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Un savoir conjugué au féminin
L'imzad
Publié dans Le Midi Libre le 16 - 12 - 2015

L'imzad, un instrument de musique ancestral, a désormais sa maison (Dar Imzad) et c'est dans la région de l'Askrème, aux environs de Tamanrasset et ce, pour immortaliser une musique "inoxidable" par les vents du renouveau.
L'imzad, un instrument de musique ancestral, a désormais sa maison (Dar Imzad) et c'est dans la région de l'Askrème, aux environs de Tamanrasset et ce, pour immortaliser une musique "inoxidable" par les vents du renouveau.
Un instrument qu'affectionnent bien les femmes Targuies qui le jouent exclusivement pour raconter l'histoire ancestrale de la région et de son peuple. Il garde la mémoire et vecteur d'une culture qui s'essouffle pas. Rappelons que l'imzad est reconnu patrimoine universel.
L'imzad se compose essentiellement d'une calebasse demi-sphérique appelée "ateklas" ou "elkas" qu'on munit d'un manche de bois "tabourit" bâton (manche du violon), sur lequel on tend une peau "élem" et à laquelle on ajuste une corde "aziou" faite de crins de cheval ; un chevalet, formé de deux petits bâtons croisés et liés ensemble, "tiziouin" (petites tiges = chevalet du violon), maintien la corde au dessus de la peau du violon ; deux ouïes, dont chacune est appelée "tit" oeil (ouïe du violon), sont pratiquées dans la peau,
l'une à droite, l'autre à gauche du chevalet ; quelques rares imzad n'ont qu'une ouïe, placée soit à droite ou à gauche du chevalet ; quelquefois les deux ouïes ou l'ouïe unique sont non pas à la hauteur du chevalet mais entre le chevalet et le manche ; dans ce cas, lorsqu'il n'y a qu'une ouïe, elle est habituellement sous la corde. L'imzad n'a pas de cheville ; à chaque extrémité de la corde est attachée une mince lanière de peau, dont l'une passe sur l'extrémité...
du manche et ensuite s'enroule autour et s'y noue, et dont l'autre s'accroche à l'extrémité... du baton qui sert de manche ; une fine lanière de peau "tessarit" ( étrangloir) qui est mobile et nouée au manche maintient la corde contre le manche jusqu'à une distance plus ou moins grande de l'extrémité (...) de celui-ci. Le diamètre (...) de la peau sur la calebasse varie habituellement entre 20 et 50 cm. (...)
On joue de l'imzad assis, l'instrument sur les genoux, la main gauche tenant le manche et pressant la corde, la main droite tenant l'archet. L'archet taganhé est une baguette recourbée en forme de demicercle entre les extrémités de la quelle est tendue une corde aziou faite en crins de cheval ; le bois de l'archet est appelé "éserir" (bois)... Inscrit en 2013 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité, la musique de l'imzad, caractéristique des populations touarègues, est jouée par les femmes avec un instrument à corde unique frottée, également connu sous le nom d'imzad.
La musicienne place l'instrument sur ses genoux et joue en position assise au moyen d'un archet en bois arqué. Alliant musique et poésie, la musique de l'imzad est fréquemment jouée lors des cérémonies dans les campements touarègues. L'instrument fournit l'accompagnement mélodique des chants poétiques ou populaires glorifiant les aventures et les exploits des héros du passé, qui sont souvent chantés par les hommes et auxquels hommes et femmes participent en émettant des cris modulés ou aigus.
La musique revêt également une fonction thérapeutique car elle est jouée pour chasser les mauvais esprits et atténuer les souffrances des malades. Le son de l'imzad reflète les sentiments et les états d'âme de l'interprète, et toute difficulté d'exécution au cours d'une interprétation est considérée comme un signe de malheur. Les femmes fabriquent l'instrument à partir d'une demi-calebasse séchée et évidée. Celle-ci est tendue d'une peau du côté ouvert, percée de deux ouïes en forme de rosace et munie d'un chevalet en bois en forme de V.
Le savoir musical de l'imzad est transmis oralement selon des méthodes traditionnelles qui favorisent l'observation et l'assimilation. Plusieurs civilisations sont passées au Sahara ; aucune n'a fait sombrer dans l'oubli la pratique de l'ahal grâce à l'imzad. En effet, l'ahal a toujours constitué un rassemblement mondain, littéraire et musical. L'ahal est considéré comme une véritable institution et le point culminant de la vie culturelle, artistique et littéraire des Touaregs.
L'imzad est joué à l'occasion des "ahal" organisés à la marge des campements pour célébrer les grandes occasions. Utilisé, en particulier, chez les Touaregs de l'Ahaggar et de l'Azjer, le terme de l'ahal désigne une réunion musicale et poétique qui se déroule au moment où les activités du campement déclinent.
L'ahal est considéré comme une véritable institution et le point culminant de la vie culturelle, artistique et littéraire des Touaregs. L'assemblée de l'ahal est présidée par une femme appelée tamghart n ahal, qui en assure l'organisation et fait respecter, par les participants, les différents codes moraux et esthétiques qui régissent cette institution. Les participants à l'ahal se doivent de respecter l'assistance, sous peine de se voir exclure par un regard plus tranchant que la lame d'une épée, et que craint tout homme ou femme intègre.
Ils ont la stricte obligation de parler un langage soutenu et raffiné. A l'ahal participent tous les jeunes gens, les femmes et les hommes non mariés ou divorcés, de différentes couches de la société. La mélodie de l'imzad est accompagnée des voix masculines entonnant des poésies anciennes. C'est dans l'ahal que se font les réputations des individus et que se jugent, publiquement, les attitudes de dignité ou, au contraire, de déshonneur. La réunion de l'ahal est l'occasion pour tous ceux qui ont composé ou simplement appris des poèmes de les déclamer, sous le regard émerveillé de leurs amours.
De ce fait, l'ahal est le forum qui permet la diffusion de ces poèmes jusqu'à arriver aux oreilles de leurs destinataires, s'ils sont absents. La première fonction de l'imzad, dont les airs sont des sortes de dédicaces, qui sont censées relater l'un de leurs exploits, est d'honorer les héros. Une deuxième fonction de la musique de l'imzad est de rappeler aux hommes, partis loin, la douceur des campements et du pays.
Les sujets de la poésie, qui accompagne la musique de l'imzad, varient entre les louanges à la bien-aimée, les expériences personnelles vécues lors de voyages aux pays lointains et la célébration d'événements qui ont marqué la vie de la communauté. Le portrait de l'homme accompli, tel qu'il est vanté dans les poésies, est d'abord celui du guerrier, dont le courage et la bravoure, pour la défense des intérêts de sa communauté, donnent droit aux faveurs féminines. Pour les femmes, beauté, esprit et élégance sont, le plus souvent, évoqués dans les louanges.
Un instrument qu'affectionnent bien les femmes Targuies qui le jouent exclusivement pour raconter l'histoire ancestrale de la région et de son peuple. Il garde la mémoire et vecteur d'une culture qui s'essouffle pas. Rappelons que l'imzad est reconnu patrimoine universel.
L'imzad se compose essentiellement d'une calebasse demi-sphérique appelée "ateklas" ou "elkas" qu'on munit d'un manche de bois "tabourit" bâton (manche du violon), sur lequel on tend une peau "élem" et à laquelle on ajuste une corde "aziou" faite de crins de cheval ; un chevalet, formé de deux petits bâtons croisés et liés ensemble, "tiziouin" (petites tiges = chevalet du violon), maintien la corde au dessus de la peau du violon ; deux ouïes, dont chacune est appelée "tit" oeil (ouïe du violon), sont pratiquées dans la peau,
l'une à droite, l'autre à gauche du chevalet ; quelques rares imzad n'ont qu'une ouïe, placée soit à droite ou à gauche du chevalet ; quelquefois les deux ouïes ou l'ouïe unique sont non pas à la hauteur du chevalet mais entre le chevalet et le manche ; dans ce cas, lorsqu'il n'y a qu'une ouïe, elle est habituellement sous la corde. L'imzad n'a pas de cheville ; à chaque extrémité de la corde est attachée une mince lanière de peau, dont l'une passe sur l'extrémité...
du manche et ensuite s'enroule autour et s'y noue, et dont l'autre s'accroche à l'extrémité... du baton qui sert de manche ; une fine lanière de peau "tessarit" ( étrangloir) qui est mobile et nouée au manche maintient la corde contre le manche jusqu'à une distance plus ou moins grande de l'extrémité (...) de celui-ci. Le diamètre (...) de la peau sur la calebasse varie habituellement entre 20 et 50 cm. (...)
On joue de l'imzad assis, l'instrument sur les genoux, la main gauche tenant le manche et pressant la corde, la main droite tenant l'archet. L'archet taganhé est une baguette recourbée en forme de demicercle entre les extrémités de la quelle est tendue une corde aziou faite en crins de cheval ; le bois de l'archet est appelé "éserir" (bois)... Inscrit en 2013 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité, la musique de l'imzad, caractéristique des populations touarègues, est jouée par les femmes avec un instrument à corde unique frottée, également connu sous le nom d'imzad.
La musicienne place l'instrument sur ses genoux et joue en position assise au moyen d'un archet en bois arqué. Alliant musique et poésie, la musique de l'imzad est fréquemment jouée lors des cérémonies dans les campements touarègues. L'instrument fournit l'accompagnement mélodique des chants poétiques ou populaires glorifiant les aventures et les exploits des héros du passé, qui sont souvent chantés par les hommes et auxquels hommes et femmes participent en émettant des cris modulés ou aigus.
La musique revêt également une fonction thérapeutique car elle est jouée pour chasser les mauvais esprits et atténuer les souffrances des malades. Le son de l'imzad reflète les sentiments et les états d'âme de l'interprète, et toute difficulté d'exécution au cours d'une interprétation est considérée comme un signe de malheur. Les femmes fabriquent l'instrument à partir d'une demi-calebasse séchée et évidée. Celle-ci est tendue d'une peau du côté ouvert, percée de deux ouïes en forme de rosace et munie d'un chevalet en bois en forme de V.
Le savoir musical de l'imzad est transmis oralement selon des méthodes traditionnelles qui favorisent l'observation et l'assimilation. Plusieurs civilisations sont passées au Sahara ; aucune n'a fait sombrer dans l'oubli la pratique de l'ahal grâce à l'imzad. En effet, l'ahal a toujours constitué un rassemblement mondain, littéraire et musical. L'ahal est considéré comme une véritable institution et le point culminant de la vie culturelle, artistique et littéraire des Touaregs.
L'imzad est joué à l'occasion des "ahal" organisés à la marge des campements pour célébrer les grandes occasions. Utilisé, en particulier, chez les Touaregs de l'Ahaggar et de l'Azjer, le terme de l'ahal désigne une réunion musicale et poétique qui se déroule au moment où les activités du campement déclinent.
L'ahal est considéré comme une véritable institution et le point culminant de la vie culturelle, artistique et littéraire des Touaregs. L'assemblée de l'ahal est présidée par une femme appelée tamghart n ahal, qui en assure l'organisation et fait respecter, par les participants, les différents codes moraux et esthétiques qui régissent cette institution. Les participants à l'ahal se doivent de respecter l'assistance, sous peine de se voir exclure par un regard plus tranchant que la lame d'une épée, et que craint tout homme ou femme intègre.
Ils ont la stricte obligation de parler un langage soutenu et raffiné. A l'ahal participent tous les jeunes gens, les femmes et les hommes non mariés ou divorcés, de différentes couches de la société. La mélodie de l'imzad est accompagnée des voix masculines entonnant des poésies anciennes. C'est dans l'ahal que se font les réputations des individus et que se jugent, publiquement, les attitudes de dignité ou, au contraire, de déshonneur. La réunion de l'ahal est l'occasion pour tous ceux qui ont composé ou simplement appris des poèmes de les déclamer, sous le regard émerveillé de leurs amours.
De ce fait, l'ahal est le forum qui permet la diffusion de ces poèmes jusqu'à arriver aux oreilles de leurs destinataires, s'ils sont absents. La première fonction de l'imzad, dont les airs sont des sortes de dédicaces, qui sont censées relater l'un de leurs exploits, est d'honorer les héros. Une deuxième fonction de la musique de l'imzad est de rappeler aux hommes, partis loin, la douceur des campements et du pays.
Les sujets de la poésie, qui accompagne la musique de l'imzad, varient entre les louanges à la bien-aimée, les expériences personnelles vécues lors de voyages aux pays lointains et la célébration d'événements qui ont marqué la vie de la communauté. Le portrait de l'homme accompli, tel qu'il est vanté dans les poésies, est d'abord celui du guerrier, dont le courage et la bravoure, pour la défense des intérêts de sa communauté, donnent droit aux faveurs féminines. Pour les femmes, beauté, esprit et élégance sont, le plus souvent, évoqués dans les louanges.


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