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Un ancien chasseur alpin raconte les exactions françaises en Kabylie
Un piton séparé du reste du monde de claude georges picard
Publié dans Le Midi Libre le 07 - 04 - 2014

Un Piton séparé du reste du monde, paru aux éditions du Net est, sans nul doute, l'un des rares livres sincères écrit par un soldat français sur la Guerre d'Algérie. Il vaut son pesant de vérités.
Un Piton séparé du reste du monde, paru aux éditions du Net est, sans nul doute, l'un des rares livres sincères écrit par un soldat français sur la Guerre d'Algérie. Il vaut son pesant de vérités.
Un Piton séparé du monde est le journal que Claude Georges Picard, a écrit sur ses années passées au sein d'une section de chasseurs alpins dans un petit village de Kabylie. C'est un témoignage extrêmement important et riche en informations sur la guerre d'Indépendance. Le style de l'auteur est dépouillé, simple, direct et sans fioritures. Claude Georges Picard écrit à chaud, sans changement, hormis quelques mises en perspective pour la compréhension du texte et par ailleurs faciles à identifier.
Ce journal commence à son départ de France jusqu'à son départ. L'auteur tient vaille que vaille jusqu'à son départ la plume. Il y consigne clandestinement tout ce qu'il voit et vit et fait envoyer les feuillets en secret à son père. Et refuse donc de devenir un jour ces centaines de milliers d'anciens soldats taiseux après avoir vu l'innommable. Claude Georges Picard préfère écrire pour tenir.
L'homme est traversé de doutes sur sa place dans cette guerre. Même s'il refuse d'être un insoumis Claude Georges Picard ne se faisait pas d'illusion sur la guerre d'Algérie. « Je voudrais seulement ne pas manquer à l'honneur. Si je reviens un jour à mon pays, ne jamais être taraudé par un remord
indélébile », écrit-il le 11 janvier 1961. Il arrive le 14 janvier à El Kseur et rejoindra sa section basé à Imaghdacène, un petit village dans la forêt de Yakourène.
De là, il témoigne sur les méthodes abjectes de sa section, les tortures, les souffrances de la population, mais aussi sur les trois classes qu'il a mis en place ainsi que le petit dispensaire pour les habitants d'Imaghdacène, un village qui a pourtant refusé la soumission à l'armée française. "Habituellement, le maître d'école s'avance vers ses élèves avec un cartable bourré de livre. Moi je vais vers eux des grenades dans les poches de mon treillis et un pistolet mitrailleur en bandoulière. Je ne voulais pas prendre d'arme. L'adjudant chef a refusé", écrit-il le 26 février après qu'il fut accueilli avec des cris de joie par les élèves, les femmes et les vieillards.
Les hommes valides sont soit au maquis ou dans l'émigration.
"Il fait très froid. L'école n'est pas chauffée. La neige recouvre les toits du village et obstrue les ruelles. Aucun élève ne manque à l'appel", souligne le 14 mars 1961. C'est dire la soif d'apprendre de ces bambins.
Pour Claude Georges Picard, le camp est une prison, ses compagnons des détenus. Il est sans concession avec les soldats. Parlant d'eux, il écrit le 17 mai : "Je suis dégoûté de cette humanité, je suis entouré d'une bande d'ivrogne ...
Il est 23h45, l'étable à cloportes a pris des allures de caveau. Nous sommes rangés dans nos lits comme des morts dans leur tombe. Mais les morts n'écrivent pas, mais les morts ne se haïssent pas". Tout l'ouvrage est de la même eau: limpide et direct comme un upercut d'un champion, sans demi-mesure. Un Piton séparé du reste du monde sera à l'histoire dans cette région, ce qu'était La question de Henri Alleg à la torture pendant la guerre d'Indépendance : un témoignage de première main. A ce titre, le refus de publication opposé en 1962 à ce journal par le jury Grand prix vérité du Parisien libéré renseigne par ailleurs sur la censure qui prévalait en France sur tout ouvrage qui n'entrait pas les cases glorificatrices de la colonisation.
Le livre est précieux, son auteur est sans doute l'un des rares soldats, pour ne pas dire le seul, à avoir écrit un document pareil sur ses années de guerre en Algérie. Sincère, clair, précis et sans pathos, le soldat déroule son quotidien dans ce poste avancé au fin fond de la Kabylie et nous offre à lire aussi une page de notre histoire, non sans nuances. Un Piton séparé du reste du monde bat en brèche la vulgate militaire française et les fameux journaux de marche qui retracent d'un style policé et revisité la guerre d'indépendance. Il révèle de l'intérieur cette violence brutale qui animait nombre de soldats de l'armée française.Un Piton séparé du reste du monde est franchement un journal à lire et faire lire.
Un Piton séparé du monde est le journal que Claude Georges Picard, a écrit sur ses années passées au sein d'une section de chasseurs alpins dans un petit village de Kabylie. C'est un témoignage extrêmement important et riche en informations sur la guerre d'Indépendance. Le style de l'auteur est dépouillé, simple, direct et sans fioritures. Claude Georges Picard écrit à chaud, sans changement, hormis quelques mises en perspective pour la compréhension du texte et par ailleurs faciles à identifier.
Ce journal commence à son départ de France jusqu'à son départ. L'auteur tient vaille que vaille jusqu'à son départ la plume. Il y consigne clandestinement tout ce qu'il voit et vit et fait envoyer les feuillets en secret à son père. Et refuse donc de devenir un jour ces centaines de milliers d'anciens soldats taiseux après avoir vu l'innommable. Claude Georges Picard préfère écrire pour tenir.
L'homme est traversé de doutes sur sa place dans cette guerre. Même s'il refuse d'être un insoumis Claude Georges Picard ne se faisait pas d'illusion sur la guerre d'Algérie. « Je voudrais seulement ne pas manquer à l'honneur. Si je reviens un jour à mon pays, ne jamais être taraudé par un remord
indélébile », écrit-il le 11 janvier 1961. Il arrive le 14 janvier à El Kseur et rejoindra sa section basé à Imaghdacène, un petit village dans la forêt de Yakourène.
De là, il témoigne sur les méthodes abjectes de sa section, les tortures, les souffrances de la population, mais aussi sur les trois classes qu'il a mis en place ainsi que le petit dispensaire pour les habitants d'Imaghdacène, un village qui a pourtant refusé la soumission à l'armée française. "Habituellement, le maître d'école s'avance vers ses élèves avec un cartable bourré de livre. Moi je vais vers eux des grenades dans les poches de mon treillis et un pistolet mitrailleur en bandoulière. Je ne voulais pas prendre d'arme. L'adjudant chef a refusé", écrit-il le 26 février après qu'il fut accueilli avec des cris de joie par les élèves, les femmes et les vieillards.
Les hommes valides sont soit au maquis ou dans l'émigration.
"Il fait très froid. L'école n'est pas chauffée. La neige recouvre les toits du village et obstrue les ruelles. Aucun élève ne manque à l'appel", souligne le 14 mars 1961. C'est dire la soif d'apprendre de ces bambins.
Pour Claude Georges Picard, le camp est une prison, ses compagnons des détenus. Il est sans concession avec les soldats. Parlant d'eux, il écrit le 17 mai : "Je suis dégoûté de cette humanité, je suis entouré d'une bande d'ivrogne ...
Il est 23h45, l'étable à cloportes a pris des allures de caveau. Nous sommes rangés dans nos lits comme des morts dans leur tombe. Mais les morts n'écrivent pas, mais les morts ne se haïssent pas". Tout l'ouvrage est de la même eau: limpide et direct comme un upercut d'un champion, sans demi-mesure. Un Piton séparé du reste du monde sera à l'histoire dans cette région, ce qu'était La question de Henri Alleg à la torture pendant la guerre d'Indépendance : un témoignage de première main. A ce titre, le refus de publication opposé en 1962 à ce journal par le jury Grand prix vérité du Parisien libéré renseigne par ailleurs sur la censure qui prévalait en France sur tout ouvrage qui n'entrait pas les cases glorificatrices de la colonisation.
Le livre est précieux, son auteur est sans doute l'un des rares soldats, pour ne pas dire le seul, à avoir écrit un document pareil sur ses années de guerre en Algérie. Sincère, clair, précis et sans pathos, le soldat déroule son quotidien dans ce poste avancé au fin fond de la Kabylie et nous offre à lire aussi une page de notre histoire, non sans nuances. Un Piton séparé du reste du monde bat en brèche la vulgate militaire française et les fameux journaux de marche qui retracent d'un style policé et revisité la guerre d'indépendance. Il révèle de l'intérieur cette violence brutale qui animait nombre de soldats de l'armée française.Un Piton séparé du reste du monde est franchement un journal à lire et faire lire.


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