"Médiocre." C'est la note sans appel attribuée par les industriels allemands à la chancelière Angela Merkel pour sa gestion de la transition énergétique, selon un sondage mené par l'Institut économique de Cologne IW, publié mi-août. "Médiocre." C'est la note sans appel attribuée par les industriels allemands à la chancelière Angela Merkel pour sa gestion de la transition énergétique, selon un sondage mené par l'Institut économique de Cologne IW, publié mi-août. Si elle n'était pas formulée par ses amis politiques, cette ferme condamnation aurait pu coûter cher politiquement à la candidate chrétienne-démocrate. Car, avec l'accélération de la transition énergétique, deux ans après l'annonce surprise de la sortie anticipée du nucléaire en 2011, le bilan est peu reluisant. Ni les industriels, ni les consommateurs, ni l'environnement n'en profitent pour l'instant.Cette transition énergétique se traduit en effet par une série d'effets pervers. Le premier est la hausse du prix de l'électricité en Allemagne. Les consommateurs et les petites et moyennes entreprises payent pour cette énergie un des tarifs les plus élevés d'Europe. La loi sur les énergies renouvelables de 2000 a créé une spirale inflationniste sur l'électricité, au point que les industriels s'inquiètent de la compétitivité du pays à moyen terme. Peu de politiques osent réellement porter l'estocade à Angela Merkel sur ce dossier, tant il est complexe. La loi sur les énergies renouvelables, adoptée en 2000, prévoit une obligation de raccordement au réseau de toutes les installations produisant de l'électricité renouvelable. Les producteurs, qu'ils soient des entreprises ou des particuliers, bénéficient d'un prix de rachat au-dessus du prix du marché garanti sur vingt ans. Le surcoût créé par ces énergies est réparti sur l'ensemble des consommateurs. En garantissant une sécurité aux producteurs, ce texte a permis une croissance exceptionnelle des énergies renouvelables en Allemagne depuis vingt ans. Elles représentent, treize ans après l'adoption de la loi, 23 % de l'ensemble de l'électricité produite dans le pays. Mais le secteur est aujourd'hui victime de son succès.L'explosion du photovoltaïque et de l'éolien a considérablement augmenté la facture dédiée aux énergies renouvelables. En 2013, elle s'élève à 5,27 centimes par kilowattheure, soit une surcharge pour un foyer de trois personnes de 185 euros par an. En 2014, ce surcoût devrait monter à 250 euros, jugent les experts. Cette cherté de l'électricité est de moins en moins comprise par le consommateur. Car, paradoxalement, il paye son courant d'autant plus cher que le prix de gros de l'électricité sur les marchés financiers est bas. La raison tient aux tarifs garantis aux producteurs, qui alourdissent l'enveloppe du renouvelable lorsque les prix baissent. Or, en matière d'énergie renouvelable, les foyers pauvres payent autant que les riches.A ceci s'ajoute que l'Allemagne, pionnière dans le secteur, n'est pas plus propre pour autant. Malgré des capacités de production dans l'éolien et le photovoltaïque considérables, le pays a augmenté en 2012 ses émissions de CO2 de 2 %. En cause : le retour du charbon, énergie peu chère mais très polluante, vers laquelle se tournent les grandes compagnies électriques du pays (RWE, E.ON, Vattenfall, EnBW) en panne de profits.La fermeture anticipée des réacteurs nucléaires les plus anciens en 2011 et l'explosion du courant "vert" prioritaire sur le réseau a en effet ruiné le modèle économique de ces groupes, pour qui l'atome était très rentable. Autrefois titres vedettes sur la place de Francfort, E.ON et RWE ont vu leur capitalisation boursière s'effondrer ces deux dernières années. EnBW lutte contre la faillite, le suédois Vattenfall n'exclut pas de se retirer du pays. Tous ont entrepris de profondes restructurations. E.ON a annoncé, en 2012, 6 000 suppressions de postes. Pour limiter les dégâts, RWE a misé avec succès sur l'exportation massive de son électricité produite dans ses centrales à charbon. En 2012, l'Allemagne a ainsi exporté 23 milliards de kilowattheures vers l'Europe, un record absolu. Les grandes perdantes sont les centrales à gaz, pourtant bien mieux adaptées à la transition énergétique que les réacteurs à charbon. Peu polluantes, flexibles d'utilisation, elles sont à même de répondre aux fluctuations de la production des énergies renouvelables. Mais le faible prix de l'électricité en Bourse, associé aux forts tarifs d'achat du gaz naturel, rend ces centrales actuellement non rentables. A peine lancé, le réacteur à gaz flambant neuf d'Ingolstadt en Bavière, le plus moderne et efficient du pays, ne fonctionne qu'à 20 % de ses capacités, au désespoir de son propriétaire E.ON. L'affaiblissement des "Big Four" de l'énergie allemande a des conséquences sur les grands projets d'infrastructures renouvelables ambitionnés par le gouvernement. Ces acteurs peinent à financer les parcs éoliens offshore en mer du Nord et en mer Baltique, véritables défis technologiques, qui doivent assurer une production d'électricité renouvelable plus forte et constante que les équipements actuels. Mais le pire est peut-être encore à venir. La population, qui avait souhaité la sortie du nucléaire en 2011 après les accidents de Fukushima, se montre réticente à l'idée d'accueillir les milliers de kilomètres de lignes à haute tension. Des milliers de plaintes sont en préparation. De quoi retarder encore la réalisation de la transition énergétique, "projet du siècle", selon l'expression d'Angela Merkel. Si elle n'était pas formulée par ses amis politiques, cette ferme condamnation aurait pu coûter cher politiquement à la candidate chrétienne-démocrate. Car, avec l'accélération de la transition énergétique, deux ans après l'annonce surprise de la sortie anticipée du nucléaire en 2011, le bilan est peu reluisant. Ni les industriels, ni les consommateurs, ni l'environnement n'en profitent pour l'instant.Cette transition énergétique se traduit en effet par une série d'effets pervers. Le premier est la hausse du prix de l'électricité en Allemagne. Les consommateurs et les petites et moyennes entreprises payent pour cette énergie un des tarifs les plus élevés d'Europe. La loi sur les énergies renouvelables de 2000 a créé une spirale inflationniste sur l'électricité, au point que les industriels s'inquiètent de la compétitivité du pays à moyen terme. Peu de politiques osent réellement porter l'estocade à Angela Merkel sur ce dossier, tant il est complexe. La loi sur les énergies renouvelables, adoptée en 2000, prévoit une obligation de raccordement au réseau de toutes les installations produisant de l'électricité renouvelable. Les producteurs, qu'ils soient des entreprises ou des particuliers, bénéficient d'un prix de rachat au-dessus du prix du marché garanti sur vingt ans. Le surcoût créé par ces énergies est réparti sur l'ensemble des consommateurs. En garantissant une sécurité aux producteurs, ce texte a permis une croissance exceptionnelle des énergies renouvelables en Allemagne depuis vingt ans. Elles représentent, treize ans après l'adoption de la loi, 23 % de l'ensemble de l'électricité produite dans le pays. Mais le secteur est aujourd'hui victime de son succès.L'explosion du photovoltaïque et de l'éolien a considérablement augmenté la facture dédiée aux énergies renouvelables. En 2013, elle s'élève à 5,27 centimes par kilowattheure, soit une surcharge pour un foyer de trois personnes de 185 euros par an. En 2014, ce surcoût devrait monter à 250 euros, jugent les experts. Cette cherté de l'électricité est de moins en moins comprise par le consommateur. Car, paradoxalement, il paye son courant d'autant plus cher que le prix de gros de l'électricité sur les marchés financiers est bas. La raison tient aux tarifs garantis aux producteurs, qui alourdissent l'enveloppe du renouvelable lorsque les prix baissent. Or, en matière d'énergie renouvelable, les foyers pauvres payent autant que les riches.A ceci s'ajoute que l'Allemagne, pionnière dans le secteur, n'est pas plus propre pour autant. Malgré des capacités de production dans l'éolien et le photovoltaïque considérables, le pays a augmenté en 2012 ses émissions de CO2 de 2 %. En cause : le retour du charbon, énergie peu chère mais très polluante, vers laquelle se tournent les grandes compagnies électriques du pays (RWE, E.ON, Vattenfall, EnBW) en panne de profits.La fermeture anticipée des réacteurs nucléaires les plus anciens en 2011 et l'explosion du courant "vert" prioritaire sur le réseau a en effet ruiné le modèle économique de ces groupes, pour qui l'atome était très rentable. Autrefois titres vedettes sur la place de Francfort, E.ON et RWE ont vu leur capitalisation boursière s'effondrer ces deux dernières années. EnBW lutte contre la faillite, le suédois Vattenfall n'exclut pas de se retirer du pays. Tous ont entrepris de profondes restructurations. E.ON a annoncé, en 2012, 6 000 suppressions de postes. Pour limiter les dégâts, RWE a misé avec succès sur l'exportation massive de son électricité produite dans ses centrales à charbon. En 2012, l'Allemagne a ainsi exporté 23 milliards de kilowattheures vers l'Europe, un record absolu. Les grandes perdantes sont les centrales à gaz, pourtant bien mieux adaptées à la transition énergétique que les réacteurs à charbon. Peu polluantes, flexibles d'utilisation, elles sont à même de répondre aux fluctuations de la production des énergies renouvelables. Mais le faible prix de l'électricité en Bourse, associé aux forts tarifs d'achat du gaz naturel, rend ces centrales actuellement non rentables. A peine lancé, le réacteur à gaz flambant neuf d'Ingolstadt en Bavière, le plus moderne et efficient du pays, ne fonctionne qu'à 20 % de ses capacités, au désespoir de son propriétaire E.ON. L'affaiblissement des "Big Four" de l'énergie allemande a des conséquences sur les grands projets d'infrastructures renouvelables ambitionnés par le gouvernement. Ces acteurs peinent à financer les parcs éoliens offshore en mer du Nord et en mer Baltique, véritables défis technologiques, qui doivent assurer une production d'électricité renouvelable plus forte et constante que les équipements actuels. Mais le pire est peut-être encore à venir. La population, qui avait souhaité la sortie du nucléaire en 2011 après les accidents de Fukushima, se montre réticente à l'idée d'accueillir les milliers de kilomètres de lignes à haute tension. Des milliers de plaintes sont en préparation. De quoi retarder encore la réalisation de la transition énergétique, "projet du siècle", selon l'expression d'Angela Merkel.