mais débarque à Alger. Coup de foudre. Il ne quittera plus ce pays. Ce croisement des origines et des cultures, hors de toute domination de classe et de "race", c'est très exactement l'idée qu'il se fait de l'Algérie et au nom de laquelle il honnit le colonialisme. Alger Républicain en est le porte-drapeau, ne serait-ce que par deux signatures qui jalonnent son histoire : Albert Camus, le pied-noir, qui veut des Français égaux des deux côtés de la Méditerranée mais ratera la marche suivante, celle de la décolonisation ; Kateb Yacine, le Berbère, qui cultive une Algérie indépendante, multiethnique, multiculturelle, politiquement pluraliste. Cet idéal, Alleg n'hésite pas à le défendre contre l'hégémonisme du FLN quand celui-ci accapare le pouvoir, avec Ben Bella, en juillet 1962. Les Algériens saluent la mémoire d'Henri Alleg Arrivée à Alger en 1940, Alleg devient militant communiste, journaliste, puis directeur du quotidien Alger Républicain à partir de 1951. Il y découvre rapidement la pratique coloniale de la torture par les forces de sécurité française. Pour la plupart des Algériens, Henri Alleg reste un immense résistant. « C'est sûr que dans la guerre de Libération nationale, dans la lutte contre les pratiques du colonialisme, Henri Alleg a eu un rôle déterminant pour permettre à notre pays d'accéder à l'indépendance », considère ainsi Hossine Ali, dirigeant du Mouvement démocratique et social, le parti né de la dissolution forcée du Parti communiste algérien en Algérie. L'auteur du livre La Question est d'ailleurs retourné en Algérie et a relancé son quotidien, Alger Républicain, jusqu'à son interdiction en 1965 sous Boumediene ce qui provoquera son départ pour la France. Pour de nombreux combattants algériens, son héritage mérite d'être mieux diffusé auprès des jeunes. De nombreuses voix ont ainsi salué la mémoire de ce grand militant, permettant ainsi à ses œuvres de retrouver un nouveau souffle en Algérie. Des anciens d'Alger Républicain regrettent cependant que la mémoire sélective algérienne d'aujourd'hui n'ait même pas honoré d'une plaque ce journal engagé en faveur des droits des Algériens... Henri Alleg fut arrêté le 12 juin 1957 chez son ami Maurice Audin, un mathématicien alors âgé de 25 ans, qui, lui-même capturé la veille, mourra sous la torture. François Hollande a rendu hommage à Maurice Audin lors de sa visite officielle en Algérie l'an dernier. Le journaliste fut torturé à plusieurs reprises au cours de sa détention, et ce sont ces séances de « gégène » qui constituent le point de départ du livre La Question. Pour l'establishment français de l'époque, Henri Alleg était un « traître ». Il fut jugé pour « atteinte à la sûreté extérieure de l'Etat » et « reconstitution de ligue dissoute », et condamné à dix ans de prison. Il parvint à s'échapper, et rejoignit la Tchécoslovaquie alors communiste. Il ne put revenir en France qu'après l'amnistie des Accords d'Evian qui accordèrent l'indépendance à l'Algérie en 1962. Il a incontestablement joué un grand rôle dans la prise de conscience, lente et progressive, de l'opinion française face aux crimes commis en son nom en Algérie. Il restera communiste jusqu'au bout. L'Algérie salue la mémoire de ce grand héros de la résistance et un militant des causes justes. britannique par sa naissance, il sera français par choix quand sa famille s'installe au nord de Paris, puis Algérien par adoption après l'Indépendance de 1962. L'envie de bourlinguer le saisit en 1939 au moment où débute la Seconde Guerre mondiale. Il songe à l'Amérique mais débarque à Alger. Coup de foudre. Il ne quittera plus ce pays. Ce croisement des origines et des cultures, hors de toute domination de classe et de "race", c'est très exactement l'idée qu'il se fait de l'Algérie et au nom de laquelle il honnit le colonialisme. Alger Républicain en est le porte-drapeau, ne serait-ce que par deux signatures qui jalonnent son histoire : Albert Camus, le pied-noir, qui veut des Français égaux des deux côtés de la Méditerranée mais ratera la marche suivante, celle de la décolonisation ; Kateb Yacine, le Berbère, qui cultive une Algérie indépendante, multiethnique, multiculturelle, politiquement pluraliste. Cet idéal, Alleg n'hésite pas à le défendre contre l'hégémonisme du FLN quand celui-ci accapare le pouvoir, avec Ben Bella, en juillet 1962. Les Algériens saluent la mémoire d'Henri Alleg Arrivée à Alger en 1940, Alleg devient militant communiste, journaliste, puis directeur du quotidien Alger Républicain à partir de 1951. Il y découvre rapidement la pratique coloniale de la torture par les forces de sécurité française. Pour la plupart des Algériens, Henri Alleg reste un immense résistant. « C'est sûr que dans la guerre de Libération nationale, dans la lutte contre les pratiques du colonialisme, Henri Alleg a eu un rôle déterminant pour permettre à notre pays d'accéder à l'indépendance », considère ainsi Hossine Ali, dirigeant du Mouvement démocratique et social, le parti né de la dissolution forcée du Parti communiste algérien en Algérie. L'auteur du livre La Question est d'ailleurs retourné en Algérie et a relancé son quotidien, Alger Républicain, jusqu'à son interdiction en 1965 sous Boumediene ce qui provoquera son départ pour la France. Pour de nombreux combattants algériens, son héritage mérite d'être mieux diffusé auprès des jeunes. De nombreuses voix ont ainsi salué la mémoire de ce grand militant, permettant ainsi à ses œuvres de retrouver un nouveau souffle en Algérie. Des anciens d'Alger Républicain regrettent cependant que la mémoire sélective algérienne d'aujourd'hui n'ait même pas honoré d'une plaque ce journal engagé en faveur des droits des Algériens... Henri Alleg fut arrêté le 12 juin 1957 chez son ami Maurice Audin, un mathématicien alors âgé de 25 ans, qui, lui-même capturé la veille, mourra sous la torture. François Hollande a rendu hommage à Maurice Audin lors de sa visite officielle en Algérie l'an dernier. Le journaliste fut torturé à plusieurs reprises au cours de sa détention, et ce sont ces séances de « gégène » qui constituent le point de départ du livre La Question. Pour l'establishment français de l'époque, Henri Alleg était un « traître ». Il fut jugé pour « atteinte à la sûreté extérieure de l'Etat » et « reconstitution de ligue dissoute », et condamné à dix ans de prison. Il parvint à s'échapper, et rejoignit la Tchécoslovaquie alors communiste. Il ne put revenir en France qu'après l'amnistie des Accords d'Evian qui accordèrent l'indépendance à l'Algérie en 1962. Il a incontestablement joué un grand rôle dans la prise de conscience, lente et progressive, de l'opinion française face aux crimes commis en son nom en Algérie. Il restera communiste jusqu'au bout. L'Algérie salue la mémoire de ce grand héros de la résistance et un militant des causes justes.