Le film d'un réalisateur marocain sur la prostitution, Much Loved, présenté au festival de Cannes mais interdit de diffusion au Maroc, a entraîné une vive polémique dans le royaume mais a aussi permis d'engager un débat sur ce fléau. Cette oeuvre de Nabil Ayouch, qui aborde la prostitution à travers le portrait de quatre femmes, ne devait initialement sortir en salle qu'à l'automne au Maroc. Le film d'un réalisateur marocain sur la prostitution, Much Loved, présenté au festival de Cannes mais interdit de diffusion au Maroc, a entraîné une vive polémique dans le royaume mais a aussi permis d'engager un débat sur ce fléau. Cette oeuvre de Nabil Ayouch, qui aborde la prostitution à travers le portrait de quatre femmes, ne devait initialement sortir en salle qu'à l'automne au Maroc. Mais la publication d'extraits sur Internet comportant des danses suggestives et des propos à connotation sexuelle a immédiatement suscité la controverse, dans un pays aux moeurs conservatrices. Violentes attaques contre l'équipe du film sur les réseaux sociaux et lors d'un sit-in, plainte - sans suite - d'une association locale : Much loved a été vivement pris à partie dans l'opinion, tandis que le gouvernement islamiste décidait d'interdire préventivement sa diffusion, évoquant "un outrage grave aux valeurs morales et à la femme marocaine". Cette prise de position n'a toutefois pas mis un terme à la polémique, dont s'était déjà emparée la classe politique. "Nabil Ayouch a une mère, une grand-mère, une soeur et une épouse. Il devrait revenir à Dieu et renoncer à ce travail", a tonné lors d'un meeting le patron du parti Istiqlal, Hamid Chabat. "Les oeuvres artistiques doivent être évaluées selon les critères de créativité et non selon un prisme moralisateur", a rétorqué la vice-présidente de la chambre des députés, Khadija Rouissi, du Parti authenticité et modernité (PAM, opposition). La controverse s'est même un temps amplifiée sur la question des moeurs avec la condamnation par le ministre de la Communication, Mustapha Khalfi, de la diffusion sur une TV publique d'un concert à Rabat de Jennifer Lopez, dans le cadre du festival Mawazine. Issu du Parti justice et développement (PJD, islamiste), il a jugé cette retransmission "inadmissible" en raison des tenues légères et danses suggestives de la "bomba latina". La presse s'est aussi divisée sur le cas Much loved, notamment sur l'opportunité de traiter de manière aussi crue la prostitution. "Oui, la prostitution existe au Maroc (...). Mais ce n'est pas une raison pour traiter un sujet aussi sensible avec une écriture et un ton aussi provocateurs", s'est exclamé Maroc Hebdo. Acontrario, d'autres titres ayant pu assister à une projection privée ont salué un film qui "contribue à ouvrir un débat", même houleux. Much Loved décrit "un milieu qui suinte la misère et la violence", a fait valoir l'hebdomadaire Tel Quel. Dans ce contexte, certains médias ont offert une tardive médiatisation à un rapport du ministère de la Santé abordant le phénomène de la prostitution dans quatre grandes villes. Situation sociale, âge du premier rapport, contraception : cette étude de 2011 consacrée à la lutte contre le sida détaille le profil de quelque 19.000 prostituées. Pour le reste, du fait du tabou entourant le fléau, peu d'éléments sont connus sur la prostitution au Maroc, qui toucherait aussi bien les villes touristiques, les centres urbains que les campagnes. "Appel d'air" Durant la polémique Much Loved, une prostituée, sous couvert de l'anonymat, a brièvement été invitée à livrer son témoignage à la radio à une heure de grande écoute. Les soirées, les danses, la vulgarité, tout cela existe, a-t-elle dit, sans élaborer. "Je ne comprends pas pourquoi la société n'a pas accepté ce film. Peut-être parce qu'il montre une catégorie de la population qu'elle préfère maintenir cachée?", a-t-elle regretté. A défaut de diffusion officielle, des DVD pirates des rushes de Much loved circulent en abondance "sur le marché parallèle", signalait en outre Medias 24 mercredi. "L'interdiction crée un appel d'air (...) et fait en sorte de donner bien plus de résonance au film", ajoutait ce média en ligne. Au beau milieu du tumulte, Nabil Ayouch s'est défendu de tout sensationnalisme, indiquant avoir rencontré près de "200 travailleuses du sexe" afin de préparer son film de la manière la plus réaliste. "S'arrêter à la polémique ne serait pas rendre hommage à ce que vivent ces femmes au quotidien, a-t-il dit. La prostitution est autour de nous et au lieu de refuser de la voir, il faut essayer de comprendre." Mais la publication d'extraits sur Internet comportant des danses suggestives et des propos à connotation sexuelle a immédiatement suscité la controverse, dans un pays aux moeurs conservatrices. Violentes attaques contre l'équipe du film sur les réseaux sociaux et lors d'un sit-in, plainte - sans suite - d'une association locale : Much loved a été vivement pris à partie dans l'opinion, tandis que le gouvernement islamiste décidait d'interdire préventivement sa diffusion, évoquant "un outrage grave aux valeurs morales et à la femme marocaine". Cette prise de position n'a toutefois pas mis un terme à la polémique, dont s'était déjà emparée la classe politique. "Nabil Ayouch a une mère, une grand-mère, une soeur et une épouse. Il devrait revenir à Dieu et renoncer à ce travail", a tonné lors d'un meeting le patron du parti Istiqlal, Hamid Chabat. "Les oeuvres artistiques doivent être évaluées selon les critères de créativité et non selon un prisme moralisateur", a rétorqué la vice-présidente de la chambre des députés, Khadija Rouissi, du Parti authenticité et modernité (PAM, opposition). La controverse s'est même un temps amplifiée sur la question des moeurs avec la condamnation par le ministre de la Communication, Mustapha Khalfi, de la diffusion sur une TV publique d'un concert à Rabat de Jennifer Lopez, dans le cadre du festival Mawazine. Issu du Parti justice et développement (PJD, islamiste), il a jugé cette retransmission "inadmissible" en raison des tenues légères et danses suggestives de la "bomba latina". La presse s'est aussi divisée sur le cas Much loved, notamment sur l'opportunité de traiter de manière aussi crue la prostitution. "Oui, la prostitution existe au Maroc (...). Mais ce n'est pas une raison pour traiter un sujet aussi sensible avec une écriture et un ton aussi provocateurs", s'est exclamé Maroc Hebdo. Acontrario, d'autres titres ayant pu assister à une projection privée ont salué un film qui "contribue à ouvrir un débat", même houleux. Much Loved décrit "un milieu qui suinte la misère et la violence", a fait valoir l'hebdomadaire Tel Quel. Dans ce contexte, certains médias ont offert une tardive médiatisation à un rapport du ministère de la Santé abordant le phénomène de la prostitution dans quatre grandes villes. Situation sociale, âge du premier rapport, contraception : cette étude de 2011 consacrée à la lutte contre le sida détaille le profil de quelque 19.000 prostituées. Pour le reste, du fait du tabou entourant le fléau, peu d'éléments sont connus sur la prostitution au Maroc, qui toucherait aussi bien les villes touristiques, les centres urbains que les campagnes. "Appel d'air" Durant la polémique Much Loved, une prostituée, sous couvert de l'anonymat, a brièvement été invitée à livrer son témoignage à la radio à une heure de grande écoute. Les soirées, les danses, la vulgarité, tout cela existe, a-t-elle dit, sans élaborer. "Je ne comprends pas pourquoi la société n'a pas accepté ce film. Peut-être parce qu'il montre une catégorie de la population qu'elle préfère maintenir cachée?", a-t-elle regretté. A défaut de diffusion officielle, des DVD pirates des rushes de Much loved circulent en abondance "sur le marché parallèle", signalait en outre Medias 24 mercredi. "L'interdiction crée un appel d'air (...) et fait en sorte de donner bien plus de résonance au film", ajoutait ce média en ligne. Au beau milieu du tumulte, Nabil Ayouch s'est défendu de tout sensationnalisme, indiquant avoir rencontré près de "200 travailleuses du sexe" afin de préparer son film de la manière la plus réaliste. "S'arrêter à la polémique ne serait pas rendre hommage à ce que vivent ces femmes au quotidien, a-t-il dit. La prostitution est autour de nous et au lieu de refuser de la voir, il faut essayer de comprendre."