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50 ans de carrière, 50 ans de lutte
Concert-événement de Lounis Aït Menguellet
Publié dans Le Midi Libre le 08 - 03 - 2017

Lounis Aït Menguellet, géant de la chanson kabyle, sera en représentation à Alger le 24 mars à l'occasion de ses 50 ans de carrière.
Lounis Aït Menguellet, géant de la chanson kabyle, sera en représentation à Alger le 24 mars à l'occasion de ses 50 ans de carrière.
Organisé par l'Office national des droits d'auteurs et des droits voisins (ONDA), le concert se tiendra au niveau de la Coupole du complexe olympique Mohamed-Boudiaf (Dély Brahim), le 24 mars 2017 à 18 heures. Dans l'entourage du « barde », on évoque même une soirée historique.
Lounis Aït Menguellet reprendra, en effet, ses plus fameux tubes, parmi lesquels Louiza et Ma Trud ou encore Thelt Yam, et quelques-unes de ses nouvelles chansons comme Isefra. Le chantre de la chanson kabyle a confié que cses 50 ans de chansons étaient passés trop vite ! Au public qui le suit inlassablement depuis tant d'années, Aït Menguellet adresse ses remerciements : « C'est grâce au public que j'ai tenu aussi longtemps », dit-il de sa voix toujours humble qui le caractérise.
« Cette rencontre pourrait être différente de toutes les autres : c'est l'occasion de revivre ensemble toutes ses années », at- il encore confié. « On passera un moment de fête et nous en sortirons avec de l'espoir » ! Ce concert à la Coupole après celui qu'il donné au Zénith ne sera, cependant, pas le dernier. Le « poète du siècle », comme le surnommait Kateb Yacine, retrouvera son immense public à l'occasion d'autres belles rencontres...
Le ciseleur du verbe kabyle a toujours soutenu qu'un chanteur ne peut produire une oeuvre nouvelle tant qu'il n'avait rien à dire. Aït Menguellet a dû, donc, attendre cinq années avant de pouvoir renouer avec sa muse en 2010. Et ça a donné le titre du nouvel album de sept chansons
«Tawriqt tacebhant». Aït Menguellet veut-il peut-être tourner la page ? C'est l'angoisse de dire la vie, de dire la propension à la transcendance pour aller vers le divin, la peur de ne pouvoir s'abreuver à la source de la parole première. On entendra le poète du reste s'écrier : « Je me suis réveillé de bonheur/ avec la volonté ferme d'écrire/La feuille vierge m'attendait/ Que vais-je lui raconter/Je redoutais de m'y mettre/
Et que la raison vienne à me manquer/Peutêtre pense-t-elle à un arbre/Pour qu'elle puisse s'y adosser/La feuille blanche reste figée/L'encre se refusant à la noircir ». La feuille blanche s'oppose à la feuille noire, noircie par l'encre mais aussi par la vie et ses vicissitudes. Comment vivre sur l'effacement des souvenirs, des sensations, des événements, dont la feuille blanche demeure le parfait miroir ?
La relation charnelle qui lie le poète à « Tawriqt » imaginée comme femme fantomatique, pubère et rétive à recevoir la semence, ici l'encre, régénérateur de la vie, mais aussi prête, quoique hésitante à se livrer à l'acte fécondateur du stylo, ici, métaphore du travail phallique. La frigidité de la feuille blanche établit une relation métonymique avec le corps du poète.
La feuille lui transmet la frigidité qui paralyse ses membres et il se sent plus que jamais menacé par la stérilité. Le voici dans le désarroi, dans une évolution labyrinthique. Et pourtant le poète s'en sort au moment où il croit que tout est perdu :
« J'allais sortir, résigné/La raison continuait de me tourner le dos /Je me retournai, pourtant/Pour scruter la feuille blanche/J'y ai trouvé accouchés les mots/De tout ce que je venais de décrire/Telles des hirondelles/Sur un fil perchées/La feuille blanche est chargée/Noircie par l'encre. »
Ainsi, le poète sort de l'impasse où il moisissait et avait risqué sa « peau ». La résurrection se fait pour ainsi dire dans une peau neuve. Lounis, le père, ne craint-il pas l'innovation qu'introduit dans son oeuvre son fils Djaffar ? C'est une appréhension qui a plutôt trouvé une issue heureuse et féconde.
Le poète continue l'oeuvre au travers de celle de son enfant et ce dernier continue d'une certaine façon celle de son père au travers de la sienne propre. La feuille blanche est en même temps effacement du passé et anticipation sur l'avenir.
Elle est peut-être l'incarnation matérielle du laps de temps qui sépare deux instants d'expression et de création. Mais aussi deux générations. Aït Menguellet est-il sûr de travailler encore pour la culture berbère, ne s'écarte- t-il pas de l'humus des origines ? Il avait débuté sa carrière avec le souci constant de la sobriété instrumentale, ne tolérant dans son « orchestre » qu'un nombre réduit d'instruments pour jouer ses morceaux, et ce n'est que sur le tard, qu'il envisage la possibilité de composer des chansons plus « sonorisées ».
N'empêche, on peut toujours s'évertuer à trouver des subdivisions à la carrière artistique de Lounis. Les uns trouveront qu'elle est composée de deux phases, celle des débuts consacrée à la chanson d'amour, et celle qui a marqué son engagement politique en faveur de la culture berbère.
Les autres la diviseront entre la période d'avant-Djaffar et celle d'après, mais si ces subdivisions peuvent en réalité aider sur le plan de la pédagogie à faire l'approche d'une oeuvre, elle ne saurait par contre complètement l'épuiser.
«Je récolte dans Isefra ce que j'ai semé dans Tiregwa»
Da Lounis a rétorqué à maintes fois qu'il ne lui était jamais venu à l'esprit d'avoir la prétention de dire aux autres ce qu'ils doivent faire. « Je ne fais que de l'observation. Elle peut être juste ou fausse. Mes mots ne sont pas des vérités éternelles. Mais quand je les dis, ça me fait du bien ». À une question relative au rapport qui pourrait exister entre le tout nouvel album Isefra et Tiregwa, sorti en 2010, il répond :
« Oui, il y a une forte ressemblance entre les deux albums, car il s'agit, en fait, d'une continuité ». Et d'ajouter : « Je récolte dans Isefra ce que j'ai semé dans Tiregwa ». Par ailleurs, cette longue période de quatre années pour éditer son album, alors qu'il avait habitué ses fans à un album par an, a été l'objet d'une autre question des journalistes. Pour toute réponse, l'enfant d'Ighil Bouamas a indiqué que « seule l'inspiration peut décider du moment d'écrire (...) Si je pouvais sortir un album tous les 6 mois, j'en serai ravi ».
Pour Lounis, « l'inspiration n'attend pas les événements », et de trancher en assénant : « La plupart de mes chansons sont intemporelles ». Une façon de dire, probablement, que lorsqu'il n'a rien à dire, il préfère se taire... Inad Umghar, c'est le titre de l'opus sorti en 2005, peut renvoyer à une autre phase, celle de la désillusion pas rapport aux siens, surtout, par rapport au nouveau pouvoir qui émerge dans la mouvance de la militance berbère. Lounis Aït Menguellet est resté tout de même toujours égal à lui-même.
Il vit toujours dans son village haut perché d'Ighil Bouamas car il estime que « la vie au village n'est pas aussi ennuyeuse qu'on le pense ». Se réveiller dans l'endroit qui nous a vus naître, ça fait toujours quelque chose, aimait-il à dire. Pour Aït Menguellet, la possibilité d'écrire sur la feuille blanche, de continuer à vivre tout simplement, est à coup sûr inséparable de l'espace natal.
L'écrivain rend hommage au poète
Dans un éditorial signé Yasmina Khadra, écrivain, vous trouvez des mots émouvants regroupant la sensibilité d'un poète hors normes. « Si je devais mettre une figure sur l'Algérie de nos prières, je m'inspirerais de celle de Lounis Aït Menguellet : la figure de l'enfant du pays. Tout, chez cet artiste emblématique, m'apaise et me réconforte dans mon algérianité.
Son charisme droit sorti de la sagesse ancestrale, sa hauteur étincelante de neiges djurdjuriennes, son amour indéfectible pour les siens font de son chant une rédemption. Je crois avoir adhéré à cet homme avant même de le rencontrer. Je ne comprenais pas ses paroles, mais je me reconnaissais dans ses chansons, et sa voix de chantre tranquille m'insufflait un sentiment de plénitude comme lorsque le vent du désert balaie mes angoisses », dira Khadra de Aït Menguellet.
Ainsi comme toute personne ayant une fois dans sa vie écouté les chansons d'Aït Menguellet, Yasmina Khadra s'y inspire en continuant une description magique voire féerique du grand poète : « Lounis Aït Menguellet est un havre de paix, une oasis féerique qui transcende, à elle seule, ces espaces mortifères que sont devenus nos silences tandis que nos rêves menacent de s'effilocher au gré des désillusions. Il sait dire ce que nous taisons par crainte d'être entendus :
notre fierté égratignée, nos joies chahutées, nos aspirations laminées. Plus qu'un barde, Lounis est ce refus viscéral de céder devant l'adversité, l'impératif devoir de renouer avec la beauté au coeur même des laideurs abyssales qui ont failli nous défigurer. Lorsqu'il chante, Lounis, les aigreurs retiennent leur souffle car, d'un coup, nous sommes en phase avec ce que nous croyons avoir perdu de vue, à savoir le goût de la fête. »
Organisé par l'Office national des droits d'auteurs et des droits voisins (ONDA), le concert se tiendra au niveau de la Coupole du complexe olympique Mohamed-Boudiaf (Dély Brahim), le 24 mars 2017 à 18 heures. Dans l'entourage du « barde », on évoque même une soirée historique.
Lounis Aït Menguellet reprendra, en effet, ses plus fameux tubes, parmi lesquels Louiza et Ma Trud ou encore Thelt Yam, et quelques-unes de ses nouvelles chansons comme Isefra. Le chantre de la chanson kabyle a confié que cses 50 ans de chansons étaient passés trop vite ! Au public qui le suit inlassablement depuis tant d'années, Aït Menguellet adresse ses remerciements : « C'est grâce au public que j'ai tenu aussi longtemps », dit-il de sa voix toujours humble qui le caractérise.
« Cette rencontre pourrait être différente de toutes les autres : c'est l'occasion de revivre ensemble toutes ses années », at- il encore confié. « On passera un moment de fête et nous en sortirons avec de l'espoir » ! Ce concert à la Coupole après celui qu'il donné au Zénith ne sera, cependant, pas le dernier. Le « poète du siècle », comme le surnommait Kateb Yacine, retrouvera son immense public à l'occasion d'autres belles rencontres...
Le ciseleur du verbe kabyle a toujours soutenu qu'un chanteur ne peut produire une oeuvre nouvelle tant qu'il n'avait rien à dire. Aït Menguellet a dû, donc, attendre cinq années avant de pouvoir renouer avec sa muse en 2010. Et ça a donné le titre du nouvel album de sept chansons
«Tawriqt tacebhant». Aït Menguellet veut-il peut-être tourner la page ? C'est l'angoisse de dire la vie, de dire la propension à la transcendance pour aller vers le divin, la peur de ne pouvoir s'abreuver à la source de la parole première. On entendra le poète du reste s'écrier : « Je me suis réveillé de bonheur/ avec la volonté ferme d'écrire/La feuille vierge m'attendait/ Que vais-je lui raconter/Je redoutais de m'y mettre/
Et que la raison vienne à me manquer/Peutêtre pense-t-elle à un arbre/Pour qu'elle puisse s'y adosser/La feuille blanche reste figée/L'encre se refusant à la noircir ». La feuille blanche s'oppose à la feuille noire, noircie par l'encre mais aussi par la vie et ses vicissitudes. Comment vivre sur l'effacement des souvenirs, des sensations, des événements, dont la feuille blanche demeure le parfait miroir ?
La relation charnelle qui lie le poète à « Tawriqt » imaginée comme femme fantomatique, pubère et rétive à recevoir la semence, ici l'encre, régénérateur de la vie, mais aussi prête, quoique hésitante à se livrer à l'acte fécondateur du stylo, ici, métaphore du travail phallique. La frigidité de la feuille blanche établit une relation métonymique avec le corps du poète.
La feuille lui transmet la frigidité qui paralyse ses membres et il se sent plus que jamais menacé par la stérilité. Le voici dans le désarroi, dans une évolution labyrinthique. Et pourtant le poète s'en sort au moment où il croit que tout est perdu :
« J'allais sortir, résigné/La raison continuait de me tourner le dos /Je me retournai, pourtant/Pour scruter la feuille blanche/J'y ai trouvé accouchés les mots/De tout ce que je venais de décrire/Telles des hirondelles/Sur un fil perchées/La feuille blanche est chargée/Noircie par l'encre. »
Ainsi, le poète sort de l'impasse où il moisissait et avait risqué sa « peau ». La résurrection se fait pour ainsi dire dans une peau neuve. Lounis, le père, ne craint-il pas l'innovation qu'introduit dans son oeuvre son fils Djaffar ? C'est une appréhension qui a plutôt trouvé une issue heureuse et féconde.
Le poète continue l'oeuvre au travers de celle de son enfant et ce dernier continue d'une certaine façon celle de son père au travers de la sienne propre. La feuille blanche est en même temps effacement du passé et anticipation sur l'avenir.
Elle est peut-être l'incarnation matérielle du laps de temps qui sépare deux instants d'expression et de création. Mais aussi deux générations. Aït Menguellet est-il sûr de travailler encore pour la culture berbère, ne s'écarte- t-il pas de l'humus des origines ? Il avait débuté sa carrière avec le souci constant de la sobriété instrumentale, ne tolérant dans son « orchestre » qu'un nombre réduit d'instruments pour jouer ses morceaux, et ce n'est que sur le tard, qu'il envisage la possibilité de composer des chansons plus « sonorisées ».
N'empêche, on peut toujours s'évertuer à trouver des subdivisions à la carrière artistique de Lounis. Les uns trouveront qu'elle est composée de deux phases, celle des débuts consacrée à la chanson d'amour, et celle qui a marqué son engagement politique en faveur de la culture berbère.
Les autres la diviseront entre la période d'avant-Djaffar et celle d'après, mais si ces subdivisions peuvent en réalité aider sur le plan de la pédagogie à faire l'approche d'une oeuvre, elle ne saurait par contre complètement l'épuiser.
«Je récolte dans Isefra ce que j'ai semé dans Tiregwa»
Da Lounis a rétorqué à maintes fois qu'il ne lui était jamais venu à l'esprit d'avoir la prétention de dire aux autres ce qu'ils doivent faire. « Je ne fais que de l'observation. Elle peut être juste ou fausse. Mes mots ne sont pas des vérités éternelles. Mais quand je les dis, ça me fait du bien ». À une question relative au rapport qui pourrait exister entre le tout nouvel album Isefra et Tiregwa, sorti en 2010, il répond :
« Oui, il y a une forte ressemblance entre les deux albums, car il s'agit, en fait, d'une continuité ». Et d'ajouter : « Je récolte dans Isefra ce que j'ai semé dans Tiregwa ». Par ailleurs, cette longue période de quatre années pour éditer son album, alors qu'il avait habitué ses fans à un album par an, a été l'objet d'une autre question des journalistes. Pour toute réponse, l'enfant d'Ighil Bouamas a indiqué que « seule l'inspiration peut décider du moment d'écrire (...) Si je pouvais sortir un album tous les 6 mois, j'en serai ravi ».
Pour Lounis, « l'inspiration n'attend pas les événements », et de trancher en assénant : « La plupart de mes chansons sont intemporelles ». Une façon de dire, probablement, que lorsqu'il n'a rien à dire, il préfère se taire... Inad Umghar, c'est le titre de l'opus sorti en 2005, peut renvoyer à une autre phase, celle de la désillusion pas rapport aux siens, surtout, par rapport au nouveau pouvoir qui émerge dans la mouvance de la militance berbère. Lounis Aït Menguellet est resté tout de même toujours égal à lui-même.
Il vit toujours dans son village haut perché d'Ighil Bouamas car il estime que « la vie au village n'est pas aussi ennuyeuse qu'on le pense ». Se réveiller dans l'endroit qui nous a vus naître, ça fait toujours quelque chose, aimait-il à dire. Pour Aït Menguellet, la possibilité d'écrire sur la feuille blanche, de continuer à vivre tout simplement, est à coup sûr inséparable de l'espace natal.
L'écrivain rend hommage au poète
Dans un éditorial signé Yasmina Khadra, écrivain, vous trouvez des mots émouvants regroupant la sensibilité d'un poète hors normes. « Si je devais mettre une figure sur l'Algérie de nos prières, je m'inspirerais de celle de Lounis Aït Menguellet : la figure de l'enfant du pays. Tout, chez cet artiste emblématique, m'apaise et me réconforte dans mon algérianité.
Son charisme droit sorti de la sagesse ancestrale, sa hauteur étincelante de neiges djurdjuriennes, son amour indéfectible pour les siens font de son chant une rédemption. Je crois avoir adhéré à cet homme avant même de le rencontrer. Je ne comprenais pas ses paroles, mais je me reconnaissais dans ses chansons, et sa voix de chantre tranquille m'insufflait un sentiment de plénitude comme lorsque le vent du désert balaie mes angoisses », dira Khadra de Aït Menguellet.
Ainsi comme toute personne ayant une fois dans sa vie écouté les chansons d'Aït Menguellet, Yasmina Khadra s'y inspire en continuant une description magique voire féerique du grand poète : « Lounis Aït Menguellet est un havre de paix, une oasis féerique qui transcende, à elle seule, ces espaces mortifères que sont devenus nos silences tandis que nos rêves menacent de s'effilocher au gré des désillusions. Il sait dire ce que nous taisons par crainte d'être entendus :
notre fierté égratignée, nos joies chahutées, nos aspirations laminées. Plus qu'un barde, Lounis est ce refus viscéral de céder devant l'adversité, l'impératif devoir de renouer avec la beauté au coeur même des laideurs abyssales qui ont failli nous défigurer. Lorsqu'il chante, Lounis, les aigreurs retiennent leur souffle car, d'un coup, nous sommes en phase avec ce que nous croyons avoir perdu de vue, à savoir le goût de la fête. »


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