«C'est une prostituée que je joue, à l'image des nombreuses prostituées qui existent au Maroc. Jouer le rôle d'une prostituée, c'est comme jouer celui d'une tueuse.» Loubna Abidar, actrice de Much loved Le ministre de la Communication, Mustapha El Khalfi, issu du parti islamiste le Parti justice et développement (PJD) du Premier ministre Benkirane, s'est insurgé contre la retransmission en direct par la chaîne de télévision publique 2M du concert de l'artiste américaine Jennifer Lopez à l'ouverture du festival Mawazine, festival de musiques et rythmes du monde. Dans un message posté sur sa page Facebook, le ministre annonce que la Haute autorité de la communication audiovisuelle (Haca), ainsi que le comité d'éthique de la chaîne 2M seront saisis. Mustapha El Khalfi réagit ainsi à la polémique née à la suite du passage à la télé de Jennifer Lopez qui, sur scène, a multiplié les petites tenues. Ses jambes n'ont jamais été couvertes durant le show. Beaucoup de personnes ont dénoncé son habillement et ses poses très suggestives. L'une des critiques a été portée par le Parti justice et développement (PJD) auquel appartient le ministre El Khalfi. Le PJD a fustigé le fait qu'une chanteuse dénudée accomplisse des «danses aux connotations érotiques flagrantes sur une télévision du pôle public». Le 29 mai dernier, 160.000 personnes ont assisté au concert de Jennifer Lopez sur la scène de l'OLM Souissi à Rabat. Aux premières loges, il y avait la famille royale marocaine: la princesse Salma, épouse du roi Mohammed VI et ses enfants, le prince héritier Moulay Hassan et la princesse Lalla Khadija. La chaîne 2M quant à elle n'a pas moins enregistré une forte audience au cours de cette soirée. Cette affaire intervient après l'affaire du film de Nabil Ayouch. Le 25 mai 2015, un communiqué du ministère de la Communication du Maroc, a interdit la diffusion dans le Royaume marocain du film Much loved, réalisé par le Franco-Marocain Nabil Ayouch. Dans une interview au site d'information Telquel.ma, le ministre Mustapha El Khalfi a déclaré que l'enjeu de cette interdiction était de protéger l'image du Maroc. En effet, le film est tourné dans la ville marocaine de Marrakech. Il met en scène quatre prostituées ainsi que d'autres filles de joie. Le langage est cru et les scènes sont osées. Le film mélange plaisir et humiliations subies par des femmes. Le réalisateur Nabil Ayouch a interrogé 256 prostituées avant d'écrire le scénario de ce long-métrage. Le communiqué du ministère de la Communication indique que le film «comporte un outrage grave aux valeurs morales et à la femme marocaine et une atteinte flagrante à l'image du Maroc». Une plainte a même été déposée par l'Association marocaine de défense du citoyen (Amdc) contre le réalisateur, Nabil Ayouch, l'actrice principale, Loubna Abidar et toutes les personnes ayant participé à cette production. L'oeuvre cinématographique qui a été diffusée au Festival de Cannes. «Une équipe du Centre cinématographique marocain (CCM) a vu le film au Maroc. Cette équipe s'est ensuite déplacée au Festival pour voir le film une deuxième fois, afin de s'assurer qu'il n'était pas diffusable au Maroc», explique Mustapha El Khalfi. Le film a été interdit au Maroc bien avant que le visa d'exploitation ne soit demandé, à la grande surprise de Nabil Ayouch et son équipe. [email protected]